Depuis quelques années, les violences et les meurtres se succèdent à un rythme croissant à Saint-Louis. Et c’est la gent féminine qui paie le plus lourd tribut. La majorité des victimes est composée de femmes et de filles qui ne se sont jamais senties autant menacées. La question que l’on serait tenté de se poser est de savoir ce que les meurtriers ont contre les femmes. Le mystère reste entier. En l’espace de trois mois, trois femmes ont été sauvagement tuées. C’est le meurtre de la Française Pascale Jorland Bao, institutrice à l’école française de Saint-Louis et, depuis décembre dernier, agent consulaire au Consulat de France dans la ville tricentenaire, qui a le plus retenu l’attention cette année. Son corps a été retrouvé le 29 avril 2013, sur un terrain vague, non loin du fleuve, au quartier Nord où elle était logée. Pourtant, son mari, Ibrahima Bao, patron de la Direction de la communication et du marketing de l'Université Gaston Berger (Ugb), s'était rendu à la police pour faire part de sa disparition. Il sera plus tard arrêté par les limiers, puis placé sous mandat de dépôt par le Doyen des juges. Son inculpation est survenue avant-hier mercredi. Après quarante-huit heures de garde-à-vue renouvelée, le professeur de Sociologie à l'Ugb est déféré au parquet lundi.
Alors que certains soutenaient la thèse du suicide (les veines de la victime ont été coupées), l'enquête a révélé une mort par strangulation, à l’aide du foulard enroulé autour de son cou. Le corps a ensuite été déplacé et déposé à l’endroit où il a été découvert. Ces éléments ont poussé les limiers à suspecter le mari de la défunte. D'autres révélations ont été faites à l'issue des réquisitions à la Sonatel et des tests Adn sur les deux lames de rasoir retrouvées sur les lieux, commandés par le commissaire central Ibrahima Diop. Le couple qui a trois enfants traversait des moments difficiles après que le mari ait convolé en secondes noces. Le professeur Ibrahima Bao, mari de la défunte Pascale Jorland Bao, présumé auteur de ce crime, a passé hier sa deuxième nuit en détention. Dans cette affaire, l'ambassade de la France s'est constituée partie civile.
Florentine Sané lâchement tuée chez elle
Après Pascale Jorland Bao, c'est Florentine Sané qui est victime d’homicide. Cette demoiselle de quarante et un ans, employée de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) jusqu'à la fin de ses jours, a été retrouvée morte dans son domicile dans la commune de Richard-Toll. Le drame s’est produit le 17 mai dernier. Florentine Sané aurait été tuée avec une arme à feu. Célibataire, cette assistante sociale de la Css vivait seule dans son domicile, à Richard-Toll, dans un quartier bien isolé. Les meurtriers ont profité de cette quiétude des lieux pour commettre leur forfait. Après la découverte macabre par les gendarmes, une enquête a été ouverte afin d'élucider ce crime. Le ou les criminels courent toujours.
Ndèye Fatou Mbaye violée et assassinée
La dernière victime en date, Ndèye Fatou Mbaye, est partie à la fleur de l'âge. À 22 ans, elle laisse une famille meurtrie et un papa qui a toujours du mal à s'en remettre, du fait de la manière brusque dont la grande faucheuse l'a arrachée à leur affection. Ce crime est aussi révoltant que ceux précédemment relatés. Écailleuse au marché Pikine, la jeune Ndèye Fatou Mbaye a été violée dans la nuit du 6 juin. Ses bourreaux l’ont ensuite tuée avant de l’abandonner dans une maison en construction dans ce même quartier. Son corps sans vie a été découvert au petit matin, le visage et le nez remplis de sable. Preuve que ses bourreaux ont fait valoir leur force sur elle, elle qui était sans défense, au milieu de la nuit, vers les coups de 00 heure. C’est à cette heure qu’elle revenait du restaurant que gère l'une de ses amies pour rentrer chez elle répondre à sa maman qui avait envoyé quelqu’un l’appeler. La défunte a été enterrée le mercredi matin, au cimetière de Ngaye Ngaye, à quelques kilomètres de Saint-Louis. L'enquête suit son cours. Et jusque-là, aucune interpellation n'a été faite alors que sa famille, ses proches et la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) continuent de réclamer la justice autour de cette affaire.
