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Sénégal : L'intégralité de l'homélie prononcée par le Cardinal SARR, à l'occasion de la messe de minuit de Noel.

Mardi 25 Décembre 2012

Sénégal : L'intégralité de l'homélie prononcée par le Cardinal SARR, à l'occasion de la messe de minuit de Noel.
1- Chers frères et sœurs en Christ, comment ne pas faire nôtres les paroles de bénédiction, qui annoncent, en cette nuit de Noël, la venue du Fils de Dieu sur notre terre ? « Oui ! Un Enfant nous est né, un Fils nous a été donné !» (Is 9, 5)

Ces mots ne sont pas seulement l’annonce d’un événement historique ; ils sont la lecture lucide d’un fait évident, qui dépasse tout temps et toute histoire : Dieu nous aime. Ces mots ne sont pas seulement le chant d’une « troupe céleste » anonyme ; ils sont les révélateurs d’une réalité nouvelle, où l’homme fait l’expérience d’un don unique : le don inestimable d’un Enfant-Dieu, Prince-de-la-Paix.

Deux symboles, frères et sœurs, me semblent très significatifs de la liturgie de cette Nuit de Noël. C’est d’abord le symbole de la Lumière, qui traverse tous les textes de la liturgie de cette nuit. C’est ensuite le symbole de la Vie, qui est la conséquence la plus logique de toute naissance.


2- « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitent le pays de l’ombre une lumière a resplendi. » (Is 9, 1) En ces termes, le prophète Isaïe décrit, dans la première lecture, la situation d’un peuple plongé dans les ténèbres opaques de la déportation, situation où la délivrance n’était logiquement envisageable que par la force ou la révolution. C’est au contraire sur les épaules d’un enfant que le prophète trouve les chances d’un avenir radieux, à travers les titres qui le caractérisent : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-paix. » (9, 5). La naissance de cet Enfant, comme la lumière qui jaillit au cœur des ténèbres, réoriente donc le cours de l’histoire, le destin de ce peuple, et le sens de nos propres vies.

Tout comme Isaïe, Saint Paul, dans la deuxième lecture, revient sur le symbolisme de la lumière, lorsqu’il parle de la révélation de Dieu, en son Fils Jésus-Christ. A travers l’expression « la grâce de Dieu s’est manifestée », Paul présente le mystère de Noël comme une épiphanie, c’est-à-dire la manifestation de Dieu et de sa grande lumière dans l’Enfant, né pour nous. Parce que Jésus-Christ est né « pour nous », sa naissance, selon Paul, comporte, pour tout croyant et pour tout homme, des bienfaits et des devoirs : elle est source d’une grâce « qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas » ; elle nous appelle, dans le même temps, à « vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux. » (Tt 2, 12)



En somme, pour Paul, ce qui est donné comme grâce, dans le mystère de Noël, demande d’être reçu et vécu dans le concret de la vie du croyant. Célébrer chaque année Noël nous invite à nous laisser habiter, encore et encore, par la lumière qu’est Jésus-Christ. C’est le propre de la lumière d’embraser, d’éclairer, de guider, de porter à une meilleure appréciation des situations, des choses et des personnes. La lumière, qu’est Jésus-Christ au sein de nos vies, doit embraser en nous des désirs de réconciliation, de justice et d’amour, et tourner nos regards vers l’avenir d’un bonheur sans fin. Voilà ce que Saint Paul, appelle « vivre en hommes raisonnables, justes et religieux. »



L’Evangile de cette messe enfin nous raconte qu’aux Bergers est apparue la gloire de Dieu, qui « les enveloppa de sa lumière. » (Lc 2, 9) Là où se manifeste la gloire de Dieu, là se répand, en abondance, sa lumière. Dans l’annonce faite aux Bergers, la lumière de la gloire de Dieu est source de connaissance de la vérité, source de connaissance du Plan de Dieu : le Sauveur né dans la ville de David « est le Messie, le Seigneur. »



Connaître ainsi l’identité et la mission de l’Enfant de Bethléem, c’est se disposer à prendre le chemin qui mène à Lui. Connaître cela, porte ensuite à Le rencontrer et à Lui réserver l’accueil qu’Il mérite. Connaître cela, c’est enfin se disposer à être le relai des Anges annonciateurs, en empruntant les paroles même de Saint Jean : « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. » (1 Jn 1, 3)

En cette Année de la Foi, et dans le sillage du Synode sur la Nouvelle Evangélisation, célébrer Noël, c’est annoncer la Naissance de, qui apporte aux hommes la Lumière, Source de Vie.



