Le second mandat de Barack Obama se décline comme une lune lasse de sa course nocturne. Bientôt, le nom du premier Président noir de l’histoire des Etats-Unis va se retrouver au Musée symbolique des anciens locataires de la Maison-Blanche dont George Washington est sans doute le patriarche.
Prenant la place de George Bush, l’un des chefs d’Etat américains les plus controversés et les plus impopulaires à l’échelle nationale et internationale, Barack Obama a suscité l’euphorie et l’espoir auprès de ses congénères : les Africains et les Afro-Américains.
Certes, Monsieur Obama n’est ni élu par ni pour les Africains, mais ceux-ci ne pouvaient manquer de porter espoir sur un homme dont le père est d’origine africaine.
Sur le plan symbolique, le Président Obama aura remporté la palme d’or. En effet, il aura été le premier Chef d’Etat américain à tenir un discours à Addis-Abeba devant l’Union africaine. En outre, il est le premier Président américain à effectuer au moins quatre voyages en Afrique subsaharienne. A cet égard, les esprits retiendront longtemps sa visite à Accra où il a fait miroiter beaucoup de possibilités aux Africains. Enfin, son discours tenu à l’Université du Caire retentit encore. C’est dans ce discours où il a appelé à l’apaisement entre les peuples du Proche-Orient et du Moyen-Orient, et qui lui valu le Prix Nobel de la Paix tant contesté en 2009. Par humilité, il confessera, à la réception du prix, que d’autres personnalités le mériteraient plus.
Sur le plan économique, malgré des efforts ça et là, le bilan du premier Président noir demeure critique. C’est ce qui pousse Abou Bakr Moreau (enseignant d’études américaine à la faculté des Lettres de Dakar) à dire que « Envers l’Afrique, rien n’a changé sous l’Administration Obama ». Obama aurait fait moins que ses prédécesseurs, car il a réorienté les priorités stratégiques de son pays vers l’Asie. Sur l’aide au développement, ‘cela peut surprendre certains, mais l’Administration Bush a été nettement plus généreuse’ envers les Africains, renchérit l’enseignant du département d’anglais de l’UCAD.
Son programme de promotion de la jeunesse africaine à travers le « Young African Leaders Initiative » (YALI) apparaît comme la seule éclaircie dans la grisaille de la politique de Barack Obama envers le continent de son père. Le YALI est une opportunité pour les jeunes africains à découvrir l’Amérique et d’épouser davantage les idéaux de la démocratie et du développement durable.
Si le bilan du Président Obama par rapport aux africains suscite des controverses, les spécialistes semblent d’accord sur les espoirs déçus du premier Président noir des USA par rapport aux Afro-Américains.
Certes, dans sa campagne, Obama ne s’est jamais présenté comme le candidat des Noirs, mais force est de reconnaître que ceux-ci l’ont pris pour leur candidat. Les statistiques démontrent que la plupart des Afro-Américains ont voté pour le candidat Obama. Tous s’attendaient à l’amélioration de leurs conditions de vie sur le plan social et économique.
Sur le plan sécuritaire, la condition des Afro-Américains n’a pas changé. En effet, les Noirs continuent de subir les bavures de policiers blancs. En février 2012, Trayvon Martin est tué par un Latino-Américain. En juillet 2014, Eric Garner, un Noir âgé de 43 ans, mourut étouffé par des policiers new-yorkais. Il était asthmatique, et c’est sa célèbre phrase « Je ne peux respirer » a suscité l’indignation et la révolte de plusieurs jeunes noirs. La mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans, le 09 août 2014, à Ferguson dans le Missouri a exacerbé le sentiment de colère des jeunes noirs et de l’opinion publique américaine. Il s’en est suivi des vagues de manifestations et de protestations de jeunes très remontés contre le silence de l’Administration Obama. A la surprise générale, le Président Obama se contente de faire une déclaration condamnant les manifestants réclamant la justice. Il qualifie leurs « actes de criminels » (le Monde diplomatique). Obama ne se rendra pas sur les lieux pour calmer la colère des jeunes.
Sur le plan économique, les indicateurs montrent que les Afro-Américains sont les plus touchés par le chômage. En 2014, 11,4% Noirs étaient sans emploi contre 5,4% chez les Blancs. En 2012, les chiffres révèlent que les revenus des Blancs étaient de 57 009 contre 33 321 chez les Noirs américains.
Sur le plan social, les Noirs n’arrivent pas à s’intégrer carrément. Les études du sociologue Robert J. Sampson révèlent que la stratification raciale à l’échelle des Etats-Unis est profondément stable. Cette situation a creusé davantage le fossé qui sépare Noir et Blanc. Ainsi, la plupart des Américains blancs déclarent n’avoir aucun ami noir, ajoute le sociologue dans le Monde diplomatique. A cela s’ajoute la régression de mixité scolaire selon des études menées à Boston. En 2010, sous Obama, 74% des jeunes noirs fréquentaient des écoles majoritairement noires alors qu’en 1980 il n’y avait que 62% des Noirs qui fréquentaient ce type d’école. Ce sont ces raisons qui font dire à l’historien Pape Ndiaye que « Sous Obama la situation des Noirs ne s’est pas améliorée ».
En définitive, le premier Président noir des Etats-Unis aura déçu l’essentiel de ses congénères qu’ils soient africains ou afro-américains. L’Afrique demeure à la périphérie car n’ayant pas encore obtenu un droit de veto au sein de l’ONU ; les Noirs américains se cherchent encore.
Barack Obama quitte la Maison-Blanche en laissant derrière lui un monde sans réelle perspective de paix : la question syrienne, le terrorisme, le spectre d’une Troisième Guerre mondiale plane encore.
