Il n’est ni l’aîné de sa fratrie ni le deuxième, encore moins le troisième ou le benjamin. Mais c’est lui que son vénéré père a choisi pour conduire les destinées de la communauté. Déjà, avant d’achever sa mission terrestre en 2007, Seydi Hadji Madior Cissé avait, lors du gamou de 2005, déclaré publiquement et officiellement que « les destinées de la Dahira Moutahabbîna Fî Lâhi (la communauté de ceux qui s’ai-ment en Dieu), de la grande Mosquée et de la Hadara étaient confiées à l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé sur recommandation divine à travers une orientation des Cheikh de la Tarikha Tidjane ».
À l’époque, l’Imam Cissé venait juste d’intégrer la vie professionnelle, hors du pays, après avoir bouclé ses études supérieures. « Je me trouvais à l’étranger et mon père m’a fait revenir au Sénégal. J’étais un jeune garçon qui ne s’attendait à aucun rôle et un beau jour, on me fait venir pour me dire que la charge spirituelle allait me revenir », renseigne-t-il. « J’avais des frères très instruits, de vrais érudits, mais mon père avait fait le choix spirituel sur moi pour continuer le legs. J’ai alors fait l’allégeance pour pouvoir conduire cette mission corps et âme », rappelle-t-il.
Sur les traces de son père
Le regard perçant, la voix grave, l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé est un homme apprécié pour sa vertu, son engagement sur le chemin de l’Islam. Le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, n’a pas manqué de saluer son dévouement, son engage-ment sur la voie de l’Islam. « C’est un homme de foi, un homme brave, travail-leur, qui ne rechigne jamais à la tâche ; un homme d’honneur, de caractère imbu de valeurs et qui mérite d’être soutenu », avait déclaré le Khalife pour lui rendre hommage. Si l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé est arrivé à ce stade, c’est parce qu’il a toujours suivi la voie tracée par son père. Pour l’Imam Cissé, les sa-chants sont les héritiers du Sceau des prophètes. Son vénéré père a su merveilleusement enfiler les joyaux précieux de l’Islam auprès de son illustre Maître Serigne Babacar Sy, lui-même un héritier parmi les héritiers du prophète Mou-hammad, pour s’élever, avec une rare réussite, dans la voie sublime de la Tidjania et atteindre un degré de mysti-cisme vénérable. « Il a reçu ordre spécial de Serigne Babacar Sy la mission de di-riger une communauté religieuse, d’ins-taurer un gamou et d’être à cheval autant que faire se peut sur la charia et la sunna du prophète Muhammad », indique-t-il. Cette commémoration de la naissance du prophète, célébrée depuis 1955, trouve sa légitimité dans l’autorisation spéciale donnée par Khalifa Ababacar Sy à l’homme et à la Dahira Moutahabiina Fi Laahi. « Serigne El Hadji Madior Cissé avait sollicité et obtenu de Khalifa Aba-bacar Sy l’autorisation d’organiser ce gamou au nom de la dahira. Et pendant plus de 50 ans, jusqu’à sa mort en 2007, il a organisé ce gamou spécial qui rece-vait beaucoup de monde, du Sénégal et du monde arabo-musulman », explique son fils Imam Cissé. Aujourd’hui, la flamme ne s’est pas éteinte. El Hadj Ma-dior Cissé organisait également une ziarra durant laquelle les fidèles venaient renouveler leurs pactes d’allégeance et une conférence à Dakar.
Perle majeure de la perfection soufie, El Hadj Madior Cissé a apporté une contribution de taille au renforcement du patrimoine de Saint-Louis. Il a trans-mis à ses enfants son savoir qui continue de rayonner à travers ses écrits, le sens de l’organisation et la discipline, l’identité de ses talibés, l’humilité, la patience et bien d’autres choses encore.
Depuis la disparition de son père et vénéré guide le 31 mars 2007, après une vie spirituellement bien remplie, l’Imam Cissé s’évertue à marcher sur les traces de ce dernier dont l’action reposait sur l’éducation et la formation religieuse en respectant scrupuleusement le texte coranique et la sunna afin de former des citoyens modèles. « Les prêches du vendredi à la mosquée, l’exégèse du Coran et la traduction du Coran dans son ensemble sont notre objectif », fait-il remarquer.
