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Sénégal/Mauritanie : La transhumance lourdement perturbée !

Vendredi 21 Juin 2013

Les mouvements transfrontaliers entre le Sénégal et la Mauritanie concernent essentiellement les flux migratoires de populations et la transhumance du cheptel.


Sénégal/Mauritanie : La transhumance lourdement perturbée !
Certes comparaison n’est pas raison mais parfois c’est une nécessité.
En Mauritanie, le nombre de Sénégalais recensés officiellement approche le chiffre d’un million de personnes. Ces résidents sénégalais constituent une main d’œuvre qui rapatrie mensuellement dans son pays plus de cinq (5) milliards de FCFA, fruit du travail auquel elle s’adonne localement, sans apport en capital préalable.

Tandis que le nombre de Mauritaniens résidents au Sénégal avoisine les cent mille(100.000) personnes, en très grande majorité des commerçants, investissant localement un capital en numéraire apporté avec eux de Mauritanie.
Il ressort de ce qui précède que la balance des intérêts est loin d’être équilibrée.

Si l’on ne tient compte que du seul secteur informel, exclusion faite de l’activité de pêche, il parait clairement que la part du « lion » dans le partage de l’intérêt relationnel économique, revient au Sénégal.

Les Mauritaniens des régions frontalières misent pour une large part sur l’intérêt qui leur reviendrait d’une transhumance épisodique de leur cheptel vers le Sénégal.

Or les conditions de cette transhumance deviennent de plus en plus contraignantes pour les éleveurs mauritaniens et méritent d’être revues à travers le renforcement des relations séculaires entre les populations, et de l’intérêt bien compris des deux états.
Les Sénégalais doivent être sensibilisés sur le fait qu’à travers les relations frontalières, l’intérêt des Mauritaniens repose essentiellement sur la fluidité de la transhumance du cheptel.

Cette question est d’autant plus importante que des mesures de nature à rendre cette transhumance plus difficile ont été développées par les Sénégalais.

C’est ainsi que :

-La convention de transhumance adoptée entre les deux pays a été suspendue unilatéralement par le Sénégal depuis le 1er juillet 2012.

-Les tracasseries administratives et douanières pour les éleveurs mauritaniens ont été multipliées et diversifiées au point que tout éleveur doit se rendre à Saint-Louis pour obtenir une autorisation de part sa nature provisoire de transhumance et portant en plus sur une évaluation exagérée de la valeur du cheptel (200.000 F par tête).

Cette autorisation est affectée d’une sanction douanière qui frappe tout éleveur encore présent sur le sol sénégalais à son expiration, alors qu’il ne s’agit en l’occurrence et aucunement d’une marchandise offerte à l’exportation ou à l’importation, mais seulement d’une ressource vivrière pour ses propriétaires.

-Zonage des parcours : interdiction est faite au cheptel mauritanien d’accéder à certaines zones du territoire.

-Discrimination au niveau des points d’eau (mercuriale des prix différente suivant que l’on est éleveur mauritanien ou sénégalais); et parfois refus catégorique d’autoriser le cheptel à s’abreuver dans certains points d’eau.

Ceci est d’autant plus incompréhensible que l’activité de transhumance profite également aux Sénégalais en raison des opportunités d’emploi extrêmement importantes qu’elle engendre dans les zones où elle est exercée.

D’autre part, la situation du cheptel est d’autant plus inquiétante actuellement qu’il se trouve en position irrégulière sur le territoire sénégalais en raison de la dénonciation de la convention de transhumance à laquelle il a été fait référence antérieurement.

En conclusion, il est impérieux dans l’intérêt bien compris des deux parties sénégalaises et mauritaniennes, de rééquilibrer la qualité de la relation.

En effet, Mauritaniens et Sénégalais se doivent de rechercher et de trouver un équilibre acceptable et mutuellement avantageux en la matière dans leurs relations bilatérales afin de pérenniser au mieux les relations séculaires qu’ils ont su tisser entre eux.

Dans le souci de recherche de solution, une délégation sénégalaise conduite par la ministre de l’élevage Madame Aminata Mbengue NDiaye a séjourné pendant 48 heures à Nouakchott où elle a discuté en conclave avec une délégation mauritanienne conduite par le ministre du développement Rural Monsieur Brahim Ould Mbareck Ould Med Moctar. C’était les 25 et 26 Février 2013. A l’issue de cette rencontre une feuille de route a été adoptée.

Mais hélas! Les autorités douanières du Sénégal ne reconnaissent cette feuille de route que du bout des lèvres et s’évertuent même à la rejeter. Ainsi, à l’application de cette feuille de route, la douane sénégalaise ne cesse de semer le trouble et s’adonne à une arnaque en bonne et due forme des bergers mauritaniens se trouvant au Sénégal. L’autorisation en question a été accordée pour trois mois seulement et renouvelée au mois de juin pour un seul mois.

Ce qui met les transhumants mauritaniens au Sénégal en situation irrégulière qui profite à la douane sénégalaise. Il est donc clair que les accords de Nouakchott sont restés au stade de l’écrit car leur application n’a pas pu être effective.

Le pouvoir de Nouakchott, connu pour son intransigeance, en matière d’intérêt national ne doit en aucun cas passer sous silence cette question de survie d’une partie de ces citoyens mais aussi et surtout une question de souveraineté nationale liée à la non application des accords signés entre les deux états.
Jiddou


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