Tous ceux qui comme moi s’intéressent au paysage médiatique de notre pays et en font une lecture périodique, ont certainement pris connaissance des derniers rapports trimestriels du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA). En effet, cette structure, en plus de son rapport annuel, produit des rapports périodiques présentant la situation d’ensemble du paysage audiovisuel sénégalais, conformément aux lois et règlements régissant ce domaine.
Je voudrais juste rappeler que la loi N° 2006-04 du 4 janvier 2006, portant création du CNRA, a confié à cette structure, diverses missions parmi lesquelles, la garantie de l’indépendance et la liberté de l’information et de la communication des médias audiovisuels. La même loi a chargé le CNRA de veiller au respect de la préservation des identités culturelles, à l’objectivité et au respect de l’équilibre dans le traitement de l’information véhiculée par les médias audiovisuels.
Après lecture de l’avant-dernier rapport du CNRA, je me suis réjoui de l’injonction qui a été faite aux patrons de presse et publicistes, de veiller au respect de la transcription du wolof codifié, conformément aux dispositions du décret N° 2005-992 du 21 octobre 2005, relatif à l’orthographe et la séparation des mots wolof. En effet, ce texte réglementaire s’impose à tous, en particulier à la presse qui s’est assignée pour noble et salutaire mission, d’éduquer, d’informer et de distraire le peuple.
L’objectif de ce décret est de faire des langues nationales sénégalaises, des langues de culture. Par la même occasion, il s’agit de donner plus de moyens et d’efficacité à l’éducation, à la modernité et aux efforts de développement. Pour cela, il faut nécessairement que nos langues nationales soient écrites correctement, introduites dans le système éducatif et utilisées dans la vie officielle et publique.
L’objet de ma contribution n’est pas seulement de me féliciter de la noble mission du CNRA. Mon propos a surtout pour objet, de fustiger avec force, les réactions déplorables de certains patrons de presse, journalistes, animateurs et autres communicateurs traditionnels qui, dès qu’ils se sentent visés par le CNRA, au lieu de positiver les remarques que leur a adressées cette respectable institution républicaine et en tirer les leçons pour se bonifier, s’empressent de rédiger une chronique, un éditorial ou une mise au point pour donner aux Sénégalais des explications tortueuses et alambiquées, sans queue ni tête. Ces avocats du diable semblent oublier que les Sénégalais ne sont pas des demeurés. Ils savent parfaitement où se situe la vérité ! Il est donc inutile de tenter de les leurrer à travers des explications farfelues.
Si ce ne sont pas des explications laborieuses qui sont servies aux Sénégalais, certains patrons de presse, fautifs à tout point de vue, refusent systématiquement de s’exécuter quand ils reçoivent une injonction du CNRA. Voilà donc que par exemple, quand ils commettent des fautes de transcription du wolof codifié, au lieu de corriger rapidement quand on les y invite, comme ils l’auraient sûrement fait avec zèle, s’il s’agissait d’une faute de français, ils choisissent alors de faire de la résistance et maintiennent la faute ridicule, couvrant de honte notre pays ainsi que tous ceux qui connaissent et respectent réellement nos langues nationales. Ainsi, au lieu d’écrire « Jakkaarloo » la RTS, la télévision leader persiste à écrire : « Diakarlo ». Au lieu de « Attaaya » Walf TV écrit : « Ataya ». Au lieu de « coowli coowli » la 2STV écrit : « Thiowlii Thiowlii ». Au lieu de « Yewwu leen » la TFM s’entête à écrire : « Yeewu leen ». Au lieu de « Sama mbër » SenTV s’obstine à écrire : « Sama mbeur ». De son côté Lamp Faal TV nous assomme avec « Eutt bi » au lieu de : « Ëtt bi » !
