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Liberté d’expression : Le Sénégal sur une mauvaise pente

Jeudi 20 Décembre 2018

Liberté d’expression : Le Sénégal sur une mauvaise pente
Le nouveau Code des communications numériques, celui de la presse et la répression violente des manifestations sont, selon Article 19, la preuve de la régression des libertés d’expression au Sénégal. L’ONG a présenté ce mercredi son rapport 2017.
La loi portant Code des communications numériques votée récemment à l’Assemblée nationale préoccupe l’ONG Article 19. A l’occasion de la présentation, ce mercredi, du rapport 2017 de l’organisation, la présidente Fatou Jagne Senghor a déclaré que l’article 27 de cette loi est une ‘’grave menace’’ contre la liberté d’expression. ‘’C’est une disposition qui nous inquiète. Avec la possibilité de limiter la connexion, le régulateur peut s’immiscer dans nos communications et s’ingérer dans la neutralité du Net’’, s’inquiète-t-elle.
Fatou Jagne Senghor invite, ainsi, le chef de l’Etat Macky Sall à ne pas promulguer le texte. ‘’On espère que le président ne va pas le promulguer’’, lance-t-elle. Dans tous les cas, Article 19 se dit prêt à porter le combat comme d’autres organisations de la société civile. Les mécanismes internationaux seront saisis en cas de besoin.
L’ONG est d’autant plus inquiète que dans plusieurs pays, l’autorité a été tentée de limiter la connexion dans des moments décisifs. ‘’En janvier (2017), le Cameroun a connu des coupures de connexion internet dans le Nord-ouest et le Sud-ouest anglophones pendant 94 jours ainsi qu'en octobre, pendant 150 jours, en réponse aux protestations contre le gouvernement favorisant les Camerounais francophones’’. En République démocratique du Congo, les autorités ont donné l’ordre aux fournisseurs d’accès de réduire la vitesse de la connexion pour limiter le transport des images sur les réseaux sociaux.
‘’Le Code de la presse constitue un danger, une grande menace’’
De même que la communication numérique, le secteur des médias aussi inquiète l’ONG. Certes le Sénégal a de bons points sur ce critère d’appréciation, puisqu’aucun journaliste n’est en prison. Il s’y ajoute la liberté d’entreprendre dans ce domaine. Cependant, le code de la presse voté l’année dernière est loin de rassurer Fatou Jagne Senghor et Cie. ‘’Le Code de la presse constitue un danger, une grande menace. On nous parle de consensus, mais la réalité est que, après 10 ans de négociations, les gens étaient fatigués, il y a eu du forcing’’, regrette-t-elle.
Mme Senghor pense que certaines dispositions comme le délit de presse, l’offense au chef de l’Etat, l’insulte aux institutions doivent sauter. Ainsi, lorsque le président Macky Sall déclare qu’il n’y a pas de journaliste en prison, le Droit de l’hommiste se demande pourquoi alors garder les aspects liberticides de la loi, surtout que le juge peut toujours s’y appuyer pour envoyer les journalistes en prison. ‘’La réalité est en déphasage avec le discours’’, peste-t-elle.
Répression des manifestations
Parmi les indicateurs ayant connu une baisse au Sénégal, il y a les libertés dans l’espace civique et la transparence. Article 19 dit avoir noté un usage excessif de la violence contre les manifestants politiques et les étudiants. Fatou Jagne Senghor invite le régime de Macky Sall à respecter le droit à la manifestation pour apaiser le climat en perspective de la présidentielle de février 2019.
A noter que la Gambie est le pays qui a fait le plus de progrès du fait du changement de régime. Même si le droit à la manifestation reste insaisissable, selon l’ONG. Le Burundi quant à lui est dernier de la classe imputable aux violences ayant suivi l’élection contestée de Pierre Nkurunziza.

SENEWEB
 
 


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