Ceux qui écoutent ses prêches et sermons toujours collés à l’actualité, chaque vendredi à la Grande mosquée Ihsaan de Saint-Louis, sont séduits par son érudition, sa pertinence, sa véridicité. Parce que l’Imam Cissé a reçu une solide formation. Il a fait l’apprentissage du Coran aux daaras de Serigne Mouh-sine Diop jusqu'à sa mémorisation complète et de Serigne Mamoune Ndiaye. Ces deux hommes faisaient partie des plus grands érudits et maîtres coraniques de Saint-Louis. Il a ensuite fréquenté l’école française, notamment Saint-Joseph de Cluny de Saint-Louis, puis le lycée Charles de Gaulle jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Il fut lau-réat au Concours général. Ses études supérieures le mènent au Maroc, à l’Université Hassan 2 de Casablanca. Il y étudie le droit, avant de rallier la Tunisie pour une formation en gestion. « Avant de quitter le Sénégal, notre père a été très vigilant concernant nos études. Il a fait venir tous les grands maîtres et experts qui savaient enseigner le rite malikite pour encadrer ses enfants et leur apprendre l’exégèse du Coran », informe-t-il. Parmi eux, l’Imam Cissé cite Serigne Ahmadou Fall Khaly, qui maîtrisait l’encyclopédie de Malick qu’il récitait par cœur, et Serigne Alioune Gaye de Mpal décédé récemment. Ce dernier excellait dans les enseignements du soufisme et les écrits de Seydi Hadji Malick Sy qu’il récitait éga-lement par cœur. Arabi Niass, l’Imam ratib de Léona Nassène, a également participé à la formation de l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé. Arabi Niass ne rate jamais l’occasion de louer les vertus et qualités, l’ouverture d’esprit de son ancien élève. « C’est un grand homme de Dieu, qui a eu la chance d’être bien préparé par son défunt père », relève-t-il.
Imam à la stature d’intellectuel
Avec son parcours atypique, l’Imam Cissé est aussi un éminent islamologue et conférencier de renommée internationale. Il sillonne le monde pour faire passer un message de paix et de miséricorde, de concorde, de cohésion, d’en-tente, de solidarité et de partage. Les thèmes qu’il aborde au cours de ces moments de communion et de partage interpellent l’Islam et le soufisme. En 2019, année coïncidant avec la célébration du centenaire de la naissance de Serigne El Hadj Madior Cissé, il a réalisé l’un des projets phares de la communauté, notamment l’ouverture, à Saint-Louis, du centre « Al Imane wal Ihsaane dédié à l’apprentissage du saint Coran et à la promotion des valeurs islamiques. « C’est un centre islamique de la foi et de la bienfaisance pour l’apprentissage du Coran et des valeurs islamiques. Aujourd’hui, on le veut en centre d’excellence islamique où on inculque aux enfants, dès le bas-âge, ces valeurs cardinales pour apporter notre pierre à l’édifice, avec des jeunes biens formés issus du centre de Seydi Hadji Madior Cissé et qui de-viendront des citoyens modèles », fait-il savoir. La particularité de ce centre d’études, au-delà de la gratuité des enseignements et de l'interdiction des châtiments corporels, est que le curriculum inclut également une formation professionnelle pour préparer les apprenants à une citoyenneté musulmane active.
Aujourd’hui, si le Sénégal a besoin d’ambassadeurs qui sont des hommes du temps, Abdoulaye Mactar Diop, Grand Serigne de Dakar, estime que l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé en fait éminemment partie. « Dans notre pays, Abdoulaye Cissé fait partie des meilleurs éducateurs. Il est une chance pour le Sénégal et une bénédiction pour l’Islam », assure-t-il. Il l’invite « à persévérer sur cette voie, pour le bien du Sénégal qui cherche sa place dans le concert des nations ».
A l’image de son vénéré guide et père Seydi Hadji Madior Cissé, l’Imam Cissé s’inscrit dans la continuité de la mission de ce dernier, c’est-à-dire la formation de musulmans pieux, de citoyens exemplaires qui incarnent les valeurs islamiques universelles en s’inspirant de la charia, des enseignements et modèles d’éducation des Cheikhs de la Tarikha Tidjane. « Il nous a laissés un legs honorable, majestueux, extrêmement lourd à porter mais quand on est aidé par ses prières, la droiture et aussi par une formation solide en exégèse islamique, je crois que ça peut aller comme sur des rails », fait savoir l’Imam Cissé, non sans préciser que la réussite de cette mission est, pour lui, sa raison de vivre et d’exister.