Abdoulaye Seydi, Doctorant en Littérature africaine à la Section de Français à l’UGB.
Prenant la place de George Bush, l’un des chefs d’Etat américains les plus controversés et les plus impopulaires à l’échelle nationale et internationale, Barack Obama a suscité l’euphorie et l’espoir auprès de ses congénères : les Africains et les Afro-Américains.
Certes, Monsieur Obama n’est ni élu par ni pour les Africains, mais ceux-ci ne pouvaient manquer de porter espoir sur un homme dont le père est d’origine africaine.
Sur le plan symbolique, le Président Obama aura remporté la palme d’or. En effet, il aura été le premier Chef d’Etat américain à tenir un discours à Addis-Abeba devant l’Union africaine. En outre, il est le premier Président américain à effectuer au moins quatre voyages en Afrique subsaharienne. A cet égard, les esprits retiendront longtemps sa visite à Accra où il a fait miroiter beaucoup de possibilités aux Africains. Enfin, son discours tenu à l’Université du Caire retentit encore. C’est dans ce discours où il a appelé à l’apaisement entre les peuples du Proche-Orient et du Moyen-Orient, et qui lui valu le Prix Nobel de la Paix tant contesté en 2009. Par humilité, il confessera, à la réception du prix, que d’autres personnalités le mériteraient plus.
Sur le plan économique, malgré des efforts ça et là, le bilan du premier Président noir demeure critique. C’est ce qui pousse Abou Bakr Moreau (enseignant d’études américaine à la faculté des Lettres de Dakar) à dire que « Envers l’Afrique, rien n’a changé sous l’Administration Obama ». Obama aurait fait moins que ses prédécesseurs, car il a réorienté les priorités stratégiques de son pays vers l’Asie. Sur l’aide au développement, ‘cela peut surprendre certains, mais l’Administration Bush a été nettement plus généreuse’ envers les Africains, renchérit l’enseignant du département d’anglais de l’UCAD.
Son programme de promotion de la jeunesse africaine à travers le « Young African Leaders Initiative » (YALI) apparaît comme la seule éclaircie dans la grisaille de la politique de Barack Obama envers le continent de son père. Le YALI est une opportunité pour les jeunes africains à découvrir l’Amérique et d’épouser davantage les idéaux de la démocratie et du développement durable.
Si le bilan du Président Obama par rapport aux africains suscite des controverses, les spécialistes semblent d’accord sur les espoirs déçus du premier Président noir des USA par rapport aux Afro-Américains.
Certes, dans sa campagne, Obama ne s’est jamais présenté comme le candidat des Noirs, mais force est de reconnaître que ceux-ci l’ont pris pour leur candidat. Les statistiques démontrent que la plupart des Afro-Américains ont voté pour le candidat Obama. Tous s’attendaient à l’amélioration de leurs conditions de vie sur le plan social et économique.
Sur le plan sécuritaire, la condition des Afro-Américains n’a pas changé. En effet, les Noirs continuent de subir les bavures de policiers blancs. En février 2012, Trayvon Martin est tué par un Latino-Américain. En juillet 2014, Eric Garner, un Noir âgé de 43 ans, mourut étouffé par des policiers new-yorkais. Il était asthmatique, et c’est sa célèbre phrase « Je ne peux respirer » a suscité l’indignation et la révolte de plusieurs jeunes noirs. La mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans, le 09 août 2014, à Ferguson dans le Missouri a exacerbé le sentiment de colère des jeunes noirs et de l’opinion publique américaine. Il s’en est suivi des vagues de manifestations et de protestations de jeunes très remontés contre le silence de l’Administration Obama. A la surprise générale, le Président Obama se contente de faire une déclaration condamnant les manifestants réclamant la justice. Il qualifie leurs « actes de criminels » (le Monde diplomatique). Obama ne se rendra pas sur les lieux pour calmer la colère des jeunes.
Sur le plan économique, les indicateurs montrent que les Afro-Américains sont les plus touchés par le chômage. En 2014, 11,4% Noirs étaient sans emploi contre 5,4% chez les Blancs. En 2012, les chiffres révèlent que les revenus des Blancs étaient de 57 009 contre 33 321 chez les Noirs américains.
Sur le plan social, les Noirs n’arrivent pas à s’intégrer carrément. Les études du sociologue Robert J. Sampson révèlent que la stratification raciale à l’échelle des Etats-Unis est profondément stable. Cette situation a creusé davantage le fossé qui sépare Noir et Blanc. Ainsi, la plupart des Américains blancs déclarent n’avoir aucun ami noir, ajoute le sociologue dans le Monde diplomatique. A cela s’ajoute la régression de mixité scolaire selon des études menées à Boston. En 2010, sous Obama, 74% des jeunes noirs fréquentaient des écoles majoritairement noires alors qu’en 1980 il n’y avait que 62% des Noirs qui fréquentaient ce type d’école. Ce sont ces raisons qui font dire à l’historien Pape Ndiaye que « Sous Obama la situation des Noirs ne s’est pas améliorée ».
En définitive, le premier Président noir des Etats-Unis aura déçu l’essentiel de ses congénères qu’ils soient africains ou afro-américains. L’Afrique demeure à la périphérie car n’ayant pas encore obtenu un droit de veto au sein de l’ONU ; les Noirs américains se cherchent encore.
Barack Obama quitte la Maison-Blanche en laissant derrière lui un monde sans réelle perspective de paix : la question syrienne, le terrorisme, le spectre d’une Troisième Guerre mondiale plane encore.
Abdoulaye Seydi, Doctorant en Littérature africaine à la Section de Français à l’UGB.