Les vieilles maisons en ruine de Ndar (Saint-Louis du Sénégal), habitées ou inhabitées, entièrement démolies ou à moitié, sont le plus souvent les causes de litiges familiaux toujours sans solution ou engendrent des spéculations sans cesse croissantes. Mais en fait, elles sont avant tout des blessures du temps.
Ce temps qui s’écoule inlassablement depuis 1444 et qui n’est pas prêt de s’arrêter même après le transfert de la Capitale à Dakar en 1958. Ce temps imprime sa marque sur tous les édifices des quartiers de la ville et plus particulièrement sur ceux des quartiers de l’Ile notamment mon quartier Sindoné (Sud) et le quartier voisin Lodo (Nord).
Bien sûr, presque toutes les pages de l’histoire douloureuse de l’Afrique ont été écrites derrière les murs de ces quartiers. Ma ville natale chérie Ndar (Saint-Louis du Sénégal) souffre de ces blessures et les soigner est une urgence qui lui apporterait la délivrance tant attendue et l’entrée dans l’ère du renouveau.
Ces vieilles maisons sont en réalité une atteinte à l’image de la ville et je me suis toujours demandé pourquoi les autorités locales n’ont-elles pas su prendre les décisions nécessaires pour éviter cette situation de dégradation continue. Une taxe pour atteinte à l’image de la ville avec risques de dépossession du bien devrait amener les familles à s’entendre sur l’essentiel pour préserver les acquis et faire face aux travaux de reconstruction.
J’imagine que soigner et guérir ces blessures redonnerait à la ville son lustre d’antan. C’est pourquoi, j’invite l’ensemble des populations de la ville à tout mettre en œuvre pour venir à bout de ces maux. Ce chantier interpelle tous les amoureux et/ou sympathisants de la ville pour trouver la solution qu’il faut, sachant que cette solution redynamiserait la ville et lui donnerait le travail tant recherché pour la jeunesse en perte de repères.
Soigner ces blessures, c’est reconstruire ces vieilles maisons. Celles-là qui appartenaient jadis à des colons administrateurs et/ou militaires relèvent à présent du domaine de l’Etat. En l’an 2000, un espoir avait jailli avec le classement de Saint-Louis au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une politique de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine fut lancée par la Commune de Saint-Louis avec ses partenaires historiques : Lille Métropole et les acteurs de la Coopération décentralisée. Un règlement provisoire d’architecture fut mis en place pour encadrer et accompagner les permis de construire.
Mais rien n’y fit. Le temps continue encore et encore son œuvre de déconstruction massive. Les repreneurs ne font pas foule et les coûts de reconstruction dépassent les moyens des populations locales. Quelques étrangers nostalgiques se taillent la part du lion mais cela ne donne pas la dynamique qu’il faut pour relancer la ville.
Avec le soutien de la France, des travaux de réhabilitation ont concerné la Cathédrale et aussi la maison des sœurs de Cluny qui sera la future maison du patrimoine. D’autres réhabilitations d’immeubles privés sont attendues mais le dossier pour la sauvegarde de Saint-Louis patrimoine de l’UNESCO est à présent confié à l’APIX. Ce dépaysement du dossier en a étonné plus d’un habitant de la Ville.
Pourquoi nos autorités locales ne peuvent-elles pas lancer des programmes de reconstruction à l’instar de Liverpool qui a inspiré Roubaix. En fait, Liverpool avait lancé en 2013 un programme d’acquisition de maison à 1£ (760 F Cfa), programme qui fut un grand succès. Elle fut imitée par Roubaix avec autant de succès en 2017 avec le programme une maison à 1 € (656 F Cfa). Ramené à Saint-Louis, ce programme requiert un conseil de concertation devra fournir un cahier de charges qui mentionne les préalables et les conditions à remplir pour bénéficier d’une maison du domaine de l’Etat à 500 F Cfa. Bien sûr, des mesures d’accompagnement pour le logement par l’Etat ou la municipalité devraient déclencher plus d’engouement pour les demandes.
