Un problème similaire s’étant déjà posé, il y a cinq ans, à l’occasion de la rentrée scolaire de 2011, au collège Hyacinthe Thiandoum de Grand Yoff [où une vingtaine d’élèves avaient été exclues pour port de voile, suivie en cela par d’autres groupes scolaires, comme Les Flamboyants, Anne Mari Javoueh de Médina et Abbé David Boila de Thiès], JAMRA suggéra à ses interlocuteurs d’élargir leur saisine, pour un meilleur partage de cette information sensible.
Nous leur avons alors communiqué les contacts de certains de nos partenaires, comme l’Imam Youssouf Sarr (Collectif des Imams de Guédiawaye), Oustaz Dame Ndiaye (Association des Imams et Prédicateurs du Sénégal), Mouhamadou Barro (Rassemblement islamique du Sénégal), etc., afin de faciliter une synergie d’actions, favorable à une démarche fraternelle, auprès des autorités académiques concernées, avant d’envisager toute action publique.
Ces établissements scolaires se fondaient sur l'article 3 d’un ‘règlement intérieur «standard», publié par l'Office national de l'enseignement catholique du Sénégal’ (Onecs), stipulant que «les élèves ne sont acceptés à l'école que dans la tenue de l'établissement. Toute attitude ou comportement de nature discriminatoire au sein de l'établissement est passible de renvoi temporaire ou définitif».
Nous avions alors saisi officiellement le ministre de l’Education de l’époque, M. Kalidou Diallo, dont la réaction ne s’était pas fait attendre. Il avait invité fermement toutes les écoles privées (laïques ou confessionnelles) au respect de la loi, en leur rappelant que «la Loi fondamentale, ainsi que le décret régissant les écoles privées au Sénégal, stipulent que celles-ci ont le devoir et l’obligation de recevoir tous les enfants sénégalais, quelle que soit leur confession». Et qu’elles ont par conséquent l’obligation de respecter les croyances et coutumes de leurs élèves, y compris leurs tenues vestimentaires confessionnelles. Le ministre avait précisé dans sa circulaire qu’«aucun établissement ne pouvait avoir un règlement intérieur supérieur à ce principe». A savoir la liberté de culte, consacrée par la Constitution. Tout en mettant en garde les chefs d’établissements scolaires concernés sur le risque de «fermeture encouru par toute école qui dérogera à la loi».
Ainsi, grâce à Dieu, avait été jugulée cette source potentielle d’incompréhensions entre parents d’élèves musulmans et chefs d’établissements privés catholiques. Et JAMRA avait conclu sa démarche en adressant, le 18 octobre 2011, une lettre de félicitation publique au chef de l’Eglise catholique sénégalaise, le Cardinal Théodore Adrien Sarr, «pour avoir eu la sagesse de tirer à temps sur la sonnette d’alarme» ; ainsi que les autres établissements confessionnelles catholiques qui, dans leur majorité, avaient continué à accueillir des élèves de toutes appartenances religieuses ou confessionnelles, conformément à notre Loi fondamentale, base de notre cohésion nationale légendaire.
Mais quelle ne fut notre surprise de recevoir, ce 28 juillet 2016, de nouveaux messages émanant des mêmes parents d’élèves, de l’établissement scolaire saint-louisien Didier Marie, nous informant que les responsables de l’établissement incriminé – après avoir semblé mettre un bémol à leur posture initiale - viennent de réaffirmer leur détermination à interdire le port du voile et du foulard au Collège Didier Marie, la rentrée prochaine 2016.
JAMRA et Mbañ Gacce, dans leur démarche consensuelle habituelle, vont naturellement reprendre langue avec leurs interlocuteurs traditionnels, afin que cet établissement scolaire, qui se cesse de se singulariser, en jouant sur la fibre sensible du port vestimentaire religieux, n’ouvre une nouvelle brèche, porteuse de mésententes inutiles, dans un Sénégal réputé laïc et respectueux de toutes les sensibilités confessionnelles.
JAMRA et MBAÑ GACCE saisissent cette opportunité pour exprimer leur vœu, régulièrement réitéré, de voir chaque Sénégalais veiller, comme sur la prunelle de ses yeux, à préserver ce bon voisinage interconfessionnel, que nous ont légué nos vaillants ancêtres. Et souvent cité en exemple, dans une Afrique présentement déchirée par de sanglants conflits ethniques et interreligieux, qui handicapent tous les efforts de développement.
Dakar, le 28 juillet 2016
Les Bureaux exécutifs
de JAMRA & MBAÑ GACCE