Selon une récente étude, le tabagisme affecte entre 15% et 50% des Sénégalais selon les catégories socioprofessionnelles
Mais un consensus peine à se dégager dans le pays sur l’interdiction totale du tabac dans les lieux publics
La proposition de loi s’intéresse surtout au tabagisme en milieu scolaire : l’étude référencée plus haut estime en effet qu’au moins 18% des élèves âgés de 11 à 18 ans fument dans la région de Dakar, ce qui est susceptible de causer, à long terme, un véritable problème de santé publique.
Le vote va intervenir après des enquêtes sur la prévalence du tabagisme, qui ont révélé des taux plutôt élevés dans le pays : 15% chez les sportifs, 35 à 40% chez les veilleurs de nuit, 45 à 50% chez les apprentis et chauffeurs des cars de transport en commun et 25% en milieu universitaire.
Les discussions autour du projet de loi ont permis d’aboutir à un consensus sur quatre points clés, mais le gouvernement et la société civile, emmenée par la Ligue Sénégalaise Anti-tabac (Listab) ne sont pas tombés d’accord sur l’interdiction totale du tabac dans les lieux publics.
La Listab exige des espaces « 100% non-fumeurs » (hôpitaux, restaurants, écoles, aéroports), mais les autorités souhaitent dans ces espaces des endroits réservés aux fumeurs.
Le texte a déjà été adopté en commission technique et va être débattu très prochainement en plénière.
Les activistes comptent sur les débats en plénière pour avancer sur ce point.
En revanche, il y a d’ores et déjà eu un accord entre les autorités et les autres acteurs sur quatre autres points d’égale importance, notamment l’interdiction totale de la publicité sur le tabac et de toute ingérence de l’industrie du tabac, une taxation plus sévère et la mise en garde sanitaire.
"Lobby" du tabac
La Listab explique que le texte interdit toute ingérence de l'industrie du tabac dans les politiques de développement ou de santé de l’Etat.
Djibril Wélé, secrétaire de la Listab, précise que "cette disposition interdit aux industriels du tabac d’interférer dans ces politiques. Ils ne doivent pas discuter ou faire des propositions à nos gouvernements sur la politique sanitaire. Vous savez, ces gens aussi ont leurs tactiques, plus ou moins indirectes, et ils rencontrent parfois des responsables du ministère de la Santé ou certaines autorités. Eux aussi, ils essaient de défendre leur marketing. Nous l’avons compris. C’est pourquoi le texte dit que si les industriels doivent rencontrer les autorités, il faut que cela se passe dans la transparence."
Concernant la mise en garde sanitaire, c’est-à-dire la mention en caractères bien lisibles sur les boîtes de cigarettes de la dangerosité du tabac, le Sénégal veut exiger que les messages figurent sur 70% au moins de l’emballage extérieur du produit. Selon les recommandations de l’OMS, ces mises en garde doivent couvrir au moins 30% de l’emballage.
Le Gabon, dernier pays africain à voter une loi anti-tabac, a fixé l’envergure du message à 60% de l’emballage.
La taxation sur le tabac va également augmenter pour couvrir des projets comme la couverture des maladies. Actuellement le Sénégal est à 45% de taux de taxation, ce qui correspond au plafond recommandé par l’UEMOA (Union Economique et Monétaire d’Afrique de l’Ouest).
Mais la loi va autoriser un ou des taux plus élevés, en attendant que les pays de l’UEMOA ne se mettent d’accord sur une taxation plus élevée.
Un atelier de plaidoyer auprès des parlementaires de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA a récemment demandé aux Etats de faire en sorte que le système de taxation pratiqué permette une hausse effective et continue des prix des produits du tabac.
L’atelier recommande de mettre en place une taxation spécifique en lieu et place du système de taxation ad valorem pratiqué jusqu’ici.
Il faut signaler qu’une étude menée dans le milieu scolaire dakarois montre une prévalence de 18 à 19% chez les élèves âgés de 11 à 18 ans. Les chercheurs recommandent aux autorités de mettre en place une politique de prévention efficace, surtout dans les établissements scolaires.
Interrogé par SciDev.Net, Abdoulaye Samb, chef du département de biologie et d'exploration fonctionnelle de l’Université Cheikh Anta Diop, qui a dirigé l’enquête, estime que "cela montre que le tabac a une prévalence élevée ; de plus, quand on tient compte de la notion de dépendance, on peut craindre que ces adolescents restent fumeurs jusqu'à l’âge adulte et même au-delà. L'augmentation du tabagisme chez les élèves pourrait être expliquée par certains facteurs tels que la disponibilité du tabac, les stratégies des sociétés de fabrication du tabac et l'absence ou la non-application de la législation anti-tabac. Il est donc urgent pour les autorités de prendre des mesures vigoureuses contre le tabagisme."