L’essentiel est de donner à la ville une nouvelle dynamique sociale positive. Ce qui fait que les spéculateurs et autres chercheurs d’or ne sont pas les bienvenus. Le repreneur doit terminer la reconstruction un an après la signature du bail, et il doit y habiter impérativement au moins 5 ans avec sa famille au risque d’être dépossédé du bien.
Toutefois, la commune de Saint-Louis doit mobiliser et organiser l’ensemble des populations de la ville dans dix (10) quartiers fonctionnels pour répondre à cette problématique. Dans un premier temps, il faudra reconsidérer le recensement du patrimoine bâti : bien différencier les maisons du domaine privé qui font l’objet d’héritages familiaux des maisons appartenant au domaine de l’Etat.
Pour les maisons du domaine privé, les familles seront invitées à s’entendre sous peine d’une taxe foncière doublée d’une taxe pour atteinte à l’image de la ville. Un porte-fort sera requis pour chaque famille afin de réexaminer les différents dossiers en suspens.
Les maisons du domaine de l’Etat sont en général des maisons qui sont tombées dans le domaine national. La loi 64/46 relative au domaine national stipule dans son article premier : « constituent de plein droit le domaine national, toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété n’a pas été transcrite à la conservation des hypothèques à la date d’entrée en vigueur de la présente loi ».
Cette loi mérite bien d’être réactualisée périodiquement pour permettre aux responsables de familles d’intégrer le domaine privé ne serait qu’en compensation des transferts successifs des capitales (de l’AOF, du Sénégal et de la Mauritanie), d’autant plus que jusqu’à présent cette loi est méconnue du grand public. En attendant, dans ce parc de l’Etat, il faudra bien distinguer les maisons à démolir et à reconstruire entièrement des maisons à rénover ou à reconstruire en partie. Les vieilles maisons inhabitées et les maisons déjà démolies constituent aussi un lot intéressant qui mérite bien une certaine réhabilitation.
La Commune saura programmer les différentes étapes du projet allant de la démolition des bâtiments à la reconstruction en passant par l’enlèvement des gravats pour le désensablement et le pavage de certaines rues. La municipalité doit aussi chercher à mieux connaitre cette architecture coloniale, les techniques de fabrication des briques rouges et aussi les techniques d’assemblage de ces briques. C’est à Boppou THIOR que ces briques étaient fabriquées pendant la coloniale. Des stages d’initiation et de formation à ces techniques de fabrication des briques rouges doivent être proposés aux jeunes des quartiers de la ville.
Mais il est évident que tout cela suppose un financement important que l’Etat ne peut pas prendre en charge et encore moins la municipalité. C’est pourquoi je pense que ce projet peut être une priorité nationale dont le financement proviendrait de l’apport organisé et orienté des populations de la ville qui sera renforcé par celui de la diaspora. Un plan de contribution nationale devra impliquer la diaspora pour une participation conséquente sans payer plus. Ainsi, les diasporains seront les attributaires de ces bâtiments reconstruits ; et avec leurs familles, ils constitueront le vrai stimulant pour le renouveau de la ville.
En attendant, l’action citoyenne mettra l’accent sur le pansement de ces blessures. En fait, panser ces blessures sera une grande opération de ravalement de façades principalement des divers bâtiments du domaine de l’Etat et aussi du domaine privé surtout dans l’île mais aussi dans les autres quartiers. Cette opération devra mobiliser une grande partie de la jeunesse pour masquer ces stigmates du passé.
Des concertations seront nécessaires dans ces quartiers pour savoir quelles façades crépir ou pas et comment harmoniser les différentes couleurs vives. Ces nouvelles couleurs des façades seront le signe du changement dans la modernité. La jeunesse mobilisée dans ce projet sera formée aux techniques du crépissage des façades par les entreprises du Bâtiment et Travaux Publics (B T P) qui apporteront ainsi leur concours.
Ces opérations pour le renouveau de la Ville en appelleront d’autres. Une première mobilisation sera pour une toilette bien coquette de la ville avant de lui mettre ses habits des grands jours. Pour cela, la ville et ses habitants s’y connaissent bien et ils mettront en œuvre tout leur savoir-faire pour ce qui devra être un modèle pour le reste du pays. Les initiatives liées à la citoyennisation et à la sortie du non-développement suivront et elles ouvriront une nouvelle page pour nos perspectives de développement.
