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Lutte contre l’insécurité : La Police sort la petite artillerie

Jeudi 18 Août 2011

L’arrestation d’une redoutable bande de malfaiteurs qui écumaient Dakar, Saint-Louis, Mbour, Bambey, Tivaouane, Thiénaba est le prétexte pour les autorités policières de revenir sur l’insécurité qui règne au Sénégal.C’est pour dire que le fléau est pris à bras le corps par la police qui en appelle au concours de tous pour la sécurité publique des personnes et des biens.


Lutte contre l’insécurité : La Police sort la petite artillerie
La police sénégalaise est vivement préoccupée par le grand banditisme et la criminalité au Sénégal. A telle enseigne que celle-ci en appelle au concours et à la collaboration de tout le monde, avec au premier chef les hommes des médias, pour la libre circulation des personnes et de leurs biens dans tout le territoire national. Si la presse est invitée sur ce terrain, c’est parce que journaliste et policier partagent les mêmes méthodes de travail que sont l’enquête, l’investigation et autres. La police nationale veut une ‘sincère collaboration’ entre ces deux entités. C’est ainsi que les autorités policières ont fait face à la presse, hier, dans les locaux de la police centrale de Dakar. Avec notamment le commissaire central, Arona Sy, le chef de la Sûreté urbaine, Djibril Camara, ainsi que le colonel Alioune Ndiaye, chargé des relations publiques avec la police.

Le prétexte ayant conduit à ces échanges avec la presse est la récente arrestation d’une redoutable bande de malfaiteurs qui excellaient dans des cambriolages, vols à mains armées, blanchiment de capitaux, vols avec usage de véhicule et d’armes à feu et autres. Le cerveau de cette bande se nomme Mamadou Ndiaye ‘Boy Ndiaye’. Ses acolytes ont pour noms Cheikhouna Diakhaté (le premier à être arrêté), Alioune Badara Ciss alias ‘Lune’, El Hadji Abdoul Aziz Bâ (ancien militaire recruté du fait de sa forte corpulence) Abib Niakh et Aly Diagne alias ‘Boy Diop’. Ils ont tous un passé pénal pour avoir antérieurement été condamnés pour des faits similaires.

Les autorités policières révèlent que ces personnes ont à leurs actifs plusieurs braquages à Dakar, Saint-Louis, Thiès, Mbour, Tivaouane et Bambey. Dans ces localités, les malfaiteurs ont soustrait d’importantes sommes d’argent dans les agences, les pharmacies de Thiénaba, les carrières de Thiès, Rufisque, Pikine et de l’usine Sivop (Société ivoirienne de parfumerie).

Une bande de malfaiteurs à la dimension des Alex et Ino

A Dakar, une dizaine de magasins ont été attaqués par ces individus qui se faisaient passer pour des policiers, gagnant ainsi la confiance des vigiles préposés à la sécurité des lieux. L’enquête a révélé qu’ils utilisaient des véhicules préalablement volés à l’aide d’une fausse clé que détenait le nommé ‘Boy Ndiaye’, ‘véritable cerveau de la bande’, pour commettre les forfaits. C’est lui qui repérait les lieux à attaquer. Une fois sur les lieux, l’intellectuel du groupe, Aziz Bâ, parlait aux vigiles trouvés sur les lieux en s’adressant à eux en français pour gagner leur confiance. Abib Niakh, du fait de sa forte corpulence, agressait tout vigile qui leur opposait une résistance, avant de les ligoter. Quant à Cheikhouna, sa spécialité est l’ouverture des issues pour permettre à la bande d’accéder dans les locaux. Enfin, le sieur Aly Diagne dit ‘Boy Diop’ était le chauffeur attitré de la bande. Toujours en leur compagnie, il se chargeait de les convoyer dans les différents lieux visités.

