En vérité, Cheikh Al-Khalifa est l’un de ces marabouts évolués en ce sens qu’il n’a jamais accepté d’être confiné au seul statut d’homme religieux dont le principal souci devrait être l’enseignement et l’apprentissage des sciences islamiques. C’est justement conscient de ce que devrait être son rôle de guide religieux que le saint homme s’est refusé de se limiter à cette définition si réductrice de l’homme de Dieu. Sur les questions politiques, religieuses, comme sur les autres qui méritent son intervention, Khalifa Ababacar Sy n’a jamais joué la carte de la neutralité. Il fait ainsi sienne cette maxime arabe (qualifiée de hadith ‘‘dahiif’’) : « aimer sa patrie est partie intégrante de l’îmân ».
Une redéfinition de la charge de guide religieux
Sur le plan politique, Serigne Babacar Sy assumera sa proximité avec le Parti socialiste dont il soutint le candidat Senghor lors des élections législatives de 1951. Après le rappel à Dieu de son père Maodo, Cheikh Al-khalifa héritera de lui ses traits mystiques et son affable caractère. Maniant la diplomatie et l’ouverture, il accorde un respect total à l’administration coloniale qui le traite en retour avec la déférence qui lui est due. Voilà comment Serigne Babacar Sy, ayant très tôt compris que la courbe de la modernité avec toutes ses tares est difficile à renverser, s’est accommodée à son temps tout en restant sur une bonne assise religieuse. Pour le natif de Saint-Louis qu’il était, il ne pouvait en être autrement.
Dans nombre de ses poèmes, le digne héritier de Maodo chante en caressant la langue française à côté de l’arabe comme pour prouver qu’elles ne sont pas forcément antinomiques. Fier de ses origines, en bon Ndar-Ndar (né à Saint-Louis en 1885), Serigne Babacar Sy se distinguait essentiellement du reste du monde par sa fidélité à ses amis, sa constance à ses principes et son élégance légendaire. Voilà comment la plupart de ses allégations sont devenues comme des maximes pouvant servir de leçons de vie.
Des principes à même de guérir une société malade
De son vivant, Cheikh Al-Khalifa avait horreur de la traitrise, de la trahison, et de la versatilité. Ne disait-il pas d’ailleurs : « un homme d’honneur ne change pas ; un homme d’honneur ne ment jamais ; un homme d’honneur ne vole jamais » entre autres. Dans un poème écrit à son honneur, le Khalife Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh lui témoigne ces qualités de fidélité, d’homme intègre et de sabre de l’islam.
Parmi les principes auxquels le Cheikh tenait comme à la prunelle de ses yeux figure en bonne place la défense de la Tariqa Tidiane. A côté des nombreux poèmes écrits en hommage à son maître spirituel, Cheikh Ahmad At-Tidiane, Khalifa Ababacar Sy a été à l’origine d’initiatives visant à préserver et parachever le legs de son vénéré père. Entre 1922 et 1957, 35 ans de califat, il sera ainsi question pour lui de s’appesantir sur les enseignements de Maodo et sur les exigences de son temps pour garder intact l’héritage.
Ainsi donc en 1925, il met en place les « dahira », des associations religieuses dont le but est d’enseigner l’islam et la tariqa mais aussi d’assurer une bonne coordination des activités. Ses 5 recommandations suivantes, cinq comme les prières quotidiennes, résument avec éloquence l’engagement du Cheikh d’œuvrer pour l’épanouissement du disciple ici-bas et dans l’au-delà : « 1. seen diine (votre religion) ; 2. seen métier (votre gagne-pain) ; 3. seen tariqa (votre confrérie) ; 4. seen dahira (votre association religieuse pour une formation continue) ; 5. seen yoonu Tivaouane (vos visites à Tivaouane pour se ressourcer). De ces conseils, aucun ne sort de l’ordre de l’islam et aucun ne va à l’intérêt exclusif du Cheikh.
En vérité tous convergent vers l’intérêt du disciple qui désire l’élévation. Ceci démontre encore une fois les qualités morales de Cheikh Al-Khalifa qu’il a héritées de ses maîtres, le prophète Mouhammad (psl) au premier chef. Il a tant défendu la voie Tidiane des attaques de toutes sortes, de dedans comme de dehors, mais il a su s’adapter et adopter son temps. Serigne Babacar Sy a très tôt compris qu’il vaut mieux comprendre et épouser son temps que de rester figé dans des considérations anachroniques, tant que cela ne déteint pas négativement sur la pratique de sa religion.