PAR SAMBA OUMAR FALL
LESOLEIL.SN
À l’époque, l’Imam Cissé venait juste d’intégrer la vie professionnelle, hors du pays, après avoir bouclé ses études supérieures. « Je me trouvais à l’étranger et mon père m’a fait revenir au Sénégal. J’étais un jeune garçon qui ne s’attendait à aucun rôle et un beau jour, on me fait venir pour me dire que la charge spirituelle allait me revenir », renseigne-t-il. « J’avais des frères très instruits, de vrais érudits, mais mon père avait fait le choix spirituel sur moi pour continuer le legs. J’ai alors fait l’allégeance pour pouvoir conduire cette mission corps et âme », rappelle-t-il.
Sur les traces de son père
Le regard perçant, la voix grave, l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé est un homme apprécié pour sa vertu, son engagement sur le chemin de l’Islam. Le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, n’a pas manqué de saluer son dévouement, son engage-ment sur la voie de l’Islam. « C’est un homme de foi, un homme brave, travail-leur, qui ne rechigne jamais à la tâche ; un homme d’honneur, de caractère imbu de valeurs et qui mérite d’être soutenu », avait déclaré le Khalife pour lui rendre hommage. Si l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé est arrivé à ce stade, c’est parce qu’il a toujours suivi la voie tracée par son père. Pour l’Imam Cissé, les sa-chants sont les héritiers du Sceau des prophètes. Son vénéré père a su merveilleusement enfiler les joyaux précieux de l’Islam auprès de son illustre Maître Serigne Babacar Sy, lui-même un héritier parmi les héritiers du prophète Mou-hammad, pour s’élever, avec une rare réussite, dans la voie sublime de la Tidjania et atteindre un degré de mysti-cisme vénérable. « Il a reçu ordre spécial de Serigne Babacar Sy la mission de di-riger une communauté religieuse, d’ins-taurer un gamou et d’être à cheval autant que faire se peut sur la charia et la sunna du prophète Muhammad », indique-t-il. Cette commémoration de la naissance du prophète, célébrée depuis 1955, trouve sa légitimité dans l’autorisation spéciale donnée par Khalifa Ababacar Sy à l’homme et à la Dahira Moutahabiina Fi Laahi. « Serigne El Hadji Madior Cissé avait sollicité et obtenu de Khalifa Aba-bacar Sy l’autorisation d’organiser ce gamou au nom de la dahira. Et pendant plus de 50 ans, jusqu’à sa mort en 2007, il a organisé ce gamou spécial qui rece-vait beaucoup de monde, du Sénégal et du monde arabo-musulman », explique son fils Imam Cissé. Aujourd’hui, la flamme ne s’est pas éteinte. El Hadj Ma-dior Cissé organisait également une ziarra durant laquelle les fidèles venaient renouveler leurs pactes d’allégeance et une conférence à Dakar.
Perle majeure de la perfection soufie, El Hadj Madior Cissé a apporté une contribution de taille au renforcement du patrimoine de Saint-Louis. Il a trans-mis à ses enfants son savoir qui continue de rayonner à travers ses écrits, le sens de l’organisation et la discipline, l’identité de ses talibés, l’humilité, la patience et bien d’autres choses encore.
Depuis la disparition de son père et vénéré guide le 31 mars 2007, après une vie spirituellement bien remplie, l’Imam Cissé s’évertue à marcher sur les traces de ce dernier dont l’action reposait sur l’éducation et la formation religieuse en respectant scrupuleusement le texte coranique et la sunna afin de former des citoyens modèles. « Les prêches du vendredi à la mosquée, l’exégèse du Coran et la traduction du Coran dans son ensemble sont notre objectif », fait-il remarquer.
