Face à la hausse des départs de migrants vers les côtes européennes, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, en visite à Tunis lundi, a promis une enveloppe de 25,8 millions d'euros à la Tunisie pour aider les autorités à l'achat d'équipements nécessaire à la surveillance des traversées de migrants vers l'Europe. Une aide qui doit servir également à la formation des policiers et des garde-frontières tunisiens.
Le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin a annoncé, lundi 19 juin, à Tunis l'octroi par la France de près de 26 millions d'euros à la Tunisie pour l'aider à lutter contre l'immigration irrégulière.
Cette "aide bilatérale de 25,8 millions dédiée aux questions migratoires" va permettre à la Tunisie d'"acquérir des équipements nécessaires et organiser les formations utiles, notamment des policiers et garde-frontières tunisiens".
Elle s'ajoutera à une enveloppe de 105 millions d'euros annoncée il y a une semaine par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour soutenir la Tunisie dans la lutte "contre l'immigration irrégulière".
Le don français devra servir "à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions", a précisé Gérald Darmanin.
Les départs depuis la Tunisie vers les côtes européennes, notamment en direction de l'Italie ont grimpé en flèche depuis janvier 2023. En mai, l'agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) a compté 1 100 % de traversées en plus que l’an dernier à la même époque.
La responsabilité des pays d'origine pointée du doigt
Après avoir rencontré, avec son homologue allemande Nancy Faeser, le président Kaïs Saïed, Gérald Darmanin a repris une formule utilisée récemment par le dirigeant tunisien, selon laquelle "la Tunisie n'est pas le garde-frontière de l'Europe".
"Ce n'est pas la vocation de la Tunisie d'être le garde-frontière de l'Europe, a-t-il ajouté, estimant qu'il revenait aux pays d'origine des migrants d'Afrique subsaharienne transitant par la Tunisie "de faire en sorte qu'il y ait un minimum de départs".
Kaïs Saïed a, quant à lui, prévenu en recevant les deux ministres que la Tunisie "ne sera la gardienne" que de ses propres frontières. "Nous n'accepterons pas non plus que la Tunisie devienne un pays de réinstallation" pour migrants, a ajouté.
Il a appelé à "briser le cercle vicieux" de l'immigration clandestine avec une nouvelle approche pour y faire face, notamment en remédiant "aux causes" de ce phénomène.
Sur une ligne dure face à l'immigration dans son pays, le président tunisien avait annoncé en février des mesures de répression à l'encontre des migrants d'Afrique subsaharienne vivant dans le pays.
Le dirigeant s'en était alors pris aux migrants subsahariens dans un discours très violent, ce qui avait conduit à la multiplication des cas d’agressions contre des ressortissants d’Afrique subsaharienne en Tunisie.
Depuis ce discours polémique, nombre d'entre eux cherchent à quitter le pays, ce qui peut expliquer en partie la hausse des départs vers les côtes européennes.
"Une approche européenne face au défi migratoire"
La Tunisie est aussi un point de passage vers l'Europe. De nombreux migrants originaires d'Afrique subsaharienne arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d'immigrer clandestinement par la mer vers les côtes européennes, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa.
"La Tunisie est la première victime de cette immigration irrégulière et nous voulons l'assurer de toute notre solidarité", a estimé Gérald Darmanin.
Il a défendu "une approche européenne face au défi migratoire ainsi qu'avec les pays d'Afrique", afin "de lutter contre les réseaux de passeurs" et "accompagner le retour et la réinstallation [des migrants, ndlr] dans leurs pays d'origine".
Le ministre français a également indiqué qu'il avait soumis aux autorités tunisiennes une liste de personnes qu'il souhaitait renvoyer dans leur pays.
Évoquant le récent naufrage d'un bateau de migrants en Grèce, il a estimé que "trop de personnes prennent des risques inconsidérés, souvent exploitées par des passeurs qui sont de véritables criminels que nous devons combattre". Mme Faeser a pour sa part estimé indispensable de "mettre fin à ces terribles morts en mer".
Des bateaux en métal et les manœuvres dangereuses des garde-côtes tunisiens
La hausse des traversées de migrants vers l'Europe s'explique également par de nouvelles pratiques des passeurs, explique InfoMigrants. En cause, l’emploi d’embarcations d’un nouveau genre par ces trafiquants : "des esquifs en métal construits en moins d'une journée sur les plages pour environ 1 000 euros l’unité", révèle le site d'information.
Mais ces bateaux, particulièrement empruntés depuis la Tunisie, sont encore plus instables et fragiles que les longues barques en bois ou les canots pneumatiques, déjà très dangereux face aux vagues méditerranéennes. Seuls 20 centimètres "séparent les migrants de l'eau. À la première vague qui arrive sur le bateau, il coule immédiatement", prévient Jean Janssen, de l'ONG de sauvetage en Méditerranée ResQship.
Ces embarcations sont la cause de nombreux naufrages ces derniers mois. "Le mois d'avril a été particulièrement meurtrier au large de la Tunisie. Une série de naufrages a fait plus de 70 morts près des côtes tunisiennes", rappelle InfoMigrants.
Le comportement des garde-côtes tunisiens est aussi mis en cause dans ces drames. D'après les témoignages d'exilés recueillis par InfoMigrants, les forces tunisiennes sont accusées d'opérer des manœuvres dangereuses près des embarcations, provoquant des naufrages.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 406 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée – orientale, centrale et occidentale – en 2022, soit une hausse de 16,7 % sur un an. Depuis début 2023, 1 166 décès ou disparitions ont déjà été répertoriés.