Par Ababacar Gaye/SeneNews
kagaye@senenews.com
Une redéfinition de la charge de guide religieux
Sur le plan politique, Serigne Babacar Sy assumera sa proximité avec le Parti socialiste dont il soutint le candidat Senghor lors des élections législatives de 1951. Après le rappel à Dieu de son père Maodo, Cheikh Al-khalifa héritera de lui ses traits mystiques et son affable caractère. Maniant la diplomatie et l’ouverture, il accorde un respect total à l’administration coloniale qui le traite en retour avec la déférence qui lui est due. Voilà comment Serigne Babacar Sy, ayant très tôt compris que la courbe de la modernité avec toutes ses tares est difficile à renverser, s’est accommodée à son temps tout en restant sur une bonne assise religieuse. Pour le natif de Saint-Louis qu’il était, il ne pouvait en être autrement.
Dans nombre de ses poèmes, le digne héritier de Maodo chante en caressant la langue française à côté de l’arabe comme pour prouver qu’elles ne sont pas forcément antinomiques. Fier de ses origines, en bon Ndar-Ndar (né à Saint-Louis en 1885), Serigne Babacar Sy se distinguait essentiellement du reste du monde par sa fidélité à ses amis, sa constance à ses principes et son élégance légendaire. Voilà comment la plupart de ses allégations sont devenues comme des maximes pouvant servir de leçons de vie.
Des principes à même de guérir une société malade
De son vivant, Cheikh Al-Khalifa avait horreur de la traitrise, de la trahison, et de la versatilité. Ne disait-il pas d’ailleurs : « un homme d’honneur ne change pas ; un homme d’honneur ne ment jamais ; un homme d’honneur ne vole jamais » entre autres. Dans un poème écrit à son honneur, le Khalife Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh lui témoigne ces qualités de fidélité, d’homme intègre et de sabre de l’islam.
Parmi les principes auxquels le Cheikh tenait comme à la prunelle de ses yeux figure en bonne place la défense de la Tariqa Tidiane. A côté des nombreux poèmes écrits en hommage à son maître spirituel, Cheikh Ahmad At-Tidiane, Khalifa Ababacar Sy a été à l’origine d’initiatives visant à préserver et parachever le legs de son vénéré père. Entre 1922 et 1957, 35 ans de califat, il sera ainsi question pour lui de s’appesantir sur les enseignements de Maodo et sur les exigences de son temps pour garder intact l’héritage.
Ainsi donc en 1925, il met en place les « dahira », des associations religieuses dont le but est d’enseigner l’islam et la tariqa mais aussi d’assurer une bonne coordination des activités. Ses 5 recommandations suivantes, cinq comme les prières quotidiennes, résument avec éloquence l’engagement du Cheikh d’œuvrer pour l’épanouissement du disciple ici-bas et dans l’au-delà : « 1. seen diine (votre religion) ; 2. seen métier (votre gagne-pain) ; 3. seen tariqa (votre confrérie) ; 4. seen dahira (votre association religieuse pour une formation continue) ; 5. seen yoonu Tivaouane (vos visites à Tivaouane pour se ressourcer). De ces conseils, aucun ne sort de l’ordre de l’islam et aucun ne va à l’intérêt exclusif du Cheikh.
En vérité tous convergent vers l’intérêt du disciple qui désire l’élévation. Ceci démontre encore une fois les qualités morales de Cheikh Al-Khalifa qu’il a héritées de ses maîtres, le prophète Mouhammad (psl) au premier chef. Il a tant défendu la voie Tidiane des attaques de toutes sortes, de dedans comme de dehors, mais il a su s’adapter et adopter son temps. Serigne Babacar Sy a très tôt compris qu’il vaut mieux comprendre et épouser son temps que de rester figé dans des considérations anachroniques, tant que cela ne déteint pas négativement sur la pratique de sa religion.
Par Ababacar Gaye/SeneNews
kagaye@senenews.com