Le Programme national d’immatriculation informatisée des embarcations de type artisanal (Pni) a connu un état d’exécution satisfaisant avec un taux de marquage de 86,79 %. L’immatriculation de 17.500 pirogues maritimes et de 1299 pirogues continentales ainsi que le marquage physique de 15.176 pirogues maritimes a permis de constituer une bonne base de données qui va mener vers une maîtrise du parc piroguier national et une meilleure gestion des ressources halieutiques.
Sur une pirogue, l’immatriculation est bien visible : SL 1468 GB. Nous sommes au quai de pêche de Gokhou Bath, sur la langue de Barbary, à Saint-Louis. Les sigles déterminants la région et le site de débarquement, sont bien visibles sur les pirogues. Et la scène est presque identique sur les différents lieux de débarquements visités. La mission conjointe d’évaluation de la Banque mondiale et de la direction des Pêches s’est rendue du 27 mars au 01 avril dans six régions, notamment Saint-Louis, Louga, Thiès, Dakar, Fatick et Kaolack. A cette occasion, elle a pu ainsi constater le bon déroulement du programme national d’immatriculation informatisée des embarcations de type artisanal au Sénégal (Pni). Celui-ci a connu, entre le mois de novembre 2010 et mars 2011, un taux de marquage satisfaisant de 86,79 %. Dans la plus part des sites, on a même atteint des taux d’immatriculation de 100%.
De Guet-Ndar à Foundiougne en passant par Kayar, Lompoul, Yoff, Ndangane Sambou, Ndayane, Thiaroye, etc., d’importants efforts ont été constatés. « Beaucoup d’efforts ont été déployés par le gouvernement du Sénégal et nous ne pouvons que nous en féliciter », a relevé le chargé du programme Pêche de la Banque mondiale au Sénégal, Ioniarilala Radonirina.
Démarré en 2006 pour une période de trois ans, le Pni, financé par l’Union européenne, la coopération suisse et espagnole, ainsi que la Banque mondiale (Bm), a connu une première phase insatisfaisante avec des résultats très en deçà des attentes. Grâce à un rallonge de la Banque mondiale qui a accédé à la requête du gouvernement sénégalais, le programme a pu bénéficier d’une prolongation jusqu’au 15 mars dernier pour sa finalisation. C’est ainsi qu’au mois de janvier déjà, affirme le coordonnateur du Pni, Adama Diop, près de 8500 pirogues ont été recensées dans la base de données et 2500 pirogues marquées physiquement. Aujourd’hui 17500 pirogues figurent dans la base de données et 15200 pirogues ont été marquées physiquement. « Entre fin 2010 et début 2011, le programme a connu des résultats appréciables », s’est réjoui M. Diop.
Mobilité des pêcheurs
Toutefois, même si les acquis sont positifs, les groupements d’intérêts économiques (Gie) à qui la tache de marquer les pirogues a été confié ont rencontré parfois des difficultés. Celles-ci sont, pour la plupart, liées à la mobilité des pêcheurs qui migrent beaucoup en fonction de la disponibilité de la ressource. Si à Saint-Louis les pêcheurs sont plus attirés par la Mauritanie, dans d’autres localités, comme la petite Côte, nombreux sont les pêcheurs qui migrent vers la Gambie ou la Guinée-Bissau. Les cas de pirogues non encore marquées relevé sur le terrain sont liés principalement à ce mouvement des pêcheurs. Cela ralenti souvent le travail des marqueurs. Ndayane, une localité de pêcheurs sur le littoral, est un exemple. Sur les 309 pirogues que compte le parc de la localité, il n’y avait, au moment de notre passage, que quelque 50 embarcations, la majeure partie est en campagne soit à Joal ou à Djiffère. « Toutefois, précise le chef de poste de Ndayane, Baba Ndiaye, sur les 309 identifiées, les 308 ont été marquées et immatriculées ».
