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Lettre ouverte à Mr. Serigne M’Baye Thiam, Ministre de l’Éducation Nationale à l’occasion de l’ouverture des Assises nationales de l’Éducation

Vendredi 29 Août 2014

Monsieur le Ministre,
Je profite de la tenue des Assises nationales de l’Education qui vont réunir durant trois jours tous ceux qui cherchent à remettre notre éducation nationale sur les bons rails pour vous adresser ces quelques mots sur la situation des enseignants qui officient dans les coins les plus reculés de notre pays.

Je suis un acteur du système éducatif en poste à Kolda, plus précisément à Santancoye à 13 km de la ville, depuis l’année 2011, après l’obtention de mon diplôme de C.A.E.-C.E.M à la FASTEF, l’école de formation des professeurs à Dakar.

Le CEM de Santancoye fait partie des abris provisoires qui se reconstruisent à chaque rentrée scolaire, ce qui ne freine en rien l’ardeur et la volonté des enseignants qui encadrent des élèves qui en veulent, malgré les pesanteurs sociales. Pour preuve, sur un total de 29 candidats au BFEM 2013/2014, 22 ont été reçus au premier groupe avec 17 garçons et 5 filles, ce qui représente des résultats plus que satisfaisants comparés à la moyenne nationale.

Sans trompette, ni fanfare, nous enseignants de brousse, accomplissons au mieux notre devoir de citoyens pour former les élèves de l’intérieur du pays. Sans complaintes, nous relevons tous les défis en vivant dans la précarité la plus totale, dépourvus des moyens les plus élémentaires pour une vie décente : pas d’électricité, ni d’eau potable et j’en passe sur tous les dangers au quotidien liés à la vie en brousse. Côtoyer des serpents ou autres animaux sauvages ne sont plus un secret pour nous autres.
Pourtant nous sommes des citadins qui avons accepté d’aller servir dans la brousse et je voudrais qu’on ne s’arrête pas toujours sur des faits divers qui discréditent ces vaillants enseignants même si les cas de mœurs entre des enseignants et leurs jeunes élèves filles existent, beaucoup d’entre nous sensibilisons aussi au maximum les communautés et les familles sur l’intérêt de maintenir les filles à l’école.

Oui Monsieur le Ministre, nous sommes aussi des citadins souvent oubliés dans la brousse. Je sais que vous êtes venu à Kolda en mission plus précisément à Saré-Kouyatel et à Badion mais pensez plus tard à venir dans des zones plus reculées comme Santancoye où les gens font de bons résultats. Que les agents de votre ministère confortablement installés dans les bureaux à Dakar soient plus disposés à étudier nos dossiers de demande de rapprochement pour des postes en ville que nous reconstituons difficilement car déclarés perdus chaque année, afin que tout enseignant puisse se frotter, comme nous le faisons déjà depuis plusieurs années, à la réalité de la brousse qui est très formatrice et enrichissante surtout pour les jeunes enseignants, et que la boule puisse tourner pour tous.

Nous aussi avons fait le parcours du combattant pour obtenir nos diplômes en toute honnêteté et je vous encourage par ailleurs dans votre décision d’enrayer la fraude dans notre système éducatif. Continuez vos investigations dans ce domaine et vous verrez que le système dont vous avez hérité est complètement corrompu. Ces fraudes constatées et dénoncées par vos services ne sont pas propres à l’éducation seulement. La magouille est partout dans ce pays et on est tous complices, volontairement ou pas, de cette situation qui est le mal de notre société sénégalaise. Je sais que vous êtes un ancien enfant de troupe et que la magouille est bannie dans le jargon militaire et je vous prie de ne pas lâcher car c’est pour le bien des générations futures et la fierté des vrais enseignants qui ont l’amour de ce métier.

Monsieur le Ministre, je suis un fils d’enseignant et je ne suis pas tombé dans ce secteur par opportunisme comme il est coutume de nos jours car pour moi c’est un rêve d’enfant accompli et le respect et la reconnaissance filiale pour mon papa enseignant de la première génération, qui comme il le dit lui-même, a pour seule fierté de voir ses anciens élèves à des postes les plus renommés (ministres, ambassadeurs, hauts fonctionnaires) ici et ailleurs, sans avoir jamais reçu aucune décoration de reconnaissance pour sa noble œuvre. Peu importe car il est et restera toujours un héros pour ses enfants et tous les élèves qui ont eu à profiter de son immense savoir.

Monsieur le Ministre, mon vœu le plus cher serait qu’au bout de ces trois jours d’Assises nationales, les acteurs de l’éducation à savoir l’Etat, les enseignants toutes zones géographiques confondues, les partenaires de l’école ainsi que les toutes les bonnes volontés qui aiment ce pays et sa jeunesse, puissent réfléchir et surtout trouver des solutions aux maux qui gangrènent l’école sénégalaise.


Dakar 28/08/2014
SYT, Enseignant à Santancoye (13 km de Kolda)



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1.Posté par progres le 29/08/2014 17:10
et les autres fonctionnaires qui officient en brousse? ne nous fatiguez pas

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