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INTERNATIONAL: Obama prône une transition en Egypte, Moubarak consulte l'armée

Lundi 31 Janvier 2011

La pression des Etats-Unis pour une transition démocratique en Egypte s'est accentuée dimanche sur Hosni Moubarak qui a consulté les chefs militaires, acteurs essentiels dans une crise politique où la contestation de la rue ne faiblit pas.


INTERNATIONAL: Obama prône une transition en Egypte, Moubarak consulte l'armée
Des milliers de personnes ont une nouvelle fois bravé le couvre-feu instauré dans l'ensemble du pays pour réclamer le départ du chef de l'Etat au pouvoir depuis 30 ans.

La contestation a reçu un soutien de poids avec l'intervention de l'ancien lauréat du prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradeï, qui s'est déclaré mandaté par l'opposition pour négocier une transition vers un gouvernement d'union nationale.

Ayant rejoint les manifestants réunis dans le centre du Caire, ElBaradeï a également appelé les Etats-Unis à cesser le "soutien vital fourni au dictateur" Moubarak.

Malgré cet appel en faveur d'une prise de position américaine et malgré les violences qui ont fait plus de cent morts en six jours, Barack Obama et Hillary Clinton n'ont pas appelé à un départ du président égyptien. Les jours de Moubarak au pouvoir sont pourtant comptés, a expliqué un conseiller d'Obama au New York Times.

La Maison blanche a indiqué que le président américain s'est entretenu de la situation égyptienne avec les dirigeants britannique, israélien, turc et saoudien, ses principaux alliés dans une région en proie à une incertitude croissante.

"Le président a réaffirmé son opposition à la violence et ses appels à la retenue; le soutien aux droits universels, y compris au droit de réunion, d'association et d'expression pacifique; et le soutien à une transition en bon ordre vers un gouvernement qui soit sensible aux aspirations du peuple égyptien", a indiqué la présidence américaine.

LE SORT DE MOUBARAK ENTRE LES MAINS DE SOLDATS

Accéder à une telle transformation politique reviendrait à signer la fin du règne de Moubarak et potentiellement de l'armée qui dirige le pays depuis la fin de la colonisation, il y a plus d'un demi-siècle.

"L'armée se trouve dans une situation délicate et elle doit décider quoi faire avec le président", estime l'analyste Faysal Itani. "L'armée peut voir en Moubarak un fusible. Mais elle ne souhaite pas le voir s'enfuir la queue entre les jambes comme Ben Ali. Je pense qu'elle veut le voir s'en aller proprement".

Ancien général, Moubarak, âgé de 82 ans, a rencontré les dirigeants de l'armée et il semble désormais qu'ils tiennent son avenir entre leurs mains. Le ministre égyptien de la Défense s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain Robert Gates.

Puis, tentant de répondre à une partie des revendications de la rue, le président égyptien a demandé à son nouveau Premier ministre, nommé samedi, de mener une politique de maîtrise de l'inflation et de création d'emplois.

"Je vous demande de rétablir la confiance dans notre économie", écrit-il dans une lettre à Ahmed Chafik citée par la télévision. "Je crois en votre capacité d'appliquer une politique économique qui accorde la plus haute importance aux souffrances de la population".

"J'insiste également sur la nécessité de s'engager sérieusement et efficacement dans la voie de plus de réformes politiques (...) au travers d'un vaste dialogue afin de permettre une plus large participation des partis", ajoute-t-il.

L'agence officielle de presse Mena a précisé que Moubarak a discuté de cette question des réformes politiques avec le président Obama lors d'une conversation téléphonique dimanche soir.

"Moubarak a exprimé sa détermination à continuer à prendre de nouvelles mesures pour réformer la politique suivant les aspirations des Egyptiens en faveur d'une société libre et démocratique", rapporte Mena.

ELBARADEÏ VEUT UNE "NOUVELLE EGYPTE"

Toutes ces promesses et ces engagements ne parviennent pas à apaiser la colère des manifestants qui sont à nouveau descendus dans les rues dimanche pour réclamer le départ du président et pour réaffirmer leur détermination à avoir gain de cause.

Les protestataires se sont à nouveau rassemblés sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale, aux cris de Moubarak doit partir. "C'est la volonté de 80 millions de citoyens. La solution est la révolution", ont-ils scandé.

Présent sur la place, Mohamed ElBaradeï, ancien directeur général de l'AIEA, a promis à la foule que "le changement va intervenir dans les prochains jours".

"Vous avez repris vos droits et ce que nous avons commencé ne pourra pas être arrêté. Nous avons une seule demande - la fin du régime et le début d'une nouvelle ère, d'une nouvelle Egypte", a-t-il lancé.

Dans une série d'interviews accordées du Caire à des chaînes de télévision américaines, ElBaradeï s'est dit mandaté par l'opposition égyptienne pour négocier la formation d'un gouvernement d'union nationale et a indiqué qu'il prendrait prochainement contact avec l'armée.

"Il vaut mieux pour le président Obama qu'il n'apparaisse pas être le dernier à dire au président Moubarak 'Il est temps pour vous de partir'", a dit ElBaradeï à CNN.

"Le gouvernement américain ne peut demander au peuple égyptien de croire qu'un dictateur au pouvoir depuis trente ans sera celui qui mettra en place la démocratie. C'est une farce", a-t-il dit à CBS.

La secrétaire Hillary Clinton n'a toutefois pas caché l'inquiétude américaine de voir se répéter en Egypte un scénario comparable à celui de la révolution iranienne. "Nous ne souhaitons pas voir une prise de pouvoir qui ne mènerait pas à la démocratie mais à l'oppression et à la fin des aspirations du peuple égyptien", a-t-elle dit.

Des coups de feu sporadiques étaient perceptibles dans la nuit, des habitants et des commerçants s'étant organisés pour se protéger contre les pillards. Absente depuis deux jours, la police a fait sa réapparition dans les rues.

Avec Dina Zayed, Marwa Awad, Shaimaa Fayed, Sherine El Madany, Yasmine Saleh, Alison Williams et Samia Nakhoul au Caire, Alexander Dziadosz à Suez, Matt Spetalnick et Phil Stewart à Washington et Peter Apps, Angus MacSwan et William Maclean à Londres; Pierre Sérisier pour le service français.


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