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« Atlantique », de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, reçoit le Grand Prix du Festival de Cannes

Samedi 25 Mai 2019

Le long métrage de la réalisatrice Mati Diop s'est vu décerner le Grand Prix du Festival de Cannes, samedi, lors de la soirée du clôture. Un couronnement pour la Franco-Sénégalaise de 36 ans, dont le film « Atlantique » navigue entre histoire d'exil et de fantômes.


La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop recevait le grand prix du Festival de Cannes 2019 des mains de l'acteur Sylvester Stallone. © REUTERS/Stephane Mahe
La réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop recevait le grand prix du Festival de Cannes 2019 des mains de l'acteur Sylvester Stallone. © REUTERS/Stephane Mahe
C’est l’acteur américain Sylvester Stallone qui a remis le Grand Prix à la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop, samedi soir, lors de la soirée du clôture de la 72e édition du Festival de Cannes.

« J’en reviens pas », « c’est un peu fou ce que vous avez fait », a réagi la réalisatrice de 36 ans. « Je suis ici avec vous et en même temps là-bas », à Dakar, a ajouté la jeune femme.

Mati Diop, 36 ans, s’est vu décerner ce prix pour le film Atlantique, qui conte le parcours d’un jeune Sénégalais candidat à l’émigration. Fille du musicien Wassis Diop et nièce du réalisateur culte Djibril Diop Mambety, elle avait déjà été révélée par un moyen-métrage (Mille Soleils) et un court-métrage (Atlantiques, avec un s), tous deux très remarqués par la critique.

Dans Atlantique, premier film sénégalais en compétition à Cannes depuis Hyènes de son oncle il y a 27 ans, cette ancienne étudiante en arts plastiques prolonge son court métrage Atlantiques, tourné à Dakar il y a dix ans, qui racontait la traversée en mer d’un jeune migrant depuis les côtes sénégalaises.

Réalités complexes

« J’ai passé du temps à Dakar à ce moment là, et je me suis pris en pleine face les réalités complexes et sensibles du phénomène qu’on appelait à l’époque l’émigration clandestine », a-t-elle raconté à l’Agence France Presse, avant de se voir décerner le grand prix du Festival.

« Une fois ce film monté, terminé, j’ai senti que j’avais encore énormément de dimensions, de choses à explorer. (…) J’ai eu l’envie et l’idée de raconter la disparition d’une certaine jeunesse en mer de cette époque là, à travers le point de vue d’une jeune fille ».


Cette héroïne dont elle raconte l’histoire, c’est Ada (Mama Sané), dans une banlieue populaire de Dakar, amoureuse de Souleiman (Ibrahima Traoré), ouvrier sur un chantier et sans salaire depuis des mois. Le jour où Souleiman décide de quitter le pays par la mer pour chercher un avenir meilleur en Europe, la vie d’Ada bascule.

Plongée dans une attente angoissante, la jeune fille, qui doit épouser un autre homme, se retrouve au bout de quelques jours au coeur de phénomènes étranges : un incendie a lieu pendant sa fête de mariage et des fièvres inexpliquées frappent les filles du quartier, tandis que certains affirment avoir vu Souleiman.


Un écho à Y en a marre

Histoire d’exil et de fantômes à l’esthétique soignée, teintée de fantastique et de poésie et portée par une musique sombre, Atlantique est « un film sur la hantise, l’envoûtement et sur l’idée que les fantômes prennent naissance en nous », détaille la réalisatrice, admiratrice du cinéma onirique du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul.

Le film, dont les acteurs ont été trouvés par casting sauvage, parle aussi de la jeunesse sénégalaise, qui s’était soulevée en 2011-2012 avec le mouvement Y en a marre.

« J’ai eu envie que mon film porte ces deux dynamiques à la fois, que soit évoquée cette jeunesse disparue en mer mais aussi celle qui s’insurge, mais à travers le parcours d’une jeune femme » qui « s’éveille à une nouvelle dimension d’elle-même » et s’émancipe, souligne la réalisatrice.

Le palmarès complet

Palme d’or : Parasite de Bong Joon-ho

Grand prix : Atlantique de Mati Diop

Prix d’interprétation masculine : Antonio Banderas dans Douleur et Gloire

Prix du jury ex-æquo : Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles

Prix de la mise en scène : Le Jeune Ahmed de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Prix d’interprétation féminine : Emily Beecham dans Little Joe

Prix du scénario : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

Mention spéciale du jury : It Must Be Heaven d’Elia Suleiman

Caméra d’or : Nuestras madres de Cesar Diaz

Palme d’or du court-métrage : La distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos

Mention spéciale du court métrage : Monstruo Dios de Agustina San Martín



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