Au quartier de Pikine, les cas de viols et d’agressions sur les femmes et les jeunes filles sont récurrents. Adama Diallo aussi en a été victime. Cette jeune dame, mère d'un enfant, a frôlé la mort. N'eût été l'intervention de ses voisins, elle ne s'en serait pas tirée puisque son bourreau s'en est pris à elle dans sa chambre et au beau milieu de la nuit. Cela, en l'absence de son mari, parti faire fortune sous d'autres cieux. Elle s'en sortira avec une blessure à la cuisse, causée par le coup de couteau que son agresseur lui a planté. 2013 n’est pas encore rose pour les femmes, qui sont victimes de toutes formes de violences, de viols et de meurtres. Et les auteurs de ces actes barbares, pour certains cas, demeurent introuvables. En attendant, l’angoisse et la peur font partie du quotidien des femmes, qui lancent un appel aux autorités pour que cesse cette vague de violences et de meurtres.
Les femmes réclament le retour de la peine de mort
Ces innombrables homicides scabreux créent la psychose chez les femmes et en particulier les jeunes filles qui sont les premières cibles des malfaiteurs. Les quelques filles rencontrées hier dans des artères de la vieille ville ont exprimé toutes leurs inquiétudes face à cette insécurité croissante dans la ville. Ndèye Astou Fall, habitante du quartier de Diaminare souligne qu’à cause de «ces actes cruels», elle est contrainte de rester chez elle la nuit, évitant ainsi les sorties dans l’obscurité. «Je fais toutes mes courses avant le crépuscule. Avec l'insécurité grandissante, je ne m'évertue plus à sortir la nuit. S’il y a urgence, je me fais accompagner ou j’envoie les hommes s’en charger», précise-t-elle. Pour Fanta Ba, il est temps que la justice sénégalaise inflige une correction sérieuse aux auteurs de ces crimes afin de les dissuader de ces genres d'actes. «Je ne peux pas comprendre que l'on viole et tue une jeune fille qui avait toute la vie devant elle, ensuite aller se reposer en prison durant juste quelques années et revenir dans la société pour vivre tranquillement comme tous les autres membres de cette société.
Ce n'est pas normal», condamne la trentenaire. Cette femme rencontrée au quartier de Diameguène de Saint-Louis est d’avis qu’«on doit faire revenir la peine de mort». Elle estime ainsi que «seule cette sanction extrême peut détourner les malfaiteurs de leurs intentions immorales». Embouchant la même trompette, cette étudiante dans un institut privé à Saint-Louis condamne, par ailleurs, la précarité de plus en plus croissante dans laquelle vit la femme sénégalaise. «Ces crimes révèlent la fragilité progressive de la femme. Nous ne pouvons plus vaquer tranquillement à nos occupations. La femme n’est plus libre. D'où la nécessité de prendre des sanctions lourdes afin de la protéger.»
Par Aïda Coumba DIOP | Wal Fadjri |
Alors que certains soutenaient la thèse du suicide (les veines de la victime ont été coupées), l'enquête a révélé une mort par strangulation, à l’aide du foulard enroulé autour de son cou. Le corps a ensuite été déplacé et déposé à l’endroit où il a été découvert. Ces éléments ont poussé les limiers à suspecter le mari de la défunte. D'autres révélations ont été faites à l'issue des réquisitions à la Sonatel et des tests Adn sur les deux lames de rasoir retrouvées sur les lieux, commandés par le commissaire central Ibrahima Diop. Le couple qui a trois enfants traversait des moments difficiles après que le mari ait convolé en secondes noces. Le professeur Ibrahima Bao, mari de la défunte Pascale Jorland Bao, présumé auteur de ce crime, a passé hier sa deuxième nuit en détention. Dans cette affaire, l'ambassade de la France s'est constituée partie civile.
Florentine Sané lâchement tuée chez elle
Après Pascale Jorland Bao, c'est Florentine Sané qui est victime d’homicide. Cette demoiselle de quarante et un ans, employée de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) jusqu'à la fin de ses jours, a été retrouvée morte dans son domicile dans la commune de Richard-Toll. Le drame s’est produit le 17 mai dernier. Florentine Sané aurait été tuée avec une arme à feu. Célibataire, cette assistante sociale de la Css vivait seule dans son domicile, à Richard-Toll, dans un quartier bien isolé. Les meurtriers ont profité de cette quiétude des lieux pour commettre leur forfait. Après la découverte macabre par les gendarmes, une enquête a été ouverte afin d'élucider ce crime. Le ou les criminels courent toujours.