Et pourtant, la loi impose à ces télévisions le respect de la transcription du wolof codifié. Mais en dépit des multiples injonctions du CNRA, ils font comme si les lois de la république ne leur étaient opposables. J’aurais pu ajouter à tout cela, le jeu favori auquel s’adonne la quasi-totalité de nos télévisions. Ce jeu-là s’appelle « plagiat ». Je n’en dirai pas plus ! Les Sénégalais savent de quoi je parle…
Le plus écœurant dans tout cela, est que ce ne sont souvent pas les patrons de presse et journalistes professionnels respectables, compétents et chevronnés qui nous servent ces réponses dont le contenu est d’une incohérence lamentable ! Mais les plus prompts à faire la forte tête, à monter sur leurs grands chevaux et à réagir plutôt à tort qu’à raison, sont des patrons de presse aux compétences douteuses. Ce sont des menuisiers, palefreniers ou autres semi-analphabètes, devenus miraculeusement journalistes, animateurs ou présentateur, sans passer au préalable par une quelconque école de formation en journalisme.
Parmi ces répondeurs irréfléchis, on trouve de prétendus « communicateurs traditionnels » qui ignorent tout du rôle historique du griot dans la société sénégalaise et qui contre toute attente, sont subitement devenus animateurs, reporters ou présentateurs d’émissions. Ceux-là ne tardent pas à se prendre pour des « super stars », n’acceptant aucune critique quel que puisse être son contenu pertinent et constructif! Ils s’adonnent ainsi à des « gaaruwaale » (lancer des flèches) en direction du CNRA en toute ignorance de cause.
Et pourtant, quand le CNRA était dirigé par une femme magistrat, certains acteurs de l’audiovisuel n’ont jamais cessé de la fusiller en traitant son équipe de « gendarme de la presse ». Mais alors, après le remplacement du magistrat (ou de la magistrate), qui donc parmi ces acteurs de l’audio visuel peut douter de la compétence du Président Babacar Touré ? Qui donc parmi cette génération d’acteurs de l’audiovisuel peut apprendre le métier de journaliste à M. Babacar Touré, Président du CNRA, à Jean Meissa Diop, à Sokhna Benga et autres ? Qui donc dans ce pays connait mieux que Babacar la radio, la télévision et la presse écrite ?
La vérité est que les patrons de presse et autres acteurs de l’audio visuel devraient faire preuve d’un peu plus d’humilité, en acceptant les critiques, les conseils, les recommandations et les mises en demeure du CNRA et des autres Sénégalais anonymes. Je pense que la meilleure manière de réagir ne devrait pas se résumer à lancer la sempiternelle réplique qui consiste à dire : « On ne m’apprend pas mon métier». La meilleure manière de faire en cas d’injonction, c’est de prendre acte en toute humilité et en cas de besoin, demander à rencontrer le CNRA pour des explications complémentaires éventuelles.
Pour terminer, je pense que le CNRA devrait faire preuve de plus de fermeté pour se faire respecter. Il doit se doter de moyens coercitifs efficaces qui à mon avis constituent le seul langage que semblent comprendre certains patrons de presse têtus et incompétents.
En l’état actuel des choses, le CNRA est en mesure de prendre des sanctions pouvant aller de la suspension partielle à la suppression d’un programme. Il peut, en fonction de la gravité de la faute commise, procéder à la suspension de tout ou partie de l’émission incriminée pour une durée d’un à trois mois. Des sanctions pécuniaires sont également applicables pour un minimum de deux millions de francs CFA (2000 000 F CFA) à un maximum de dix millions de francs CFA (10 000 000 F CFA) avec des pénalités de retard de 100 à 500 mille francs par jour et une possibilité de bloquer le compte bancaire l’organe de presse incriminé ! À l’extrême limite, le CNRA peut demander la fermeture de l’organe de presse ou le retrait de la fréquence.
Je voudrais terminer en disant que la force et la cohésion d’une nation se mesurent en la capacité de son peuple à respecter librement les lois et règlements de la république, ainsi que les institutions qui ont la mission de les faire appliquer, sans qu’il soit besoin d’user d’une quelconque force tyrannique !