L’argent acquis durant les cambriolages a servi à l’achat de biens, notamment des voitures, des motos et des terrains à usage d’habitation. Au total, les autorités policières révèlent que huit véhicules ont été saisis au cours de l’enquête dont un bus acquis par Habib Niakh à 14 millions de francs, du matériel électroménager, du bétail (six moutons). Le montant total des sommes d’argent volés s’élève à 200 millions de francs Cfa. Le titre de propriété du terrain d’une valeur d’un million 500 mille acquis par ‘Boy Ndiaye’ a été annexé à la procédure. Les deux engins Jakaarta, acquis par Aziz Bâ, ont été récupérés et gardés au commissariat central de Kaolack. A ce jour, tous ces biens ont été saisis et placés sous scellés.

BANDISTISME DANS LA CAPITALE : La police sénégalaise a-t-elle les moyens de sa politique ?

Tout le monde s’accorde sur le fait que la banlieue est la zone la plus criminogène de Dakar. Au point que certains observateurs désignent la capitale sénégalaise comme étant l’une des ‘capitales du crime’. Ceux qui ont l'habitude de fréquenter les sessions de Cour d'assises ne diront pas le contraire. Des militaires libérés de l'armée, se reconvertissent dans le banditisme, parce que l'armée ne leur a pas assuré une politique de réinsertion sociale. Ils viennent ainsi grossir le rang des délinquants. Aujourd’hui, il est sans conteste que les secteurs les plus dangereux de la capitale sont, entre autres, Colobane, Grand-Yoff, Parcelles assainies, Guédiawaye, Pikine, Keur Massar, Rufisque, Malika, Thiaroye, Diamaguene.

Lansar se distingue par un trafic de drogue incessant et ses cas d'agressions en série qui hantent le sommeil des citoyens de cette localité. La forêt classée de Keur Massar est le lieu où l'on jette le corps de ces personnes assassinées. C'est aussi le lieu où des filles sont violées à tour de bras. Le secteur de Grand-Dakar, malgré l'installation d'un poste de police depuis 2001, continue d'être un lieu où la circulation et la vente de la drogue font florès. Nous en voulons pour preuve la récente sortie de ses habitants qui dénonçaient une ‘passivité suspecte des autorités policières’.

Les alentours du stade de Thiaroye continuent d'être le lit d'agressions en série et de cas de meurtre, sous le regard impuissant des riverains. Cela signifie-t-il que ces zones sont moins sécurisées que les autres quartiers de la capitale ? La police sénégalaise est-elle suffisamment outillée en termes de logistiques et de moyens pour mener à bien sa mission de sécurité publique ? Qu'en est-il du vieillissement du corps de la police dont tout le monde fait état, au motif que cela fait plusieurs années que le concours n'a pas eu lieu ?

En tous les cas, la sécurité publique de la région de Dakar a en pris un sacré coup. A telle enseigne que circuler librement et rentrer chez soi sain et sauf devient quasi impossible. Et que dire de ces zones où la police n'explore que rarement, sinon jamais (forêt classée de Keur Massar, secteur des filaos de Hamo, Taïba Grand-Dakar, marché Colobane qui est le réceptacle des objets volés ?) Une situation qui amène les populations à dénoncer ce qu'elles appellent ‘l'inaction de la police’ face à des faits qualifiés de ‘flagrants délits’.

La criminalité a aujourd'hui pris un coup de genre, avec les individus de sexe féminin qui occupent la première marche du podium dans la délinquance. Les crimes de sang perpétrés sur des individus de sexe féminin font aussi légion. La preuve : le viol suivi d’assassinat de la fillette P. Diagne à Keur Massar ainsi que le meurtre de Penda Sène, survenu à Rufisque en 2006. La Malienne Alima Diarra a été tuée sous le regard impuissant de ses filles mineures ; une ressortissante chinoise a été tuée puis brûlée par son ex-employé, pour des arriérés de salaire. Et la virée nocturne d’Awa Bergane qui s’est transformée en agression sexuelle à la plage des Parcelles assainies participe à assombrir le tableau. L’affaire Fama Niane reste aussi gravée dans les mémoires. L’autre fait est la part non négligeable des étrangers dans la commission des infractions.

Pape NDIAYE
Source: Walf Fadjri


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