Ceux qui écoutent ses prêches et sermons toujours collés à l’actualité, chaque vendredi à la Grande mosquée Ihsaan de Saint-Louis, sont séduits par son érudition, sa pertinence, sa véridicité. Parce que l’Imam Cissé a reçu une solide formation. Il a fait l’apprentissage du Coran aux daaras de Serigne Mouh-sine Diop jusqu'à sa mémorisation complète et de Serigne Mamoune Ndiaye. Ces deux hommes faisaient partie des plus grands érudits et maîtres coraniques de Saint-Louis. Il a ensuite fréquenté l’école française, notamment Saint-Joseph de Cluny de Saint-Louis, puis le lycée Charles de Gaulle jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Il fut lau-réat au Concours général. Ses études supérieures le mènent au Maroc, à l’Université Hassan 2 de Casablanca. Il y étudie le droit, avant de rallier la Tunisie pour une formation en gestion. « Avant de quitter le Sénégal, notre père a été très vigilant concernant nos études. Il a fait venir tous les grands maîtres et experts qui savaient enseigner le rite malikite pour encadrer ses enfants et leur apprendre l’exégèse du Coran », informe-t-il. Parmi eux, l’Imam Cissé cite Serigne Ahmadou Fall Khaly, qui maîtrisait l’encyclopédie de Malick qu’il récitait par cœur, et Serigne Alioune Gaye de Mpal décédé récemment. Ce dernier excellait dans les enseignements du soufisme et les écrits de Seydi Hadji Malick Sy qu’il récitait éga-lement par cœur. Arabi Niass, l’Imam ratib de Léona Nassène, a également participé à la formation de l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé. Arabi Niass ne rate jamais l’occasion de louer les vertus et qualités, l’ouverture d’esprit de son ancien élève. « C’est un grand homme de Dieu, qui a eu la chance d’être bien préparé par son défunt père », relève-t-il.
Imam à la stature d’intellectuel
Avec son parcours atypique, l’Imam Cissé est aussi un éminent islamologue et conférencier de renommée internationale. Il sillonne le monde pour faire passer un message de paix et de miséricorde, de concorde, de cohésion, d’en-tente, de solidarité et de partage. Les thèmes qu’il aborde au cours de ces moments de communion et de partage interpellent l’Islam et le soufisme. En 2019, année coïncidant avec la célébration du centenaire de la naissance de Serigne El Hadj Madior Cissé, il a réalisé l’un des projets phares de la communauté, notamment l’ouverture, à Saint-Louis, du centre « Al Imane wal Ihsaane dédié à l’apprentissage du saint Coran et à la promotion des valeurs islamiques. « C’est un centre islamique de la foi et de la bienfaisance pour l’apprentissage du Coran et des valeurs islamiques. Aujourd’hui, on le veut en centre d’excellence islamique où on inculque aux enfants, dès le bas-âge, ces valeurs cardinales pour apporter notre pierre à l’édifice, avec des jeunes biens formés issus du centre de Seydi Hadji Madior Cissé et qui de-viendront des citoyens modèles », fait-il savoir. La particularité de ce centre d’études, au-delà de la gratuité des enseignements et de l'interdiction des châtiments corporels, est que le curriculum inclut également une formation professionnelle pour préparer les apprenants à une citoyenneté musulmane active.
Aujourd’hui, si le Sénégal a besoin d’ambassadeurs qui sont des hommes du temps, Abdoulaye Mactar Diop, Grand Serigne de Dakar, estime que l’Imam Mouhammedou Abdoulaye Cissé en fait éminemment partie. « Dans notre pays, Abdoulaye Cissé fait partie des meilleurs éducateurs. Il est une chance pour le Sénégal et une bénédiction pour l’Islam », assure-t-il. Il l’invite « à persévérer sur cette voie, pour le bien du Sénégal qui cherche sa place dans le concert des nations ».
A l’image de son vénéré guide et père Seydi Hadji Madior Cissé, l’Imam Cissé s’inscrit dans la continuité de la mission de ce dernier, c’est-à-dire la formation de musulmans pieux, de citoyens exemplaires qui incarnent les valeurs islamiques universelles en s’inspirant de la charia, des enseignements et modèles d’éducation des Cheikhs de la Tarikha Tidjane. « Il nous a laissés un legs honorable, majestueux, extrêmement lourd à porter mais quand on est aidé par ses prières, la droiture et aussi par une formation solide en exégèse islamique, je crois que ça peut aller comme sur des rails », fait savoir l’Imam Cissé, non sans préciser que la réussite de cette mission est, pour lui, sa raison de vivre et d’exister.
PAR SAMBA OUMAR FALL
LESOLEIL.SN