Dans d’autres localités comme Foundiougne, la configuration de la région est la source des difficultés rencontrées. « Nous sommes une région fortement insulaire et où on retrouve énormément de villages et de sites de débarquement, environ 62 sites ou centres de pêche dont les 40 sont des îles ; donc il s’est très souvent posé le problème de l’inaccessibilité », déplore le chef de service régional des pêches et de la surveillance de Fatick, Abdoul Aziz Ly. En plus, la région est frontalière avec la Gambie où de nombreux pêcheurs séjournent pendant longtemps avant de revenir dans leurs villages respectifs. « Ils pêchent et débarquent à des endroits différents, donc c’est un parc très mobile, et cela nous a posé énormément de problèmes », ajoute M. Ly, selon qui, l’équipe de marqueurs a finalement opté pour la stratégie de suivre les pêcheurs. « Depuis novembre, nous étions sur le terrain, on se déplace de village en village, île après île, et on campait toute l’équipe pendant deux ou trois jours avant de continuer », affirme M. Ly.
Cela a permis aujourd’hui de réussir globalement un grand bond dans cette deuxième phase du programme qui vise à bien connaître le parc piroguier national pour aménager les pêcheries et mieux gérer les ressources halieutiques.
Car, souligne le responsable de la Banque mondiale, le Pni est mis en œuvre dans un contexte de raréfaction des ressources halieutiques et de baisse de la rentabilité économique de la filière pêche. Sa bonne exécution devrait donc permettre de maîtriser le parc piroguier national pour mieux contrôler l’effort de pêche et réduire la pression sur les ressources halieutiques. « Nous travaillons avec le Sénégal en vue d’une meilleure gestion des ressources halieutiques », a indiqué le chargé du programme pêche de la Banque mondiale.
En effet, selon le coordonnateur du Pni, Adama Diop, si l’effort de pêche de la flotte industrielle est maîtrisé, il n’en est pas de même pour celui de la pêche artisanale qui connaît une surexploitation. Et dans la perspective d’inverser la tendance, il est assigné au Pni l’objectif spécifique de contribuer à la « maîtrise de l’effort de pêche artisanale » grâce à la mise en place d’une base de données fiable et d’un site web. « Nous voulons immatriculer et informatiser l’ensemble du parc piroguier et le marquer physiquement», a affirmé M. Diop.
Mieux gérer l’effectif
La restauration des ressources est primordiale pour permettre aux bénéficiaires, aussi les communautés des pêcheurs, les différents acteurs de la filière, que l’Etat d’en tirer meilleur profit, pense le responsable de la Banque mondiale. C’est aussi le sentiment de Mme Mariama Barry, coordonnatrice du Prao au Sénégal, selon qui, au départ, le Pni n’était pas prévu dans son programme, mais l’importance de la maîtrise du parc piroguier a fait que la Banque mondiale a accepté de prendre en charge la finalisation de l’immatriculation. « Quand on veut faire une gestion efficace des ressources, il faut d’abord savoir ce qu’on gère, c’est-à-dire connaître l’effectif », estime Mme Barry. Parallèlement à l’immatriculation, cette dernière a également annoncé un plan d’action pour renforcer les capacités de la direction de la protection et de la surveillance des Pêches qui a un rôle prépondérant dans la sauvegarde des ressources.
L’investissement de la Banque mondiale dans le secteur de la pêche au Sénégal porte sur trois programmes, notamment le programme de gestion intégrée des ressources halieutiques (Girmac), le projet de gestion durable des ressources halieutiques (Gdrh), et le programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest (Prao) pour un portefeuille global de 26 millions de dollars. La cellule opérationnelle de mise en œuvre de la composante pêche (Como-pêche) est l’unité d’exécution des projets du portefeuille de la Banque mondiale dans le secteur de la pêche au Sénégal. Ces différents programmes s’inscrivent dans une dynamique d’appui à la restauration et la gestion durable des ressources halieutiques.
« Nous avons maintenant dépassé ce stade, et notre ambition, c’est d’assurer le suivi et la pérennisation de l’action, car il ne faudrait plus que les gens reviennent à la situation antérieure », estime Abdoul Aziz Ly, chef de service régional des pêches et de la surveillance de Fatick, Abdoul Aziz Ly, pour qui, il est nécessaire d’aller vers un système de quota, en agissant par exemple sur le système d’octroi des permis de pêche.