Que Dieu préserve le Sénégal, ce beau pays de la téraanga !!
Moumar GUEYE
Écrivain
E-mail : moumar@orange.sn
Je voudrais juste rappeler que la loi N° 2006-04 du 4 janvier 2006, portant création du CNRA, a confié à cette structure, diverses missions parmi lesquelles, la garantie de l’indépendance et la liberté de l’information et de la communication des médias audiovisuels. La même loi a chargé le CNRA de veiller au respect de la préservation des identités culturelles, à l’objectivité et au respect de l’équilibre dans le traitement de l’information véhiculée par les médias audiovisuels.
Après lecture de l’avant-dernier rapport du CNRA, je me suis réjoui de l’injonction qui a été faite aux patrons de presse et publicistes, de veiller au respect de la transcription du wolof codifié, conformément aux dispositions du décret N° 2005-992 du 21 octobre 2005, relatif à l’orthographe et la séparation des mots wolof. En effet, ce texte réglementaire s’impose à tous, en particulier à la presse qui s’est assignée pour noble et salutaire mission, d’éduquer, d’informer et de distraire le peuple.
L’objectif de ce décret est de faire des langues nationales sénégalaises, des langues de culture. Par la même occasion, il s’agit de donner plus de moyens et d’efficacité à l’éducation, à la modernité et aux efforts de développement. Pour cela, il faut nécessairement que nos langues nationales soient écrites correctement, introduites dans le système éducatif et utilisées dans la vie officielle et publique.
L’objet de ma contribution n’est pas seulement de me féliciter de la noble mission du CNRA. Mon propos a surtout pour objet, de fustiger avec force, les réactions déplorables de certains patrons de presse, journalistes, animateurs et autres communicateurs traditionnels qui, dès qu’ils se sentent visés par le CNRA, au lieu de positiver les remarques que leur a adressées cette respectable institution républicaine et en tirer les leçons pour se bonifier, s’empressent de rédiger une chronique, un éditorial ou une mise au point pour donner aux Sénégalais des explications tortueuses et alambiquées, sans queue ni tête. Ces avocats du diable semblent oublier que les Sénégalais ne sont pas des demeurés. Ils savent parfaitement où se situe la vérité ! Il est donc inutile de tenter de les leurrer à travers des explications farfelues.
Si ce ne sont pas des explications laborieuses qui sont servies aux Sénégalais, certains patrons de presse, fautifs à tout point de vue, refusent systématiquement de s’exécuter quand ils reçoivent une injonction du CNRA. Voilà donc que par exemple, quand ils commettent des fautes de transcription du wolof codifié, au lieu de corriger rapidement quand on les y invite, comme ils l’auraient sûrement fait avec zèle, s’il s’agissait d’une faute de français, ils choisissent alors de faire de la résistance et maintiennent la faute ridicule, couvrant de honte notre pays ainsi que tous ceux qui connaissent et respectent réellement nos langues nationales. Ainsi, au lieu d’écrire « Jakkaarloo » la RTS, la télévision leader persiste à écrire : « Diakarlo ». Au lieu de « Attaaya » Walf TV écrit : « Ataya ». Au lieu de « coowli coowli » la 2STV écrit : « Thiowlii Thiowlii ». Au lieu de « Yewwu leen » la TFM s’entête à écrire : « Yeewu leen ». Au lieu de « Sama mbër » SenTV s’obstine à écrire : « Sama mbeur ». De son côté Lamp Faal TV nous assomme avec « Eutt bi » au lieu de : « Ëtt bi » !