Avec AFP et Reuters\
Le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin a annoncé, lundi 19 juin, à Tunis l'octroi par la France de près de 26 millions d'euros à la Tunisie pour l'aider à lutter contre l'immigration irrégulière.
Cette "aide bilatérale de 25,8 millions dédiée aux questions migratoires" va permettre à la Tunisie d'"acquérir des équipements nécessaires et organiser les formations utiles, notamment des policiers et garde-frontières tunisiens".
Elle s'ajoutera à une enveloppe de 105 millions d'euros annoncée il y a une semaine par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour soutenir la Tunisie dans la lutte "contre l'immigration irrégulière".
Le don français devra servir "à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions", a précisé Gérald Darmanin.
Les départs depuis la Tunisie vers les côtes européennes, notamment en direction de l'Italie ont grimpé en flèche depuis janvier 2023. En mai, l'agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) a compté 1 100 % de traversées en plus que l’an dernier à la même époque.
La responsabilité des pays d'origine pointée du doigt
Après avoir rencontré, avec son homologue allemande Nancy Faeser, le président Kaïs Saïed, Gérald Darmanin a repris une formule utilisée récemment par le dirigeant tunisien, selon laquelle "la Tunisie n'est pas le garde-frontière de l'Europe".
"Ce n'est pas la vocation de la Tunisie d'être le garde-frontière de l'Europe, a-t-il ajouté, estimant qu'il revenait aux pays d'origine des migrants d'Afrique subsaharienne transitant par la Tunisie "de faire en sorte qu'il y ait un minimum de départs".
Kaïs Saïed a, quant à lui, prévenu en recevant les deux ministres que la Tunisie "ne sera la gardienne" que de ses propres frontières. "Nous n'accepterons pas non plus que la Tunisie devienne un pays de réinstallation" pour migrants, a ajouté.
Il a appelé à "briser le cercle vicieux" de l'immigration clandestine avec une nouvelle approche pour y faire face, notamment en remédiant "aux causes" de ce phénomène.
Sur une ligne dure face à l'immigration dans son pays, le président tunisien avait annoncé en février des mesures de répression à l'encontre des migrants d'Afrique subsaharienne vivant dans le pays.
Le dirigeant s'en était alors pris aux migrants subsahariens dans un discours très violent, ce qui avait conduit à la multiplication des cas d’agressions contre des ressortissants d’Afrique subsaharienne en Tunisie.
Depuis ce discours polémique, nombre d'entre eux cherchent à quitter le pays, ce qui peut expliquer en partie la hausse des départs vers les côtes européennes.
"Une approche européenne face au défi migratoire"
La Tunisie est aussi un point de passage vers l'Europe. De nombreux migrants originaires d'Afrique subsaharienne arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d'immigrer clandestinement par la mer vers les côtes européennes, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa.
"La Tunisie est la première victime de cette immigration irrégulière et nous voulons l'assurer de toute notre solidarité", a estimé Gérald Darmanin.
Il a défendu "une approche européenne face au défi migratoire ainsi qu'avec les pays d'Afrique", afin "de lutter contre les réseaux de passeurs" et "accompagner le retour et la réinstallation [des migrants, ndlr] dans leurs pays d'origine".
Le ministre français a également indiqué qu'il avait soumis aux autorités tunisiennes une liste de personnes qu'il souhaitait renvoyer dans leur pays.
Évoquant le récent naufrage d'un bateau de migrants en Grèce, il a estimé que "trop de personnes prennent des risques inconsidérés, souvent exploitées par des passeurs qui sont de véritables criminels que nous devons combattre". Mme Faeser a pour sa part estimé indispensable de "mettre fin à ces terribles morts en mer".
Des bateaux en métal et les manœuvres dangereuses des garde-côtes tunisiens
La hausse des traversées de migrants vers l'Europe s'explique également par de nouvelles pratiques des passeurs, explique InfoMigrants. En cause, l’emploi d’embarcations d’un nouveau genre par ces trafiquants : "des esquifs en métal construits en moins d'une journée sur les plages pour environ 1 000 euros l’unité", révèle le site d'information.
Mais ces bateaux, particulièrement empruntés depuis la Tunisie, sont encore plus instables et fragiles que les longues barques en bois ou les canots pneumatiques, déjà très dangereux face aux vagues méditerranéennes. Seuls 20 centimètres "séparent les migrants de l'eau. À la première vague qui arrive sur le bateau, il coule immédiatement", prévient Jean Janssen, de l'ONG de sauvetage en Méditerranée ResQship.
Ces embarcations sont la cause de nombreux naufrages ces derniers mois. "Le mois d'avril a été particulièrement meurtrier au large de la Tunisie. Une série de naufrages a fait plus de 70 morts près des côtes tunisiennes", rappelle InfoMigrants.
Le comportement des garde-côtes tunisiens est aussi mis en cause dans ces drames. D'après les témoignages d'exilés recueillis par InfoMigrants, les forces tunisiennes sont accusées d'opérer des manœuvres dangereuses près des embarcations, provoquant des naufrages.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 406 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée – orientale, centrale et occidentale – en 2022, soit une hausse de 16,7 % sur un an. Depuis début 2023, 1 166 décès ou disparitions ont déjà été répertoriés.
Avec AFP et Reuters\