Dossier réalisé par Adama MBODJ
Source: Le Soleil
Sur une pirogue, l’immatriculation est bien visible : SL 1468 GB. Nous sommes au quai de pêche de Gokhou Bath, sur la langue de Barbary, à Saint-Louis. Les sigles déterminants la région et le site de débarquement, sont bien visibles sur les pirogues. Et la scène est presque identique sur les différents lieux de débarquements visités. La mission conjointe d’évaluation de la Banque mondiale et de la direction des Pêches s’est rendue du 27 mars au 01 avril dans six régions, notamment Saint-Louis, Louga, Thiès, Dakar, Fatick et Kaolack. A cette occasion, elle a pu ainsi constater le bon déroulement du programme national d’immatriculation informatisée des embarcations de type artisanal au Sénégal (Pni). Celui-ci a connu, entre le mois de novembre 2010 et mars 2011, un taux de marquage satisfaisant de 86,79 %. Dans la plus part des sites, on a même atteint des taux d’immatriculation de 100%.
De Guet-Ndar à Foundiougne en passant par Kayar, Lompoul, Yoff, Ndangane Sambou, Ndayane, Thiaroye, etc., d’importants efforts ont été constatés. « Beaucoup d’efforts ont été déployés par le gouvernement du Sénégal et nous ne pouvons que nous en féliciter », a relevé le chargé du programme Pêche de la Banque mondiale au Sénégal, Ioniarilala Radonirina.
Démarré en 2006 pour une période de trois ans, le Pni, financé par l’Union européenne, la coopération suisse et espagnole, ainsi que la Banque mondiale (Bm), a connu une première phase insatisfaisante avec des résultats très en deçà des attentes. Grâce à un rallonge de la Banque mondiale qui a accédé à la requête du gouvernement sénégalais, le programme a pu bénéficier d’une prolongation jusqu’au 15 mars dernier pour sa finalisation. C’est ainsi qu’au mois de janvier déjà, affirme le coordonnateur du Pni, Adama Diop, près de 8500 pirogues ont été recensées dans la base de données et 2500 pirogues marquées physiquement. Aujourd’hui 17500 pirogues figurent dans la base de données et 15200 pirogues ont été marquées physiquement. « Entre fin 2010 et début 2011, le programme a connu des résultats appréciables », s’est réjoui M. Diop.
Mobilité des pêcheurs
Toutefois, même si les acquis sont positifs, les groupements d’intérêts économiques (Gie) à qui la tache de marquer les pirogues a été confié ont rencontré parfois des difficultés. Celles-ci sont, pour la plupart, liées à la mobilité des pêcheurs qui migrent beaucoup en fonction de la disponibilité de la ressource. Si à Saint-Louis les pêcheurs sont plus attirés par la Mauritanie, dans d’autres localités, comme la petite Côte, nombreux sont les pêcheurs qui migrent vers la Gambie ou la Guinée-Bissau. Les cas de pirogues non encore marquées relevé sur le terrain sont liés principalement à ce mouvement des pêcheurs. Cela ralenti souvent le travail des marqueurs. Ndayane, une localité de pêcheurs sur le littoral, est un exemple. Sur les 309 pirogues que compte le parc de la localité, il n’y avait, au moment de notre passage, que quelque 50 embarcations, la majeure partie est en campagne soit à Joal ou à Djiffère. « Toutefois, précise le chef de poste de Ndayane, Baba Ndiaye, sur les 309 identifiées, les 308 ont été marquées et immatriculées ».
