Saint Louis, la ville qui l’a vu naitre dans les années 50, Aziz Boye a grandit au sain d’une grande famille sous la surveillance rigoureuse de sa tante paternelle. « A l’époque, les hommes n’avaient pas leurs mots à dire. C’était les femmes qui gouvernaient les foyers et éduquaient les enfants et ça c’était très efficace ».
Abdel Aziz Boye, a été initié au Coran dans la zawiya d’El Hadj Malick Sy. Au même moment, il allait à l’Ecole Brière de l'Isle, actuelle école Emile Sarr qui a formé d’illustres personnalités sénégalaises et africaines dont le deuxième Président de la République du Sénégal, Abdou Diouf. « A l’élémentaire, j’étais un crac et je lisais beaucoup. Mes rédactions étaient distribuées dans les autres classes pour servir d’exemples ».
La mission catholique pas loin de chez lui, a été d’un grand apport. Le jeune Boye s’y rendait pour lire des livres et revues sur le cinéma. En plus de cela, la mission avait des matériels de projection 16 mm qui lui permettaient déjà de voir les films de ‘’Charlo’’ et les Westerns Américains. Dans les années 60, les jeunes ne pouvaient pas se passer du cinéma. Cela faisait partie du programme de la journée ou de la semaine. « C’est dans cette mouvance que mes frères qui aimaient tous le cinéma, m’emmenaient voir des films. Il y a avait déjà à St Louis quatre ou cinq salles de cinéma et j’habitais tout près du cinéma Vox ».
Quand en 1976, après le secondaire, Abdel Aziz a décidé d’aller en France pour apprendre le cinéma, les moyens financiers pour un vol direct Dakar-Paris n’étaient pas au rendez-vous. Il était hanté de l’intérieur par cette envie de connaitre davantage le cinéma. Alors, la seule possibilité qui se présentait, était la voie terrestre. De St Louis, il passe alors par la Mauritanie, le Maroc la dernière étape pour passer en Europe. Ce n’était pas uniquement un chemin vers la connaissance académique du 7ème art, mais également une aventure pour découvrir d’autres cultures sur lesquelles allaient porter ses futures scenarii. Son séjour à Paris est plein de nostalgies, il le narre comme si les images défilaient devant ses yeux.
Le cinéma avec Ousmane William Mbaye à Paris…
A Paris, il intègre le Conservatoire libre du Cinéma français CLCF puis l’Université Paris VIII au département sociologie et psychologie. A la fin de ses études, il trouve fief au centre des travailleurs immigrés où, en collaboration avec la mairie de St Denis, il faisait des projections de films pour les occupants. Parallèlement, il apprenait aux immigrés qui ignoraient les basses de la langue de Molière, à lire et à écrire et surtout à entretenir une correspondance avec leurs parents en Afrique. « J’écrivais des lettres pour eux et ils faisaient une longue file pour passer ».
Ses meilleurs souvenirs en tant que cinéaste, c’est surtout ceux passés avec celui qu’il appelle son complice. « Willi sama gaynn la ». Ousmane William Mbaye est également passé par le conservatoire de cinéma libre français et l’Université Paris VIII. En 1992, William Mbaye a fait appelle à Aziz Boye en tant qu’assistant réalisateur pour son film Fresque Francophone. Un film dans lequel des artistes peintres sénégalais de cinq générations unissent leurs talents pour produire une œuvre dans le cadre de la francophonie. Film dans lequel l’un des pionniers du documentaire au Sénégal, Samba Félix Ndiaye, a participé comme producteur. Parlant de ce dernier, Aziz Boye est convaincu que les jeunes cinéastes ne connaissent pas la grandeur de l’homme. Un autre film de William Mbaye, Talatay Nder où Aziz Boye a aussi participé comme assistant réalisateur. Mais ce projet de film qui a valu à Aziz de revenir au Sénégal pour les besoin du tournage, n’a jamais vu le jour. Il a tout simplement avorté, victime de l’ajustement structurel. Abdel Aziz Boye, a aussi beaucoup collaboré avec le réalisateur Amadou Thior sur un scénario de Baba Diop dont le titre est Maël.
Le cinéma pour tous…Ciné banlieue, Ciné UCAD
A l’Ecole Supérieur Polytechnique (ESP), établissement qui fait partie intégrante de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Abdel Aziz Boye y est entré en tant que chargé de l’animation culturelle. C’était en 2002, quatre ans plus tôt, Aziz Boye venait tout juste de rentrer au bercail après 22 ans passé à Paris.
Toujours vêtu d’un gilet noir dont il ne se sépare jamais. Quelque soit l’accoutrement du jour, boubou traditionnel, chemise ou t-shirt, le gilet vient toujours en dernière position. Ce n’est pas un habit fétiche, mais le gilet style réalisateur américain des années 60, à poches multiples, lui permet d’avoir un accès rapide et sans effort à ses papiers cigarette rizla, le contenant de tabac et la boite d’allumettes. Le tout pour le plaisir d’inhaler de la fumée.« Le mal c’est de commencer » confesse t-il. Après deux heures de cours et de va et vient devant les étudiants en licence, on ne perçoit aucun signe de fatigue. Au contraire, M Boye très connu à l’université est tout le temps en mouvement.