SciDev.Net/Jean Shiloh
Mais un consensus peine à se dégager dans le pays sur l’interdiction totale du tabac dans les lieux publics
La proposition de loi s’intéresse surtout au tabagisme en milieu scolaire : l’étude référencée plus haut estime en effet qu’au moins 18% des élèves âgés de 11 à 18 ans fument dans la région de Dakar, ce qui est susceptible de causer, à long terme, un véritable problème de santé publique.
Le vote va intervenir après des enquêtes sur la prévalence du tabagisme, qui ont révélé des taux plutôt élevés dans le pays : 15% chez les sportifs, 35 à 40% chez les veilleurs de nuit, 45 à 50% chez les apprentis et chauffeurs des cars de transport en commun et 25% en milieu universitaire.
Les discussions autour du projet de loi ont permis d’aboutir à un consensus sur quatre points clés, mais le gouvernement et la société civile, emmenée par la Ligue Sénégalaise Anti-tabac (Listab) ne sont pas tombés d’accord sur l’interdiction totale du tabac dans les lieux publics.
La Listab exige des espaces « 100% non-fumeurs » (hôpitaux, restaurants, écoles, aéroports), mais les autorités souhaitent dans ces espaces des endroits réservés aux fumeurs.
Le texte a déjà été adopté en commission technique et va être débattu très prochainement en plénière.
Les activistes comptent sur les débats en plénière pour avancer sur ce point.
En revanche, il y a d’ores et déjà eu un accord entre les autorités et les autres acteurs sur quatre autres points d’égale importance, notamment l’interdiction totale de la publicité sur le tabac et de toute ingérence de l’industrie du tabac, une taxation plus sévère et la mise en garde sanitaire.
"Lobby" du tabac
La Listab explique que le texte interdit toute ingérence de l'industrie du tabac dans les politiques de développement ou de santé de l’Etat.
Djibril Wélé, secrétaire de la Listab, précise que "cette disposition interdit aux industriels du tabac d’interférer dans ces politiques. Ils ne doivent pas discuter ou faire des propositions à nos gouvernements sur la politique sanitaire. Vous savez, ces gens aussi ont leurs tactiques, plus ou moins indirectes, et ils rencontrent parfois des responsables du ministère de la Santé ou certaines autorités. Eux aussi, ils essaient de défendre leur marketing. Nous l’avons compris. C’est pourquoi le texte dit que si les industriels doivent rencontrer les autorités, il faut que cela se passe dans la transparence."
Concernant la mise en garde sanitaire, c’est-à-dire la mention en caractères bien lisibles sur les boîtes de cigarettes de la dangerosité du tabac, le Sénégal veut exiger que les messages figurent sur 70% au moins de l’emballage extérieur du produit. Selon les recommandations de l’OMS, ces mises en garde doivent couvrir au moins 30% de l’emballage.
Le Gabon, dernier pays africain à voter une loi anti-tabac, a fixé l’envergure du message à 60% de l’emballage.
La taxation sur le tabac va également augmenter pour couvrir des projets comme la couverture des maladies. Actuellement le Sénégal est à 45% de taux de taxation, ce qui correspond au plafond recommandé par l’UEMOA (Union Economique et Monétaire d’Afrique de l’Ouest).
Mais la loi va autoriser un ou des taux plus élevés, en attendant que les pays de l’UEMOA ne se mettent d’accord sur une taxation plus élevée.
Un atelier de plaidoyer auprès des parlementaires de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et de l’UEMOA a récemment demandé aux Etats de faire en sorte que le système de taxation pratiqué permette une hausse effective et continue des prix des produits du tabac.
L’atelier recommande de mettre en place une taxation spécifique en lieu et place du système de taxation ad valorem pratiqué jusqu’ici.
Il faut signaler qu’une étude menée dans le milieu scolaire dakarois montre une prévalence de 18 à 19% chez les élèves âgés de 11 à 18 ans. Les chercheurs recommandent aux autorités de mettre en place une politique de prévention efficace, surtout dans les établissements scolaires.
Interrogé par SciDev.Net, Abdoulaye Samb, chef du département de biologie et d'exploration fonctionnelle de l’Université Cheikh Anta Diop, qui a dirigé l’enquête, estime que "cela montre que le tabac a une prévalence élevée ; de plus, quand on tient compte de la notion de dépendance, on peut craindre que ces adolescents restent fumeurs jusqu'à l’âge adulte et même au-delà. L'augmentation du tabagisme chez les élèves pourrait être expliquée par certains facteurs tels que la disponibilité du tabac, les stratégies des sociétés de fabrication du tabac et l'absence ou la non-application de la législation anti-tabac. Il est donc urgent pour les autorités de prendre des mesures vigoureuses contre le tabagisme."
SciDev.Net/Jean Shiloh