Si le public avait d’abord tardé à entrer sur la Place Faidherbe, il a fallu peu de temps pour que les places soient combles. Pour ouvrir le festival, M. Golbert Diagne, directeur de Teranga FM, a pris le temps de remercier le ministre de la Culture et du Tourisme Youssou Ndour pour sa générosité envers Saint-Louis. Il a aussi souligné la présence de Charles Aznavour et de sa famille en leur souhaitant la bienvenue. Samba Diop, membre de la commission programmation, a pris la parole lui aussi pour remercier le maire de Saint-Louis, Cheikh Bamba Dièye.
Après ces mots du début, ce fut au tour du pianiste français René Urtreger de faire son entrée sur scène, qui s’est immédiatement installé au piano et n’a pas perdu de temps pour commencer à jouer. Il est reconnu entre autres pour avoir joué sur la trame sonore d’Ascenseur pour l’échafaud avec Miles Davis et accompagné en studio Lester Young. Aux côtés de René Urtreger, on retrouvait sur la scène Simon Goubert à la batterie et Yves Torchinsky à la contrebasse.
M. Urtreger est un pianiste complet. Au cours de la soirée, il a su manifester, et au bon moment, toute sa fougue ou sa légèreté. Il s’est amusé avec le public. En plus d’être un excellent musicien, il comprend très bien ce que c’est que d’être auditeur. Il connaît les attentes ainsi que les réactions du public, et il n’a pas hésité à s’en servir pour surprendre. Si parfois une joie naïve forçait le sourire, peu après, une douce mélancolie planait dans l'air.
Entre les pièces, la plupart des commentaires de M. Urtreger étaient teintés d’humour : ‘‘On va jouer des morceaux pour se faire plaisir, et pour vous faire plaisir si c’est possible’’, a-t-il dit. Et ce fut réussi. Doté d’une expérience étourdissante, ce qui frappe le plus chez lui est la profonde passion qu’il éprouve pour la musique. Lorsqu’il a un piano devant lui, il sait où il s’en va puisqu’il ne fait qu’un avec son instrument. M. Urtreger est le genre d’artistes qui donnent l’impression qu’après un concert, on les connaît, tant ils sont vrais dans leur jeu.
Le trio Urtreger-Goubert-Torchinsky a montré sa versatilité dans un répertoire bien diversifié, allant des standards qui ‘‘swinguent’’ au bebop de Charlie Parker, en passant par des compositions personnelles. Il n’y avait pas de quoi s’ennuyer, et il suffisait de balayer l'audience du regard pour le confirmer : il aurait été difficile de ne pas remarquer les têtes qui se balançaient au rythme des pincements de la contrebasse. Avec ce premier concert, la 20e édition du Festival de Jazz de Saint-Louis s’est amorcée en beauté, et les prochains jours s’annoncent des plus prometteurs.
Caroline Beauchamp (stagiaire)