Ndèye Fatou Mbaye violée et assassinée
La dernière victime en date, Ndèye Fatou Mbaye, est partie à la fleur de l'âge. À 22 ans, elle laisse une famille meurtrie et un papa qui a toujours du mal à s'en remettre, du fait de la manière brusque dont la grande faucheuse l'a arrachée à leur affection. Ce crime est aussi révoltant que ceux précédemment relatés. Écailleuse au marché Pikine, la jeune Ndèye Fatou Mbaye a été violée dans la nuit du 6 juin. Ses bourreaux l’ont ensuite tuée avant de l’abandonner dans une maison en construction dans ce même quartier. Son corps sans vie a été découvert au petit matin, le visage et le nez remplis de sable. Preuve que ses bourreaux ont fait valoir leur force sur elle, elle qui était sans défense, au milieu de la nuit, vers les coups de 00 heure. C’est à cette heure qu’elle revenait du restaurant que gère l'une de ses amies pour rentrer chez elle répondre à sa maman qui avait envoyé quelqu’un l’appeler. La défunte a été enterrée le mercredi matin, au cimetière de Ngaye Ngaye, à quelques kilomètres de Saint-Louis. L'enquête suit son cours. Et jusque-là, aucune interpellation n'a été faite alors que sa famille, ses proches et la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) continuent de réclamer la justice autour de cette affaire.
Au quartier de Pikine, les cas de viols et d’agressions sur les femmes et les jeunes filles sont récurrents. Adama Diallo aussi en a été victime. Cette jeune dame, mère d'un enfant, a frôlé la mort. N'eût été l'intervention de ses voisins, elle ne s'en serait pas tirée puisque son bourreau s'en est pris à elle dans sa chambre et au beau milieu de la nuit. Cela, en l'absence de son mari, parti faire fortune sous d'autres cieux. Elle s'en sortira avec une blessure à la cuisse, causée par le coup de couteau que son agresseur lui a planté. 2013 n’est pas encore rose pour les femmes, qui sont victimes de toutes formes de violences, de viols et de meurtres. Et les auteurs de ces actes barbares, pour certains cas, demeurent introuvables. En attendant, l’angoisse et la peur font partie du quotidien des femmes, qui lancent un appel aux autorités pour que cesse cette vague de violences et de meurtres.
Les femmes réclament le retour de la peine de mort
Ces innombrables homicides scabreux créent la psychose chez les femmes et en particulier les jeunes filles qui sont les premières cibles des malfaiteurs. Les quelques filles rencontrées hier dans des artères de la vieille ville ont exprimé toutes leurs inquiétudes face à cette insécurité croissante dans la ville. Ndèye Astou Fall, habitante du quartier de Diaminare souligne qu’à cause de «ces actes cruels», elle est contrainte de rester chez elle la nuit, évitant ainsi les sorties dans l’obscurité. «Je fais toutes mes courses avant le crépuscule. Avec l'insécurité grandissante, je ne m'évertue plus à sortir la nuit. S’il y a urgence, je me fais accompagner ou j’envoie les hommes s’en charger», précise-t-elle. Pour Fanta Ba, il est temps que la justice sénégalaise inflige une correction sérieuse aux auteurs de ces crimes afin de les dissuader de ces genres d'actes. «Je ne peux pas comprendre que l'on viole et tue une jeune fille qui avait toute la vie devant elle, ensuite aller se reposer en prison durant juste quelques années et revenir dans la société pour vivre tranquillement comme tous les autres membres de cette société.
Ce n'est pas normal», condamne la trentenaire. Cette femme rencontrée au quartier de Diameguène de Saint-Louis est d’avis qu’«on doit faire revenir la peine de mort». Elle estime ainsi que «seule cette sanction extrême peut détourner les malfaiteurs de leurs intentions immorales». Embouchant la même trompette, cette étudiante dans un institut privé à Saint-Louis condamne, par ailleurs, la précarité de plus en plus croissante dans laquelle vit la femme sénégalaise. «Ces crimes révèlent la fragilité progressive de la femme. Nous ne pouvons plus vaquer tranquillement à nos occupations. La femme n’est plus libre. D'où la nécessité de prendre des sanctions lourdes afin de la protéger.»
Par Aïda Coumba DIOP | Wal Fadjri |