Battling Siki (1897-1925) est un boxeur originaire de Saint-Louis au Sénégal. À 25 ans, il fut le premier Africain à devenir champion du monde. Ses divers noms illustrent bien la difficulté pour un Africain à s’insérer dans le monde occidental du début du XXe siècle.
Il est né avec le prénom et nom Baye Fall, puis il changea son prénom et devint Louis Fall. L’orthographe de son nom de famille changera parfois en Louis Phal. On lui attribue également ce prénom et nom : Amadou M’Barick Fall. Mais il sera connu surtout par son surnom « Battling Siki ». En 1897, les personnes nées à Saint-Louis – comme à Dakar, Gorée et Rufisque (les « Quatre Communes ») –, bénéficiaient de la citoyenneté française, alors que les autres habitants de la colonie avaient un statut d’indigènes. Adolescent, il plongeait du haut d’une falaise pour aller chercher dans la mer les pièces de monnaies jetées par les Français. Il est remarqué par une danseuse hollandaise qui lui propose de l’emmener vers l’Europe. C’est en France qu’il fait escale. Il prendra son indépendance en lavant la vaisselle. Puis à 15 ans, il commence sa carrière dans la boxe. Il commence entre 1912 et 1914 et livre 16 combats (8 victoires, 6 nuls, 2 défaites). La Première Guerre mondiale va interrompre sa carrière, puis il reprendra les gants de boxe en 1919. Il remportera 43 victoires, 2 nuls et 1 défaite. François Deschamps, qui est le manager de Georges Carpentier, boxeur préféré des Français et dernier champion du monde, propose une rencontre au stade Buffalo de Montrouge devant 40 000 personnes. Le combat se termine au 6e round par un uppercut du droit du boxeur franco-sénégalais. L’arbitre disqualifie Battling Siki, puis, sous la pression de la foule, accepte de donner la victoire près de 20 minutes plus tard. Deschamps fera appel le 26 septembre, mais sera débouté. Battling Siki remet en jeu son titre face à Mike McTigue en Irlande. Il sera déclaré vaincu après 20 rounds âprement disputés. Certains diront qu’il a perdu à cause d’un arbitrage « à domicile ». Par la suite, il perdra ses titres de champion d’Europe et de France par disqualification contre Émile Morelle. Il gagne encore deux combats par KO, puis part aux États-Unis où il perdra deux combats en novembre et décembre 1923. Il perdra son dernier combat en 1925 contre Paul Berlenbach. Elle ressemble à toutes les personnes de couleur qui ont connu la gloire trop tôt dans un monde où l’homme blanc est considéré comme la race dominante. Battling Siki devra subir des insultes racistes : « beaucoup de journalistes ont écrit que j’avais un style issu de la jungle, que j’étais un chimpanzé à qui on avait appris à porter des gants. Ce genre de commentaires me font mal. J’ai toujours vécu dans de grandes villes. Je n’ai jamais vu la jungle. » On lui reprochera d’aimer l’alcool et… les « femmes blanches ». Il se mariera avec deux femmes occidentales, ce qui était très mal vu à cette époque. Les journaux ne s’intéressent plus qu’à ses frasques. Le 15 décembre 1925, Louis Phal « Battling Siki », qui était sorti en disant à sa femme qu’il allait « faire un tour avec des amis » est retrouvé mort, au pied d’un immeuble de la 41è rue, dans le quartier de « Hell’s Kitchen », près de chez lui. Il a été abattu de deux balles dans le dos, tirées de près. Il n’avait que 28 ans.
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