Il a l’habitude de raconter à ses étudiants, ses premières expériences cinématographiques. « Je suis un fou passionné de cinéma. Moi, j’ai commencé dans le cinéma, j’avais sept ans. A St Louis du Sénégal où je suis né, nous faisions ce cinéma qu’on avait à l’époque avec le carton sur lequel on plaçait un tissu blanc derrière. On allumait une bougie et faisait bouger des images. Et le cinéma ne m’a jamais plus quitté ». L’ombre chinoise à sept ans. N’était-ce pas là le signe d’un homme qui aime partager ses expériences ? Pour qui veut savoir pourquoi M.Boye forme des jeunes sur le cinéma, sans contrepartie financière. La réponse dit il, « tout est une question d’éducation, de vécu et surtout de spiritualité ».
Depuis 2002, M. Boye a initié une structure appelée Ciné Ucad. C’est un cadre d’initiation à la cinématographie destiné aux étudiants de l’université de Dakar. En 2008 la structura avait formé une dizaine d’étudiants. La même année, il met également en place Ciné banlieue qui est un autre cadre d’initiation à la cinématographie destiné aux jeunes de la banlieue qui sont passionnés de cinéma. « Tout se passe d’une façon gratuite parce qu’aussi bien les étudiants, les jeunes de la banlieue n’ont pas les moyens qui puissent leur permettre de payer une formation en cinéma. Ciné banlieue a son siège aux Parcelles Assainies dans une maison que le cinéaste formateur a prise en location.
Pourtant M.Boye est porteur d’une dizaine de scenarii en ‘’stand by’’. Parmi lesquels, un scenario intitulé ‘’Labbé Bi’’ sur le dialogue islamo chrétien, qu’il tient beaucoup à réaliser « un jour peut être ».
Sa fierté, c’est quand des étudiants qu’il a formés comme Moly, Kady Diédhiou, Lopy et tant d’autres, obtiennent des prix aux rencontres internationales de cinéma.
Abdel Aziz Boye a servi un point repère à des jeunes qui en manquaient. Dans un monde en évolution où tout était chamboulé dans leur vie. Ils ont trouvé quelqu’un qui pouvait leur rassurer, une personne aussi importante qu’un phare dans la nuit.
Amadou Kagal Ndiaye pour Senciné
Abdel Aziz Boye, a été initié au Coran dans la zawiya d’El Hadj Malick Sy. Au même moment, il allait à l’Ecole Brière de l'Isle, actuelle école Emile Sarr qui a formé d’illustres personnalités sénégalaises et africaines dont le deuxième Président de la République du Sénégal, Abdou Diouf. « A l’élémentaire, j’étais un crac et je lisais beaucoup. Mes rédactions étaient distribuées dans les autres classes pour servir d’exemples ».
La mission catholique pas loin de chez lui, a été d’un grand apport. Le jeune Boye s’y rendait pour lire des livres et revues sur le cinéma. En plus de cela, la mission avait des matériels de projection 16 mm qui lui permettaient déjà de voir les films de ‘’Charlo’’ et les Westerns Américains. Dans les années 60, les jeunes ne pouvaient pas se passer du cinéma. Cela faisait partie du programme de la journée ou de la semaine. « C’est dans cette mouvance que mes frères qui aimaient tous le cinéma, m’emmenaient voir des films. Il y a avait déjà à St Louis quatre ou cinq salles de cinéma et j’habitais tout près du cinéma Vox ».
Quand en 1976, après le secondaire, Abdel Aziz a décidé d’aller en France pour apprendre le cinéma, les moyens financiers pour un vol direct Dakar-Paris n’étaient pas au rendez-vous. Il était hanté de l’intérieur par cette envie de connaitre davantage le cinéma. Alors, la seule possibilité qui se présentait, était la voie terrestre. De St Louis, il passe alors par la Mauritanie, le Maroc la dernière étape pour passer en Europe. Ce n’était pas uniquement un chemin vers la connaissance académique du 7ème art, mais également une aventure pour découvrir d’autres cultures sur lesquelles allaient porter ses futures scenarii. Son séjour à Paris est plein de nostalgies, il le narre comme si les images défilaient devant ses yeux.
Le cinéma avec Ousmane William Mbaye à Paris…
A Paris, il intègre le Conservatoire libre du Cinéma français CLCF puis l’Université Paris VIII au département sociologie et psychologie. A la fin de ses études, il trouve fief au centre des travailleurs immigrés où, en collaboration avec la mairie de St Denis, il faisait des projections de films pour les occupants. Parallèlement, il apprenait aux immigrés qui ignoraient les basses de la langue de Molière, à lire et à écrire et surtout à entretenir une correspondance avec leurs parents en Afrique. « J’écrivais des lettres pour eux et ils faisaient une longue file pour passer ».
