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Le 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais célébré dans la solennité

Dimanche 1 Décembre 2024

Le Sénégal commémore officiellement ce dimanche le 80ᵉ anniversaire du massacre des tirailleurs, perpétré le 1ᵉʳ décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, dans le département de Pikine.

La cérémonie officielle, présidée par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, se déroule en présence de plusieurs chefs d’État africains, dont Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice de l’Union africaine (UA) et de la Mauritanie, et de ses homologues de la Gambie, Adama Barro, de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, du Gabon, Brice Oligui Nguéma, et des Comores Assoumani Azali.

Le Premier ministre, Ousmane Sonko et plusieurs membres du gouvernement, des autorités militaires, des élus, des représentants de missions diplomatiques et d’institutions internationales accrédités au Sénégal, sont présents à cette cérémonie.

Des délégations de la France, du Cameroun, de Djibouti, du Tchad, du Burkina Faso prennent part également à cette commémoration.

Les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires originaires de pays d’Afrique subsaharienne incorporé aux troupes coloniales.

L’épithète ‘’sénégalais’’ leur est collé parce que c’est au Sénégal que s’est formé en 1857 le premier régiment de tirailleurs africains.

C’est le général Louis Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, qui crée le corps des tirailleurs sénégalais, suite à un décret signé par Napoléon III le 21 juillet 1857, pour pallier le manque d’effectifs de la France métropolitaine.

Lors de la Première Guerre mondiale (1914-18), environ 200 000 tirailleurs originaires d’Afrique occidentale française (AOF) sont mobilisés sous le drapeau français.

Plus de 135 000 sont envoyés sur les théâtres d’opération en Europe et quelque 30 000 soldats du corps des tirailleurs y ont trouvé la mort et beaucoup d’entre eux sont revenus blessés ou invalides.

Entre 1939 et 1944, près de 140 000 Africains sont engagés par la France, constituant ainsi la moitié des effectifs des forces françaises qui ont participé à la libération de la France occupée par l’Allemagne nazie.

Le 23 août 1944, c’est un régiment de tirailleurs sénégalais qui libère la ville de Toulon, à la suite du débarquement de Provence. Cette date avait été choisie, en 2004, par le président Abdoulaye Wade (2000-2012) pour célébrer une Journée internationale des tirailleurs sénégalais.

Les tirailleurs sénégalais se sont battus pour l’Empire colonial français, dont les autorités les engagent dans des conflits qui ont opposé la France à ses colonies : en Indochine (1946-1954), en Algérie (1954-1962), à Madagascar (1947).

Aux tirailleurs qui ont été massacrés le 1ᵉʳ décembre 1944 à Thiaroye, le poète Léopold Sédar Senghor a dédié un de ses plus célèbres poèmes, dans le recueil « Hosties noires ».

Divergences sur le bilan du massacre de Thiaroye

Le premier décembre 1944, des tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après la Seconde Guerre mondiale, sont massacrés par l’armée française alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.

En novembre 1944, 1 280 soldats, selon des chiffres officiels, issus de différents territoires de l’Afrique occidentale française, sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar, avant d’être tués à l’arme automatique.

Ces tirailleurs viennent des colonies de la Côte d’Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin), du Gabon, de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de l’Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Sénégal, du Soudan français (actuel Mali), du Niger et du Togo.

Pour accélérer leur retour en Afrique après la libération de la France, les autorités promettent de payer leurs soldes une fois arrivés à Dakar.

Arrivés au Sénégal le 21 novembre 1944, ils sont installés en tant qu’anciens combattants dans un camp militaire, à Thiaroye. Les soldats continuent la procédure pour se faire payer leurs indemnités et le versement du pécule couvrant quatre ans (1940-44), correspondant à la période où ils ont été faits prisonniers.

Sur leur insistance, le commandant leur donne rendez-vous sur la place des armes. Le 1ᵉʳ décembre 1944, à l’aube, ils sont réveillés au clairon. Le haut-commandement leur demande de se rassembler sur l’esplanade du camp. Là, ils s’aperçoivent que le camp est complètement encerclé par divers régiments. Le haut-commandement de l’armée française fait alors ouvrir le feu sur des centaines de soldats démobilisés.

Encore aujourd’hui, il y a divergence sur le nombre de morts dans ce massacre. Si deux rapports officiels français différents parlent respectivement de 35 et 70 morts, certains historiens considèrent que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d’hommes tombés sous les balles de leurs camarades soldats.



L’historien sénégalais Mbaye Guèye dénombre 191 tués. Aucune de ces hypothèses ne peut encore être étayée sérieusement, parce que les archives militaires françaises n’ont pas été ouvertes.

Selon l’historienne Rokhaya Fall, le nombre de tirailleurs ayant péri lors du massacre perpétré par l’armée coloniale française à Thiaroye le 1ᵉʳ décembre dépasse celui officiellement déclaré.

« Quand nous sommes arrivés en France, on nous a présenté les actes de décès de 1944. Déjà, ils étaient au nombre de 44. Mais nous nous sommes dit qu’un événement de cette nature, avec la gravité des faits, les conséquences devaient nécessairement aller au-delà de 1944 », a-t-elle expliqué.

« Nous avons demandé les registres de 1945. C’est au niveau de ces registres que nous avons trouvé beaucoup d’actes de décès en provenance de l’hôpital Principal de Dakar », a ainsi ajouté la professeure.

Selon Rokhaya Fall, même si ces documents attestent a priori que ce sont ceux des victimes du massacre, au regard de leur nombre élevé, la prudence doit être de mise afin de « faire un tri pour voir les décès qui sont directement liés à l’événement ».

« La délégation s’est intéressée aussi aux journaux de l’époque, à des fonds iconographiques », a-t-elle poursuivi, indiquant que « les journaux tels que Le Télégramme, L’Aurore, ont rapporté des scènes de vie et la trajectoire des prisonniers africains ».

« Ces témoignages ont permis d’ajouter un vécu dramatique aux milliers de soldats, qui, pour la plupart, n’étaient pas encore identifiés. De même, certaines sources iconographiques ont permis de mettre un visage sur certains prisonniers de guerre », a-t-elle avancé.

A l’en croire, ‘’la mission a appréhendé aussi des trous dans les archives, des trous qui expliquent les ombres, c’est la question du carré. Il y a eu des listes nominatives de prisonniers sénégalais, trouvés dans les archives des départements’’.

APS
 


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