BA Meusseikh
Ce temps qui s’écoule inlassablement depuis 1444 et qui n’est pas prêt de s’arrêter même après le transfert de la Capitale à Dakar en 1958. Ce temps imprime sa marque sur tous les édifices des quartiers de la ville et plus particulièrement sur ceux des quartiers de l’Ile notamment mon quartier Sindoné (Sud) et le quartier voisin Lodo (Nord).
Bien sûr, presque toutes les pages de l’histoire douloureuse de l’Afrique ont été écrites derrière les murs de ces quartiers. Ma ville natale chérie Ndar (Saint-Louis du Sénégal) souffre de ces blessures et les soigner est une urgence qui lui apporterait la délivrance tant attendue et l’entrée dans l’ère du renouveau.
Ces vieilles maisons sont en réalité une atteinte à l’image de la ville et je me suis toujours demandé pourquoi les autorités locales n’ont-elles pas su prendre les décisions nécessaires pour éviter cette situation de dégradation continue. Une taxe pour atteinte à l’image de la ville avec risques de dépossession du bien devrait amener les familles à s’entendre sur l’essentiel pour préserver les acquis et faire face aux travaux de reconstruction.
J’imagine que soigner et guérir ces blessures redonnerait à la ville son lustre d’antan. C’est pourquoi, j’invite l’ensemble des populations de la ville à tout mettre en œuvre pour venir à bout de ces maux. Ce chantier interpelle tous les amoureux et/ou sympathisants de la ville pour trouver la solution qu’il faut, sachant que cette solution redynamiserait la ville et lui donnerait le travail tant recherché pour la jeunesse en perte de repères.
Soigner ces blessures, c’est reconstruire ces vieilles maisons. Celles-là qui appartenaient jadis à des colons administrateurs et/ou militaires relèvent à présent du domaine de l’Etat. En l’an 2000, un espoir avait jailli avec le classement de Saint-Louis au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une politique de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine fut lancée par la Commune de Saint-Louis avec ses partenaires historiques : Lille Métropole et les acteurs de la Coopération décentralisée. Un règlement provisoire d’architecture fut mis en place pour encadrer et accompagner les permis de construire.
Mais rien n’y fit. Le temps continue encore et encore son œuvre de déconstruction massive. Les repreneurs ne font pas foule et les coûts de reconstruction dépassent les moyens des populations locales. Quelques étrangers nostalgiques se taillent la part du lion mais cela ne donne pas la dynamique qu’il faut pour relancer la ville.
Avec le soutien de la France, des travaux de réhabilitation ont concerné la Cathédrale et aussi la maison des sœurs de Cluny qui sera la future maison du patrimoine. D’autres réhabilitations d’immeubles privés sont attendues mais le dossier pour la sauvegarde de Saint-Louis patrimoine de l’UNESCO est à présent confié à l’APIX. Ce dépaysement du dossier en a étonné plus d’un habitant de la Ville.
Pourquoi nos autorités locales ne peuvent-elles pas lancer des programmes de reconstruction à l’instar de Liverpool qui a inspiré Roubaix. En fait, Liverpool avait lancé en 2013 un programme d’acquisition de maison à 1£ (760 F Cfa), programme qui fut un grand succès. Elle fut imitée par Roubaix avec autant de succès en 2017 avec le programme une maison à 1 € (656 F Cfa). Ramené à Saint-Louis, ce programme requiert un conseil de concertation devra fournir un cahier de charges qui mentionne les préalables et les conditions à remplir pour bénéficier d’une maison du domaine de l’Etat à 500 F Cfa. Bien sûr, des mesures d’accompagnement pour le logement par l’Etat ou la municipalité devraient déclencher plus d’engouement pour les demandes.
L’essentiel est de donner à la ville une nouvelle dynamique sociale positive. Ce qui fait que les spéculateurs et autres chercheurs d’or ne sont pas les bienvenus. Le repreneur doit terminer la reconstruction un an après la signature du bail, et il doit y habiter impérativement au moins 5 ans avec sa famille au risque d’être dépossédé du bien.
