Exécution de Birame Kandé
Samedi dernier, 25 février (1899), il y a eu à Saint-Louis l’exécution du dénommé Birame-Kandé, condamné à la peine de mort par la Cour d’assises du Sénégal dans sa dernière session.
Birame-Kandé avait, le 31 mai 1894, à Podor, tué d’un coup de feu, avec préméditation et guet-apens, le gérant d’une maison de commerce de l’escale, Albert Palmade, dont il avait été le domestique et qui, mécontent depuis longtemps de ses services, l’avait congédié quelques jours auparavant.
Arrêté immédiatement après le crime, il comparaissait le 7 octobre suivant devant la Cour d’assises et y faisait preuve, ainsi qu’il n’avait d’ailleurs pas cessé de le faire au cours de l’instruction, du cynisme le plus révoltant.
Condamné à mort il comptait que sa peine serait commuée comme l’avait été, depuis de longues années, les peines capitales prononcées par la Cour d’assises du Sénégal et, en dernier lieu celle des assassins de Jeandet et de Rabnel. Mais l’indulgence même a des limites, et la clémence présidentielle ne devait pas s’étendre sur Biram-Kandé.
Samedi, dès 6 heure 30 du matin, les bois de justice étaient dressés sur la place de la Geôle entourée par une compagnie d’infanterie de marine et par un peloton de spahis. A 6 heures 45, Messieurs Kersaint-Gilly, Procureur de la République de Saint-Louis, Villeroy, Juge d’instruction, Minvielle, Greffier du Tribunal Civil, Moreau, Commissaire principal de police, pénétraient avec le régisseur de la prison dans la cellule du condamné qu’ils trouvaient éveillé, Monsieur le Procureur de la République lui apprenait le rejet de son pourvoi en cassation et de son recours en grâce et lui annonçait que l’heure de l’expiation avait sonnée pour lui. Biram-Kandé recevait cette nouvelle avec calme, et après un court entretien avec le Révérent Père Guérin, aumônier de la prison, il était remis aux exécuteurs qui procédaient rapidement à la dernière toilette.
A 6 heures 55 il franchissait le seuil de la prison, ayant à ses côtés le Révérent Père Guérin et, entouré d’agents de police, il marchait d’un pas ferme vers la guillotine distante de quarante mètres à peine. Quelques minutes plus tard, tout était terminé, Biram-Kandé avait payé sa dette à la société !
Une foule qu’on peut évaluer à un millier de personnes assistait à l’exécution qui a produit sur la population une impression profonde. Il est permis d’espérer que ce grand exemple ne sera pas inutile et qu’il rassurera les commerçants établis dans nos escales en inspirant une crainte salutaire aux misérables, heureusement assez rares, qui ne craignent pas de jouer avec la vie humaine pour satisfaire leurs pires instincts.
Journal de l’A.O.F. 2 mars 1899
Senegalmetis.com
Samedi dernier, 25 février (1899), il y a eu à Saint-Louis l’exécution du dénommé Birame-Kandé, condamné à la peine de mort par la Cour d’assises du Sénégal dans sa dernière session.
Birame-Kandé avait, le 31 mai 1894, à Podor, tué d’un coup de feu, avec préméditation et guet-apens, le gérant d’une maison de commerce de l’escale, Albert Palmade, dont il avait été le domestique et qui, mécontent depuis longtemps de ses services, l’avait congédié quelques jours auparavant.
Arrêté immédiatement après le crime, il comparaissait le 7 octobre suivant devant la Cour d’assises et y faisait preuve, ainsi qu’il n’avait d’ailleurs pas cessé de le faire au cours de l’instruction, du cynisme le plus révoltant.
Condamné à mort il comptait que sa peine serait commuée comme l’avait été, depuis de longues années, les peines capitales prononcées par la Cour d’assises du Sénégal et, en dernier lieu celle des assassins de Jeandet et de Rabnel. Mais l’indulgence même a des limites, et la clémence présidentielle ne devait pas s’étendre sur Biram-Kandé.
Samedi, dès 6 heure 30 du matin, les bois de justice étaient dressés sur la place de la Geôle entourée par une compagnie d’infanterie de marine et par un peloton de spahis. A 6 heures 45, Messieurs Kersaint-Gilly, Procureur de la République de Saint-Louis, Villeroy, Juge d’instruction, Minvielle, Greffier du Tribunal Civil, Moreau, Commissaire principal de police, pénétraient avec le régisseur de la prison dans la cellule du condamné qu’ils trouvaient éveillé, Monsieur le Procureur de la République lui apprenait le rejet de son pourvoi en cassation et de son recours en grâce et lui annonçait que l’heure de l’expiation avait sonnée pour lui. Biram-Kandé recevait cette nouvelle avec calme, et après un court entretien avec le Révérent Père Guérin, aumônier de la prison, il était remis aux exécuteurs qui procédaient rapidement à la dernière toilette.
A 6 heures 55 il franchissait le seuil de la prison, ayant à ses côtés le Révérent Père Guérin et, entouré d’agents de police, il marchait d’un pas ferme vers la guillotine distante de quarante mètres à peine. Quelques minutes plus tard, tout était terminé, Biram-Kandé avait payé sa dette à la société !
Une foule qu’on peut évaluer à un millier de personnes assistait à l’exécution qui a produit sur la population une impression profonde. Il est permis d’espérer que ce grand exemple ne sera pas inutile et qu’il rassurera les commerçants établis dans nos escales en inspirant une crainte salutaire aux misérables, heureusement assez rares, qui ne craignent pas de jouer avec la vie humaine pour satisfaire leurs pires instincts.
Journal de l’A.O.F. 2 mars 1899
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