Roberto Ciotti Quintet
C’est avec une guitare électrique entre les mains, un chapeau melon blanc accroché sur une guitare acoustique à côté de lui, que Roberto Ciotti a commencé le spectacle. Il a lancé le fameux ‘‘1, 2, 3, 4 !’’ de départ aux autres musiciens, et c’est parti. Le public a été accroché dès les premières notes, et la musique était accessible pour à peu près tous les types d’auditeurs. La prestation était davantage axée vers le rock-blues que vers le jazz.
Bien souvent, l’orgue et le ‘‘wawa’’ de la guitare se côtoyaient. On ne nageait pas dans les clichés du blues déprimé, au contraire, bien souvent, la musique ‘‘groovait’’ et donnait envie de taper du pied, comme le faisait le guitariste italien. Comme de fait, les gens, attentifs, bougeaient au son de la musique dans l'audience. C’était un bon spectacle qui pouvait rejoindre les personnes moins portés vers le jazz et où chacun pouvait y trouver son compte.
La Place Faidherbe a presque eu droit à une anthologie de la musique : reggae, funk, jazz et boogie et se sont succédés, et le groupe restant fidèle à ses goûts, le tout gardait toujours un son blues. Les musiciens étaient entraînants de par leur attitude sur scène. Ils bougeaient beaucoup et leur énergie était contagieuse. Ils aimaient être là, et ça se voyait. L’artiste italien a ravi la foule et la performance s’est close sur un dialogue entre les deux percussionnistes présents sur scène. Ce fut un concert très réussi.
Elisabeth Koutomanou
Elisabeth Koutomanou ne passe pas inaperçue. Elle est entrée sur scène, et dès que la musique est partie, elle s’est mise à bouger sur le rythme. Très féminine, elle aime danser, elle aime chanter, et elle est un spectacle en soi.
La chanteuse a prouvé qu’elle ne se laissait pas facilement intimider. Elle est maître sur une scène. Très sensible à l’énergie du public, si quelque chose ne la satisfait pas, elle trouve moyen d’y remédier : ‘‘Ça va tout le monde? Je ne vous sens pas vraiment!’’ a-t-elle lancé après sa première chanson. Pour transmettre son énergie au public, quoi de mieux que de lui faire partager son art : elle a invité la foule à chanter avec elle.
Visiblement très à l’aise en public, la Place Faidherbe a eu droit à une prestation rafraîchissante de cette artiste à la belle voix puissante et chaleureuse, digne d'une diva. Elle a su impressionner avec son grand registre vocal et elle a offert quelques démonstrations de scat. Alors que la dernière chanson se terminait, elle a soufflé des baisers à la foule accompagnés d’un ‘‘Je vous aime!’’ sous les chaleureux applaudissements du public.
Elisabeth Koutomanou est une artiste autodidacte qui s'est produite en France, le pays qui l'a vue naître, mais aussi un peu partout en Europe ainsi qu'aux États-Unis. Elle a été est nommée en 2006, meilleure artiste vocale aux Victoires de la Musique jazz.
Habib Faye Quintet
À peine entré sur scène, Habib Faye a eu droit à des applaudissements : il était chez lui et les gens d’ici l’aiment. Sa musique, un amalgame difficile à décrire, alliait chants africains aux instruments électronique servant la cause du rock, du blues, ou du jazz.
Certaines compositions se sont avérées calmes et efficaces. Au début du spectacle, les basses raisonnaient et faisaient vibrer l’auditoire, et les sonorités électroniques, parfois brumeuses, parfois cristallines, portaient à l’introspection et à l’écoute davantage qu’à la fête. C’était l’ambiance qui prédominait sur les démonstrations de virtuosité.
Dans ces cas-là, la musique portait une beauté calme et sereine ainsi qu’une maturité assumée, sans prétention. Habib Faye et ses musiciens ont bercé le public sur de belles pièces où la simplicité était de mise et où on pouvait oublier l’excès de tape-à-l’œil. Le but n’était pas tant de produire le plus de notes en le moins de temps possible, la musique était autrement complexe : ce qui comptait avant tout le reste, c’était l’effet.
Ceci dit, après ce voyage envoûtant, la formation ne s'est pas empêchée d’en mettre plein les oreilles aux Saint-Louisiens. Le tempo s’est accéléré, et les rythmes ainsi que les progressions harmoniques se sont complexifiés, les notes ont commencé à s’enchaîner de plus en plus rapidement. Les musiciens, extrêmement habiles, sont devenus très flamboyants et on ne pouvait qu’envier leur talent.
Au cours de la soirée, Habib Faye a démontré son intelligence et sa versatilité. Le bassiste sénégalais a très bien compris qu’il y a des moments pour briller en virtuose, et d’autres pour être plus calme et lyrique. Pour arriver à tenir un tel programme, il faut être un musicien hors pair au somment de son art.
Habib Faye, qui a été le directeur musical de Youssou Ndour, est reconnu comme étant un des musiciens de proue de l'Afrique de l'Ouest. Il a joué avec de grands noms, parmi lesquels Peter Gabriel, Sting, Tracy Chapman et Bruce Springsteen.
Caroline Beauchamp (stagiaire)