Toutefois, la commune de Saint-Louis doit mobiliser et organiser l’ensemble des populations de la ville dans dix (10) quartiers fonctionnels pour répondre à cette problématique. Dans un premier temps, il faudra reconsidérer le recensement du patrimoine bâti : bien différencier les maisons du domaine privé qui font l’objet d’héritages familiaux des maisons appartenant au domaine de l’Etat.
Pour les maisons du domaine privé, les familles seront invitées à s’entendre sous peine d’une taxe foncière doublée d’une taxe pour atteinte à l’image de la ville. Un porte-fort sera requis pour chaque famille afin de réexaminer les différents dossiers en suspens.
Les maisons du domaine de l’Etat sont en général des maisons qui sont tombées dans le domaine national. La loi 64/46 relative au domaine national stipule dans son article premier : « constituent de plein droit le domaine national, toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées et dont la propriété n’a pas été transcrite à la conservation des hypothèques à la date d’entrée en vigueur de la présente loi ».
Cette loi mérite bien d’être réactualisée périodiquement pour permettre aux responsables de familles d’intégrer le domaine privé ne serait qu’en compensation des transferts successifs des capitales (de l’AOF, du Sénégal et de la Mauritanie), d’autant plus que jusqu’à présent cette loi est méconnue du grand public. En attendant, dans ce parc de l’Etat, il faudra bien distinguer les maisons à démolir et à reconstruire entièrement des maisons à rénover ou à reconstruire en partie. Les vieilles maisons inhabitées et les maisons déjà démolies constituent aussi un lot intéressant qui mérite bien une certaine réhabilitation.
La Commune saura programmer les différentes étapes du projet allant de la démolition des bâtiments à la reconstruction en passant par l’enlèvement des gravats pour le désensablement et le pavage de certaines rues. La municipalité doit aussi chercher à mieux connaitre cette architecture coloniale, les techniques de fabrication des briques rouges et aussi les techniques d’assemblage de ces briques. C’est à Boppou THIOR que ces briques étaient fabriquées pendant la coloniale. Des stages d’initiation et de formation à ces techniques de fabrication des briques rouges doivent être proposés aux jeunes des quartiers de la ville.
Mais il est évident que tout cela suppose un financement important que l’Etat ne peut pas prendre en charge et encore moins la municipalité. C’est pourquoi je pense que ce projet peut être une priorité nationale dont le financement proviendrait de l’apport organisé et orienté des populations de la ville qui sera renforcé par celui de la diaspora. Un plan de contribution nationale devra impliquer la diaspora pour une participation conséquente sans payer plus. Ainsi, les diasporains seront les attributaires de ces bâtiments reconstruits ; et avec leurs familles, ils constitueront le vrai stimulant pour le renouveau de la ville.
En attendant, l’action citoyenne mettra l’accent sur le pansement de ces blessures. En fait, panser ces blessures sera une grande opération de ravalement de façades principalement des divers bâtiments du domaine de l’Etat et aussi du domaine privé surtout dans l’île mais aussi dans les autres quartiers. Cette opération devra mobiliser une grande partie de la jeunesse pour masquer ces stigmates du passé.
Des concertations seront nécessaires dans ces quartiers pour savoir quelles façades crépir ou pas et comment harmoniser les différentes couleurs vives. Ces nouvelles couleurs des façades seront le signe du changement dans la modernité. La jeunesse mobilisée dans ce projet sera formée aux techniques du crépissage des façades par les entreprises du Bâtiment et Travaux Publics (B T P) qui apporteront ainsi leur concours.
Ces opérations pour le renouveau de la Ville en appelleront d’autres. Une première mobilisation sera pour une toilette bien coquette de la ville avant de lui mettre ses habits des grands jours. Pour cela, la ville et ses habitants s’y connaissent bien et ils mettront en œuvre tout leur savoir-faire pour ce qui devra être un modèle pour le reste du pays. Les initiatives liées à la citoyennisation et à la sortie du non-développement suivront et elles ouvriront une nouvelle page pour nos perspectives de développement.
BA Meusseikh