Dans une interview nourrie de révélations fracassantes sur les pratiques occultes entre les chefs d’Etat Africains et la France, Robert Bourgi trace un quart de siécle de son métier de « porteur de valise » pour le président Chirac et à la suite pour le Premier ministre Dominique De Villepin
Financement de la campagne présidentielle de Chirac en 2002, 10 millions de dollars versés par 5 chefs d’état Africains dont le Président Abdoulaye Wade
Robert Bourgi raconte : « Les remises de valises n’ont jamais cessé. …. Je devais me présenter à l’Élysée sous le nom de « M. Chambertin », une des trouvailles de Dominique De Villepin. Pas question de laisser de traces de mon nom. Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’État africains – Abdoulaye Wade ( Sénégal), Blaise Compaoré ( Burkina Faso), Laurent Gbagbo ( Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso ( Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo ( Gabon) – ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002. »
Sur les astuces utilisés pour transporter l’argent d’Afrique en France, tous les moyens sont bons : Mettre l’argent dans des djembés, dans des affiches,…
Robert Bourgi raconte : « Un exemple qui ne s’invente pas, celui des djembés( des tambours africains). Un soir, j’étais à Ouagadougou avec le président Blaise Compaoré. Je devais ramener pour Chirac et Villepin 3 millions de dollars. Compaoré a eu l’idée, « connaissant Villepin comme un homme de l’art » , a-t-il dit, de cacher l’argent dans quatre djembés. Une fois à Paris, je les ai chargés dans ma voiture jusqu’à l’Élysée. C’est la seule fois où j’ai pu me garer dans la cour d’honneur ! C’était un dimanche soir et je suis venu avec un émissaire burkinabais, Salif Diallo, alors ministre de l’Agriculture. Je revois Villepin, sa secrétaire, Nadine Izard, qui était dans toutes les confidences, prendre chacun un djembé, devant les gendarmes de faction… Les tams-tams étaient bourrés de dollars. Une fois dans son bureau, Villepin a dit : « Blaise déconne, c’est encore des petites coupures ! »
Laurent Gbagbo aussi a financé la campagne de Jacques Chirac en 2002… , ce qui ne lui a pas finalement empêché de se faire éjecter de son fauteuil par les mêmes faucons
Robert Bourgi : « Il m’avait demandé combien donnait Omar Bongo, et j’avais dit 3 millions de dollars. Laurent Gbagbo m’a dit : « On donnera pareil alors. » Il est venu à Paris avec l’argent. Nous nous sommes retrouvés dans sa suite du Plaza Athénée. Nous ne savions pas où mettre les billets. J’ai eu l’idée de les emballer dans une affiche publicitaire d’Austin Cooper. Et je suis allé remettre le tout à Villepin, à l’Élysée, en compagnie d’Eugène Allou, alors directeur du protocole de Laurent Gbagbo. Devant nous, Villepin a soigneusement déplié l’affiche avant de prendre les billets. Quand on sait comment le même Villepin a ensuite traité Gbagbo, cela peut donner à réfléchir… »
Wade (pére et fils), témoins d’une remise de malette contenant 1 million et demi d’euros à Villepin par le président de Guinée équatoriale Obiang NGuéma
Robert Bourgi : « Place Beauvau, un nouveau « donateur » , le président de Guinée équatoriale Obiang NGuéma, a voulu participer. J’ai organisé un déjeuner au ministère de l’Intérieur, en présence du président sénégalais Abdoulaye Wade et son fils Karim, au cours duquel Obiang NGuéma a remis à Villepin une mallette contenant un million et demi d’euros. Parfois, Dominique sortait directement l’argent devant nous, même si je venais accompagné d’un Africain, et, sans gêne, il rangeait les liasses dans ses tiroirs. Pour l’anecdote, je lui laissais parfois la mallette sans qu’il l’ouvre en lui donnant le code de la serrure… »
A la question de savoir comment cette manigance s’est-il arrêté et pourquoi ?
Robert Bourgi a répondu : « Fin 2005, la dernière semaine de septembre. Nadine, la secrétaire de Dominique de Villepin, m’appelle selon le code : « Nous allons acheter des fleurs. » Cela voulait dire que l’on se retrouve devant le Monceau Fleurs du boulevard des Invalides. Elle de m’expliquer : « L’argent de Sassou, de Bongo, de tous les Africains, sent le soufre. C’est fini » a-t-il poursuivi… Je me souviens de sa phrase : « Si un juge d’instruction vous interroge, vous met un doigt »
Il rajoute : « Nicolas Sarkozy m’a écouté, je lui ai raconté tout ce que je vous raconte aujourd’hui. Même lui, il m’a paru étonné. Je l’entends encore me demander : « Mais qu’est ce qu’ils ont fait de tout cet argent, Robert ? » Il m’a dit aussi : « Ils t’ont humilié comme ils m’ont humilié, mais ne t’inquiète pas, on les aura. »
Selon l’avocat, ces pratiques ont cessé en 2007: « Ni Omar Bongo, ni aucun autre chef d’Etat africain, par mon intermédiaire, n’a remis d’argent ni à Nicolas Sarkozy, ni à Claude Guéant », ex-secrétaire général de l’Elysée, aujourd’hui ministre de l’Intérieur, déclare encore l’avocat. « Tout cela n’est que fariboles et écrans de fumée », a réagi Dominique de Villepin auprès du Journal Du Dimanche.
