Le documentaire "Africa photo" du nom du célèbre studio du premier photographe Africain et Sénégalais installé à La Médina à Dakar, Mama Casset, retrace l’itinéraire d’un homme fasciné par l’image.
Le film de 52 minutes réalisé en 2014 par l’Italienne Elisa Mereghetti a été projeté, jeudi, au complexe cinématographique Ousmane Sembène du Magic land.
Le film de 52 minutes réalisé en 2014 par l’Italienne Elisa Mereghetti a été projeté, jeudi, au complexe cinématographique Ousmane Sembène du Magic land.
Il retrace l’itinéraire d’un homme fasciné par l’image jusqu’à en perdre la vue au soir de sa vie et "méthodique" jusqu’au bout des ongles comme en témoignent ses enfants.
La cinéaste ouvre l’album photo d’un homme né en 1908 à Saint-Louis du Sénégal et qui a appris la photographie auprès du Français Oscar Lataque à Dakar. Il est décédé en 1992.
A la fin de ses études primaires, il est embauché par Tennequin au Comptoir photographique de l’Afrique occidentale française (AOF) à Saint-Louis.
Il intègre ensuite l’armée de l’Air française pour laquelle il réalisera de nombreuses photographies aériennes. Ces images présentent le Sénégal de l’époque et particulièrement le vieux Dakar avec ses architectures coloniales, des scènes de vie.
Il y a surtout des portraits d’hommes, de femmes et d’enfants anonymes parés de leurs plus beaux habits et bijoux.
Pour l’ancien directeur général de l’UNESCO, Amadou Makhtar Mbow, neveu de l’artiste, "Mama Casset a été parmi les premiers Africains à pouvoir donner confiance aux Africains de se faire photographier".
Selon lui, "il a su donner aux Africains cette sensibilité africaine du comment représenter leur image".
Mais les clichés en noir et blanc, une couleur dont le photographe a été fidèle jusqu’au bout, ont permis de revisiter une esthétique de la mode aussi bien vestimentaire que celle de la coiffure du Sénégal portée par une bourgeoise urbaine comme rurale.
Car sur les photos de Mama Casset qui trônent dans presque toutes les maisons, comme s’en souvient sa fille Fatou Casset dans le film, les plus beaux habits, bijoux et coiffures y paraissent. Sa deuxième femme était sa muse.
"C’est un travail intéressant et important qui au-delà de restituer une mémoire visuelle d’un pays, mais en même temps fait une histoire des mentalités avec l’aspect vestimentaire, esthétique, comment s’habiller, les tenants de la mode, les objets qui faisaient l’esthétique de l’époque, etc.", analyse le professeur Maguèye Kassé, critique de cinéma.
Il voit à travers ces photographies, "notre richesse culturelle que nous pouvons valoriser pour les générations d’aujourd’hui et futur".
Ces héritiers professionnels aujourd’hui dans plusieurs disciplines artistiques comme familiaux réclament un musée pour exposer le patrimoine qui reste de ce précurseur et évalué par sa fille de plus de trois mille photographies.
En attendant le professeur Kassé propose "un colloque sur l’exégèse de la production de Mama Casset et d’en faire une photographie d’art".
Mais le film "Africa photo" n’a pas permis de lever une équivoque sur la confusion souvent faite entre Mama Casset et Salla Casset.
"Ce sont deux frères" qui ont partagé la même passion de la photographie, renseigne la famille.
APS
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