Ses meilleurs souvenirs en tant que cinéaste, c’est surtout ceux passés avec celui qu’il appelle son complice. « Willi sama gaynn la ». Ousmane William Mbaye est également passé par le conservatoire de cinéma libre français et l’Université Paris VIII. En 1992, William Mbaye a fait appelle à Aziz Boye en tant qu’assistant réalisateur pour son film Fresque Francophone. Un film dans lequel des artistes peintres sénégalais de cinq générations unissent leurs talents pour produire une œuvre dans le cadre de la francophonie. Film dans lequel l’un des pionniers du documentaire au Sénégal, Samba Félix Ndiaye, a participé comme producteur. Parlant de ce dernier, Aziz Boye est convaincu que les jeunes cinéastes ne connaissent pas la grandeur de l’homme. Un autre film de William Mbaye, Talatay Nder où Aziz Boye a aussi participé comme assistant réalisateur. Mais ce projet de film qui a valu à Aziz de revenir au Sénégal pour les besoin du tournage, n’a jamais vu le jour. Il a tout simplement avorté, victime de l’ajustement structurel. Abdel Aziz Boye, a aussi beaucoup collaboré avec le réalisateur Amadou Thior sur un scénario de Baba Diop dont le titre est Maël.
Le cinéma pour tous…Ciné banlieue, Ciné UCAD
A l’Ecole Supérieur Polytechnique (ESP), établissement qui fait partie intégrante de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Abdel Aziz Boye y est entré en tant que chargé de l’animation culturelle. C’était en 2002, quatre ans plus tôt, Aziz Boye venait tout juste de rentrer au bercail après 22 ans passé à Paris.
Toujours vêtu d’un gilet noir dont il ne se sépare jamais. Quelque soit l’accoutrement du jour, boubou traditionnel, chemise ou t-shirt, le gilet vient toujours en dernière position. Ce n’est pas un habit fétiche, mais le gilet style réalisateur américain des années 60, à poches multiples, lui permet d’avoir un accès rapide et sans effort à ses papiers cigarette rizla, le contenant de tabac et la boite d’allumettes. Le tout pour le plaisir d’inhaler de la fumée.« Le mal c’est de commencer » confesse t-il. Après deux heures de cours et de va et vient devant les étudiants en licence, on ne perçoit aucun signe de fatigue. Au contraire, M Boye très connu à l’université est tout le temps en mouvement.
Il a l’habitude de raconter à ses étudiants, ses premières expériences cinématographiques. « Je suis un fou passionné de cinéma. Moi, j’ai commencé dans le cinéma, j’avais sept ans. A St Louis du Sénégal où je suis né, nous faisions ce cinéma qu’on avait à l’époque avec le carton sur lequel on plaçait un tissu blanc derrière. On allumait une bougie et faisait bouger des images. Et le cinéma ne m’a jamais plus quitté ». L’ombre chinoise à sept ans. N’était-ce pas là le signe d’un homme qui aime partager ses expériences ? Pour qui veut savoir pourquoi M.Boye forme des jeunes sur le cinéma, sans contrepartie financière. La réponse dit il, « tout est une question d’éducation, de vécu et surtout de spiritualité ».
Depuis 2002, M. Boye a initié une structure appelée Ciné Ucad. C’est un cadre d’initiation à la cinématographie destiné aux étudiants de l’université de Dakar. En 2008 la structura avait formé une dizaine d’étudiants. La même année, il met également en place Ciné banlieue qui est un autre cadre d’initiation à la cinématographie destiné aux jeunes de la banlieue qui sont passionnés de cinéma. « Tout se passe d’une façon gratuite parce qu’aussi bien les étudiants, les jeunes de la banlieue n’ont pas les moyens qui puissent leur permettre de payer une formation en cinéma. Ciné banlieue a son siège aux Parcelles Assainies dans une maison que le cinéaste formateur a prise en location.
Pourtant M.Boye est porteur d’une dizaine de scenarii en ‘’stand by’’. Parmi lesquels, un scenario intitulé ‘’Labbé Bi’’ sur le dialogue islamo chrétien, qu’il tient beaucoup à réaliser « un jour peut être ».
Sa fierté, c’est quand des étudiants qu’il a formés comme Moly, Kady Diédhiou, Lopy et tant d’autres, obtiennent des prix aux rencontres internationales de cinéma.
Abdel Aziz Boye a servi un point repère à des jeunes qui en manquaient. Dans un monde en évolution où tout était chamboulé dans leur vie. Ils ont trouvé quelqu’un qui pouvait leur rassurer, une personne aussi importante qu’un phare dans la nuit.
Amadou Kagal Ndiaye pour Senciné