Les Sénégalais se sont réveillés ce mercredi 10 septembre avec la très bonne nouvelle de la guérison du Guinéen, atteint d'Ebola, qui avait franchi la frontière entre le Sénégal et la Guinée, le 13 août 2014, pour échapper à la mise en quarantaine promise par les autorités sanitaires guinéennes. Cette nouvelle vient s'ajouter à celle qui a déclaré indemne les 67 personnes qui ont eu un contact avec le malade depuis son entrée au Sénégal.
Aujourd'hui, le sentiment le mieux partagé, y compris au plus haut niveau de l'Etat sénégalais, c'est que l'étudiant guinéen doit être expulsé, arguant du fait qu'il a clandestinement franchi les frontières. Ce qui n'est pas conforme à la vérité; les frontières n'étant pas officiellement fermées à cette période et la CEDEAO garantissant la liberté de circulation aux ressortissants de la zone.
Un autre argument, plus sérieux celui là pour sanctionner le jeune Guinéen d'une expulsion, à défaut de le mettre en prison, comme le mentionnait le Président Sall, résulte du dommage qu'il a causé au Sénégal, en y faisant entrer Ebola; ce qui a coûté cher au pays en termes d'image à l'extérieur et de risques potentiels de prolifération de la maladie (risques jugulés fort heureusement jusqu'ici).
Mon sentiment profond demeure toutefois que le Sénégal ne doit pas se précipiter pour expulser le jeune Guinéen.
Malgré la faute lourde qu'il a commise, volontairement ou involontairement, il demeure que sa présence au Sénégal a permis à notre pays d'accorder l'importance idoine à la prévention contre le virus Ebola, en équipant tous les postes frontaliers, terrestres, maritimes et aériens en matériels de détection de la maladie, et en sensibilisant efficacement les populations sur les comportements à adopter au niveau hygiénique notamment.
En outre, un dispositif interministériel de gestion du risque Ebola a été mis en place dans la période, alors qu'il devait l'être depuis six mois déjà, lorsque l'épidémie a fait son apparition en Guinée.
Le personnel de santé de l'hôpital de Fann a également testé en grandeur nature la prise en charge d'un cas réel d'Ebola; ce qui constitue un capital-expérience inestimable.
Tout ceci ne se serait sans doute pas produit si le Guinéen n'était pas entré au Sénégal. Et, dans ce cas, le pays aurait été très vulnérable à une menace plus importante (entrée de plusieurs malades d'Ebola et transmission du virus à d'autres personnes).
Le jeune Guinéen a donc apporté à la fois un mal et un bien.
Enfin, en permettant au Guinéen de poursuivre (sous contrôle médical) son séjour au Sénégal (dans le respect des règles fixée par la CEDEAO), notre pays y gagnerait en considération auprès des autres Nations africaines et mondiales et corrigerait quelque peu les erreurs qu'il a pu commettre dans la gestion des relations avec le voisin guinéen sur la gestion des frontières. Il y gagnerait aussi en consolidation du dispositif national de surveillance contre l'épidémie; le départ du Guinéen pouvant conduire prématurément les populations et les services publics à se relâcher, dans un moment où la menace Ebola est plus que jamais pressante.
Moubarack LO
Président du Mouvement pour un Sénégal Emergent (MOUSEM)
Aujourd'hui, le sentiment le mieux partagé, y compris au plus haut niveau de l'Etat sénégalais, c'est que l'étudiant guinéen doit être expulsé, arguant du fait qu'il a clandestinement franchi les frontières. Ce qui n'est pas conforme à la vérité; les frontières n'étant pas officiellement fermées à cette période et la CEDEAO garantissant la liberté de circulation aux ressortissants de la zone.
Un autre argument, plus sérieux celui là pour sanctionner le jeune Guinéen d'une expulsion, à défaut de le mettre en prison, comme le mentionnait le Président Sall, résulte du dommage qu'il a causé au Sénégal, en y faisant entrer Ebola; ce qui a coûté cher au pays en termes d'image à l'extérieur et de risques potentiels de prolifération de la maladie (risques jugulés fort heureusement jusqu'ici).
Mon sentiment profond demeure toutefois que le Sénégal ne doit pas se précipiter pour expulser le jeune Guinéen.
Malgré la faute lourde qu'il a commise, volontairement ou involontairement, il demeure que sa présence au Sénégal a permis à notre pays d'accorder l'importance idoine à la prévention contre le virus Ebola, en équipant tous les postes frontaliers, terrestres, maritimes et aériens en matériels de détection de la maladie, et en sensibilisant efficacement les populations sur les comportements à adopter au niveau hygiénique notamment.
En outre, un dispositif interministériel de gestion du risque Ebola a été mis en place dans la période, alors qu'il devait l'être depuis six mois déjà, lorsque l'épidémie a fait son apparition en Guinée.
Le personnel de santé de l'hôpital de Fann a également testé en grandeur nature la prise en charge d'un cas réel d'Ebola; ce qui constitue un capital-expérience inestimable.
Tout ceci ne se serait sans doute pas produit si le Guinéen n'était pas entré au Sénégal. Et, dans ce cas, le pays aurait été très vulnérable à une menace plus importante (entrée de plusieurs malades d'Ebola et transmission du virus à d'autres personnes).
Le jeune Guinéen a donc apporté à la fois un mal et un bien.
Enfin, en permettant au Guinéen de poursuivre (sous contrôle médical) son séjour au Sénégal (dans le respect des règles fixée par la CEDEAO), notre pays y gagnerait en considération auprès des autres Nations africaines et mondiales et corrigerait quelque peu les erreurs qu'il a pu commettre dans la gestion des relations avec le voisin guinéen sur la gestion des frontières. Il y gagnerait aussi en consolidation du dispositif national de surveillance contre l'épidémie; le départ du Guinéen pouvant conduire prématurément les populations et les services publics à se relâcher, dans un moment où la menace Ebola est plus que jamais pressante.
Moubarack LO
Président du Mouvement pour un Sénégal Emergent (MOUSEM)