Mamadou Lamine Mané
Source: senenews.com
Financement de la campagne présidentielle de Chirac en 2002, 10 millions de dollars versés par 5 chefs d’état Africains dont le Président Abdoulaye Wade
Robert Bourgi raconte : « Les remises de valises n’ont jamais cessé. …. Je devais me présenter à l’Élysée sous le nom de « M. Chambertin », une des trouvailles de Dominique De Villepin. Pas question de laisser de traces de mon nom. Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’État africains – Abdoulaye Wade ( Sénégal), Blaise Compaoré ( Burkina Faso), Laurent Gbagbo ( Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso ( Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo ( Gabon) – ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002. »
Sur les astuces utilisés pour transporter l’argent d’Afrique en France, tous les moyens sont bons : Mettre l’argent dans des djembés, dans des affiches,…
Robert Bourgi raconte : « Un exemple qui ne s’invente pas, celui des djembés( des tambours africains). Un soir, j’étais à Ouagadougou avec le président Blaise Compaoré. Je devais ramener pour Chirac et Villepin 3 millions de dollars. Compaoré a eu l’idée, « connaissant Villepin comme un homme de l’art » , a-t-il dit, de cacher l’argent dans quatre djembés. Une fois à Paris, je les ai chargés dans ma voiture jusqu’à l’Élysée. C’est la seule fois où j’ai pu me garer dans la cour d’honneur ! C’était un dimanche soir et je suis venu avec un émissaire burkinabais, Salif Diallo, alors ministre de l’Agriculture. Je revois Villepin, sa secrétaire, Nadine Izard, qui était dans toutes les confidences, prendre chacun un djembé, devant les gendarmes de faction… Les tams-tams étaient bourrés de dollars. Une fois dans son bureau, Villepin a dit : « Blaise déconne, c’est encore des petites coupures ! »
Laurent Gbagbo aussi a financé la campagne de Jacques Chirac en 2002… , ce qui ne lui a pas finalement empêché de se faire éjecter de son fauteuil par les mêmes faucons
Robert Bourgi : « Il m’avait demandé combien donnait Omar Bongo, et j’avais dit 3 millions de dollars. Laurent Gbagbo m’a dit : « On donnera pareil alors. » Il est venu à Paris avec l’argent. Nous nous sommes retrouvés dans sa suite du Plaza Athénée. Nous ne savions pas où mettre les billets. J’ai eu l’idée de les emballer dans une affiche publicitaire d’Austin Cooper. Et je suis allé remettre le tout à Villepin, à l’Élysée, en compagnie d’Eugène Allou, alors directeur du protocole de Laurent Gbagbo. Devant nous, Villepin a soigneusement déplié l’affiche avant de prendre les billets. Quand on sait comment le même Villepin a ensuite traité Gbagbo, cela peut donner à réfléchir… »
Wade (pére et fils), témoins d’une remise de malette contenant 1 million et demi d’euros à Villepin par le président de Guinée équatoriale Obiang NGuéma
Robert Bourgi : « Place Beauvau, un nouveau « donateur » , le président de Guinée équatoriale Obiang NGuéma, a voulu participer. J’ai organisé un déjeuner au ministère de l’Intérieur, en présence du président sénégalais Abdoulaye Wade et son fils Karim, au cours duquel Obiang NGuéma a remis à Villepin une mallette contenant un million et demi d’euros. Parfois, Dominique sortait directement l’argent devant nous, même si je venais accompagné d’un Africain, et, sans gêne, il rangeait les liasses dans ses tiroirs. Pour l’anecdote, je lui laissais parfois la mallette sans qu’il l’ouvre en lui donnant le code de la serrure… »
A la question de savoir comment cette manigance s’est-il arrêté et pourquoi ?
Robert Bourgi a répondu : « Fin 2005, la dernière semaine de septembre. Nadine, la secrétaire de Dominique de Villepin, m’appelle selon le code : « Nous allons acheter des fleurs. » Cela voulait dire que l’on se retrouve devant le Monceau Fleurs du boulevard des Invalides. Elle de m’expliquer : « L’argent de Sassou, de Bongo, de tous les Africains, sent le soufre. C’est fini » a-t-il poursuivi… Je me souviens de sa phrase : « Si un juge d’instruction vous interroge, vous met un doigt »
Il rajoute : « Nicolas Sarkozy m’a écouté, je lui ai raconté tout ce que je vous raconte aujourd’hui. Même lui, il m’a paru étonné. Je l’entends encore me demander : « Mais qu’est ce qu’ils ont fait de tout cet argent, Robert ? » Il m’a dit aussi : « Ils t’ont humilié comme ils m’ont humilié, mais ne t’inquiète pas, on les aura. »
Selon l’avocat, ces pratiques ont cessé en 2007: « Ni Omar Bongo, ni aucun autre chef d’Etat africain, par mon intermédiaire, n’a remis d’argent ni à Nicolas Sarkozy, ni à Claude Guéant », ex-secrétaire général de l’Elysée, aujourd’hui ministre de l’Intérieur, déclare encore l’avocat. « Tout cela n’est que fariboles et écrans de fumée », a réagi Dominique de Villepin auprès du Journal Du Dimanche.
Mamadou Lamine Mané
Source: senenews.com