Dans d’autres localités comme Foundiougne, la configuration de la région est la source des difficultés rencontrées. « Nous sommes une région fortement insulaire et où on retrouve énormément de villages et de sites de débarquement, environ 62 sites ou centres de pêche dont les 40 sont des îles ; donc il s’est très souvent posé le problème de l’inaccessibilité », déplore le chef de service régional des pêches et de la surveillance de Fatick, Abdoul Aziz Ly. En plus, la région est frontalière avec la Gambie où de nombreux pêcheurs séjournent pendant longtemps avant de revenir dans leurs villages respectifs. « Ils pêchent et débarquent à des endroits différents, donc c’est un parc très mobile, et cela nous a posé énormément de problèmes », ajoute M. Ly, selon qui, l’équipe de marqueurs a finalement opté pour la stratégie de suivre les pêcheurs. « Depuis novembre, nous étions sur le terrain, on se déplace de village en village, île après île, et on campait toute l’équipe pendant deux ou trois jours avant de continuer », affirme M. Ly.
Cela a permis aujourd’hui de réussir globalement un grand bond dans cette deuxième phase du programme qui vise à bien connaître le parc piroguier national pour aménager les pêcheries et mieux gérer les ressources halieutiques.
Car, souligne le responsable de la Banque mondiale, le Pni est mis en œuvre dans un contexte de raréfaction des ressources halieutiques et de baisse de la rentabilité économique de la filière pêche. Sa bonne exécution devrait donc permettre de maîtriser le parc piroguier national pour mieux contrôler l’effort de pêche et réduire la pression sur les ressources halieutiques. « Nous travaillons avec le Sénégal en vue d’une meilleure gestion des ressources halieutiques », a indiqué le chargé du programme pêche de la Banque mondiale.
En effet, selon le coordonnateur du Pni, Adama Diop, si l’effort de pêche de la flotte industrielle est maîtrisé, il n’en est pas de même pour celui de la pêche artisanale qui connaît une surexploitation. Et dans la perspective d’inverser la tendance, il est assigné au Pni l’objectif spécifique de contribuer à la « maîtrise de l’effort de pêche artisanale » grâce à la mise en place d’une base de données fiable et d’un site web. « Nous voulons immatriculer et informatiser l’ensemble du parc piroguier et le marquer physiquement», a affirmé M. Diop.
Mieux gérer l’effectif
La restauration des ressources est primordiale pour permettre aux bénéficiaires, aussi les communautés des pêcheurs, les différents acteurs de la filière, que l’Etat d’en tirer meilleur profit, pense le responsable de la Banque mondiale. C’est aussi le sentiment de Mme Mariama Barry, coordonnatrice du Prao au Sénégal, selon qui, au départ, le Pni n’était pas prévu dans son programme, mais l’importance de la maîtrise du parc piroguier a fait que la Banque mondiale a accepté de prendre en charge la finalisation de l’immatriculation. « Quand on veut faire une gestion efficace des ressources, il faut d’abord savoir ce qu’on gère, c’est-à-dire connaître l’effectif », estime Mme Barry. Parallèlement à l’immatriculation, cette dernière a également annoncé un plan d’action pour renforcer les capacités de la direction de la protection et de la surveillance des Pêches qui a un rôle prépondérant dans la sauvegarde des ressources.
L’investissement de la Banque mondiale dans le secteur de la pêche au Sénégal porte sur trois programmes, notamment le programme de gestion intégrée des ressources halieutiques (Girmac), le projet de gestion durable des ressources halieutiques (Gdrh), et le programme régional des pêches en Afrique de l’Ouest (Prao) pour un portefeuille global de 26 millions de dollars. La cellule opérationnelle de mise en œuvre de la composante pêche (Como-pêche) est l’unité d’exécution des projets du portefeuille de la Banque mondiale dans le secteur de la pêche au Sénégal. Ces différents programmes s’inscrivent dans une dynamique d’appui à la restauration et la gestion durable des ressources halieutiques.
« Nous avons maintenant dépassé ce stade, et notre ambition, c’est d’assurer le suivi et la pérennisation de l’action, car il ne faudrait plus que les gens reviennent à la situation antérieure », estime Abdoul Aziz Ly, chef de service régional des pêches et de la surveillance de Fatick, Abdoul Aziz Ly, pour qui, il est nécessaire d’aller vers un système de quota, en agissant par exemple sur le système d’octroi des permis de pêche.
Dossier réalisé par Adama MBODJ
Source: Le Soleil