3- Nous en arrivons donc au second symbole de la liturgie de cette Nuit de Noël : le symbole de la Vie. Dans le mystère de l’Incarnation, Jésus se manifeste à nous comme le Dieu de la Vie. Né à Bethléem (la maison du pain), il se manifeste aux premiers témoins de sa naissance, couché dans une mangeoire, se présentant ainsi comme une nourriture prête à se donner, et prête à être reçue.



Durant son ministère public, Il se présentera lui-même, dans le miracle de la Multiplication des Pains, comme Celui qui rassasie les foules affamées, comme le « Pain de vie » (Jn 6, 35), en qui tout homme, ayant faim et soif, trouve une vraie nourriture et une vraie boisson. En somme, Il se présente comme Source inépuisable de Vie.



Quel enseignement pour nous, qui célébrons Noël ce soir ? C’est d’abord l’imitation d’une attitude, celle des Bergers. Luc écrit dans son Evangile : « Lorsque les anges eurent quitté les Bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. Ils se hâtèrent d’y aller. » (Lc 2, 15-16). Ces Bergers nous enseignent donc comment accueillir la Bonne Nouvelle de la Naissance du Sauveur : non comme le souvenir d’un événement lointain, mais comme un présent, qui nécessite une mise en branle immédiate. L’image des Bergers en marche vers Bethléem, c’est aussi l’image de la communauté ecclésiale, rassemblée ce soir dans les églises, ces nouvelles « Maisons du pain », où Jésus se donne encore comme nourriture et boisson pour notre salut, à travers l’Eucharistie.



L’enseignement pour nous qui célébrons Noël, c’est ensuite la disposition à percevoir, en Jésus, le signe qui nous est donné : « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Le nouveau-né, c’est celui qui est appelé à beaucoup recevoir, pour grandir et devenir l’homme mûr, pleinement accompli. Le nouveau-né, c’est aussi l’innocence à l’état pur, celui qui ouvre son cœur et ses bras à l’amour, et le propose, à son tour, à tout visage qui se présente à lui, même celui de l’étranger.



Jésus, Nouveau-Né, nous invite aujourd’hui à entamer, avec Lui, ce processus de croissance humaine, spirituelle et morale, ce processus de croissance personnelle et communautaire, qui fera de nous des chrétiens authentiques et fidèles. Jésus, Nouveau-Né, nous donne, en plus, les moyens de cette croissance humaine, spirituelle et morale, personnelle et communautaire, en s’offrant à nous, pour nous enrichir de sa Vie divine. En somme, la célébration de sa Naissance est pour nous, aujourd’hui, une proposition de renaissance à une vie nouvelle.



L’enseignement pour nous qui célébrons Noël, c’est enfin l’accueil du message qu’il nous adresse : un message de paix, comme l’explique le Pape Benoît XVI, dans son Message pour la prochaine Journée Mondiale de la Paix : « Dieu est apparu, comme un enfant. Par cela même il s’oppose à toute violence et apporte un message qui est la paix. »



Ce message, nous sommes invités aujourd’hui, non seulement à l’entendre, mais aussi et surtout à l’accueillir et à le vivre. Il est écrit, ce message, sur le visage du Petit Enfant de Bethléem, que nous sommes venus contempler, et qui nous dit : « Je vous laisse la paix, c’est ma paix que je vous donne. » Accueillir cet Enfant, c’est aussi pour nous chrétiens et hommes de bonne volonté, aujourd’hui, travailler à ce que la paix donnée par Dieu soit chaque jour accueillie et partagée entre tous les hommes. Ainsi, nous pourrons être dignes d’être associés à cette Béatitude : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5, 9) Amen !


† Théodore Adrien Cardinal SARR

Archevêque de Dakar.


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