De vendredi à dimanche, s'est déroulée la 1ère édition des Journées des associations pour le patrimoine (Jap) destinées à sensibiliser chaque Sénégalais quant à la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel. Ces journées ont été organisées par le collectif des associations du patrimoine au Sénégal et se sont déroulées dans les localités de Dakar, Ouakam, Gorée, Rufisque, Saint-Louis et Podor. Elles ont pour objectifs de donner une image riche et positive du territoire, de montrer les différents facteurs d'attractivité économique et touristique et, donc, les opportunités de création d'emplois générés par la valorisation du patrimoine.
À l'occasion de la visite de l'île de Gorée dans le cadre de la Jap, la représentante du collectif des Associations du patrimoine au Sénégal, l'architecte Annie Jouga, nous a confié son inquiétude quant au délabrement avancé de hauts lieux de notre histoire coloniale et nationale. Elle craint que la ruine et le défrichement effacent à jamais des pans entiers de notre identité culturelle.
« On attend que l'on considère le patrimoine au sens large du terme. On ne veut pas que le patrimoine soit uniquement le Palais de la République et certains ministères. Pour que la population puisse se l'approprier, la seule manière est qu'on lui montre et qu'on lui explique la dimension historique du patrimoine au milieu duquel elle vit », a-t-elle expliqué.
L'architecte rappelle que l'île de Gorée n'est pas la seule concernée et redoute la disparition d'édifices éloignés et peu connus dans les localités de Saint-Louis et de Podor. Afin de réhabiliter le patrimoine national, elle prône une meilleure adaptabilité des programmes scolaires afin qu'ils mettent en avant la beauté et la richesse de certains sites historiques sénégalais : « Cela doit commencer à l'école. On sensibilise les enfants au drapeau et à l'hymne national, c'est une bonne chose. Mais il faut aussi le faire par rapport au patrimoine qui leur appartient et qui fait partie de leur identité. Comme l'instruction civique, il faudrait créer une instruction au patrimoine ».
De plus, Annie Jouga déplore depuis plusieurs années le manque de suivi et d’intérêt de la part des autorités étatiques sur ces questions.
« On aurait voulu que l'État nous assiste plus médiatiquement, notamment le ministère de la Culture qui, dans d'autres pays, aurait déjà pris en charge nos démarches de tentative de protection », a-t-elle ajouté. Elle invite donc tous les Sénégalais à s'approprier et à sauvegarder leur patrimoine qui peut être un réel vecteur de développement et qui peut donc contribuer à une meilleure qualité de vie.
LE SOLEIL