Et pourtant, la loi impose à ces télévisions le respect de la transcription du wolof codifié. Mais en dépit des multiples injonctions du CNRA, ils font comme si les lois de la république ne leur étaient opposables. J’aurais pu ajouter à tout cela, le jeu favori auquel s’adonne la quasi-totalité de nos télévisions. Ce jeu-là s’appelle « plagiat ». Je n’en dirai pas plus ! Les Sénégalais savent de quoi je parle…
Le plus écœurant dans tout cela, est que ce ne sont souvent pas les patrons de presse et journalistes professionnels respectables, compétents et chevronnés qui nous servent ces réponses dont le contenu est d’une incohérence lamentable ! Mais les plus prompts à faire la forte tête, à monter sur leurs grands chevaux et à réagir plutôt à tort qu’à raison, sont des patrons de presse aux compétences douteuses. Ce sont des menuisiers, palefreniers ou autres semi-analphabètes, devenus miraculeusement journalistes, animateurs ou présentateur, sans passer au préalable par une quelconque école de formation en journalisme.
Parmi ces répondeurs irréfléchis, on trouve de prétendus « communicateurs traditionnels » qui ignorent tout du rôle historique du griot dans la société sénégalaise et qui contre toute attente, sont subitement devenus animateurs, reporters ou présentateurs d’émissions. Ceux-là ne tardent pas à se prendre pour des « super stars », n’acceptant aucune critique quel que puisse être son contenu pertinent et constructif! Ils s’adonnent ainsi à des « gaaruwaale » (lancer des flèches) en direction du CNRA en toute ignorance de cause.
Et pourtant, quand le CNRA était dirigé par une femme magistrat, certains acteurs de l’audiovisuel n’ont jamais cessé de la fusiller en traitant son équipe de « gendarme de la presse ». Mais alors, après le remplacement du magistrat (ou de la magistrate), qui donc parmi ces acteurs de l’audio visuel peut douter de la compétence du Président Babacar Touré ? Qui donc parmi cette génération d’acteurs de l’audiovisuel peut apprendre le métier de journaliste à M. Babacar Touré, Président du CNRA, à Jean Meissa Diop, à Sokhna Benga et autres ? Qui donc dans ce pays connait mieux que Babacar la radio, la télévision et la presse écrite ?
La vérité est que les patrons de presse et autres acteurs de l’audio visuel devraient faire preuve d’un peu plus d’humilité, en acceptant les critiques, les conseils, les recommandations et les mises en demeure du CNRA et des autres Sénégalais anonymes. Je pense que la meilleure manière de réagir ne devrait pas se résumer à lancer la sempiternelle réplique qui consiste à dire : « On ne m’apprend pas mon métier». La meilleure manière de faire en cas d’injonction, c’est de prendre acte en toute humilité et en cas de besoin, demander à rencontrer le CNRA pour des explications complémentaires éventuelles.
Pour terminer, je pense que le CNRA devrait faire preuve de plus de fermeté pour se faire respecter. Il doit se doter de moyens coercitifs efficaces qui à mon avis constituent le seul langage que semblent comprendre certains patrons de presse têtus et incompétents.
En l’état actuel des choses, le CNRA est en mesure de prendre des sanctions pouvant aller de la suspension partielle à la suppression d’un programme. Il peut, en fonction de la gravité de la faute commise, procéder à la suspension de tout ou partie de l’émission incriminée pour une durée d’un à trois mois. Des sanctions pécuniaires sont également applicables pour un minimum de deux millions de francs CFA (2000 000 F CFA) à un maximum de dix millions de francs CFA (10 000 000 F CFA) avec des pénalités de retard de 100 à 500 mille francs par jour et une possibilité de bloquer le compte bancaire l’organe de presse incriminé ! À l’extrême limite, le CNRA peut demander la fermeture de l’organe de presse ou le retrait de la fréquence.
Je voudrais terminer en disant que la force et la cohésion d’une nation se mesurent en la capacité de son peuple à respecter librement les lois et règlements de la république, ainsi que les institutions qui ont la mission de les faire appliquer, sans qu’il soit besoin d’user d’une quelconque force tyrannique !
Que Dieu préserve le Sénégal, ce beau pays de la téraanga !!
Moumar GUEYE
Écrivain
E-mail : moumar@orange.sn