Le 31 Mai 1994, le capitaine Mbaye Diagne, officier sénégalais de la MINUAR (Mission des Nations-Unies pour l’Assistance au Rwanda) rentre seul à l’état-major de la force lorsqu’un obus de mortier s’abat sur son véhicule militaire. Il est tué sur le coup. C’était à deux jours de son retour au Sénégal où l’attendaient sa femme et leurs deux enfants. La nouvelle parvient vite au fameux « Hôtel des mille collines » de Kigali où se trouvent les locaux de la MINUAR ainsi que des rescapés Tutsis et des Hutus modérés qui ont échappé aux terribles massacres perpétrés par les génocidaires interahamwe.
C’est alors la consternation totale : « A l’hôtel des milles collines, je me souviens des réfugiés qui pleuraient la mort de Mbaye Diagne. Tous le connaissaient. Nous étions alors très tristes » dira plus tard son frère d’armes, le colonel à la retraite Mamadou Adje, lui-même capitaine de la MINUAR à l’époque. Et pour cause : l’un des plus grands héros de notre temps venait de tomber au Rwanda, le « pays des milles collines », terre rouge du sang des martyrs de l’une des pires holocaustes de l’histoire de l’humanité.
« On peur être héros sans ravager la terre » écrivait le grand poète français Nicolas Boileau dans ses « Épîtres ». La vie exemplaire du Capitaine Mbaye Diagne est la parfaite illustration de cette noble sentence qui vient tout simplement nous rappeler que le titre glorieux de héros n’est pas l’apanage des seuls guerriers et qu’il ne s’acquiert pas exclusivement par les armes. En effet, et l’on ne tient malheureusement pas assez compte de ce fait, les plus grands parmi les héros, sont les héros de la paix, les héros de la non-violence, ceux qui n’ont pour armes que leur courage, leur détermination et leur foi en l’humanité. Ceux-là sont affrontent le danger à mains nues et font face à la mort le sourire aux lèvres. C’est à cette race d’hommes, il faut dire rares, qu’appartenait le Capitaine Mbaye Diagne qui, à lui seul, réussit à sauver au cours de sa mission au Rwanda, plusieurs centaines d’hommes, de femmes et d’enfants au péril de sa propre vie.
Né à Coki dans le département de Louga le 18 Mars 1958, Mbaye Diagne à l’état civil, a fait des études Droit à l’Université de Dakar avant de s’inscrire à l’École Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA) de Thiès d’où il est sorti avec le grade de Capitaine de l’armée Sénégalaise. Ayant reçu le commandement de la 3ème compagnie du 6ème bataillon d’infanterie, il prend une part active dans le conflit casamançais de 1989 à 1993. Au cours de cette même année 1993, il est envoyé au Rwanda dans le cadre d’une équipe d’observateurs militaires de l’OUA chargée de surveiller la guerre civile opposant les forces gouvernementales de la majorité Hutue aux combattants du Front Patriotique Rwandais (FPR) dominé par les Tutsis.
Par la suite il sera affecté à la MINUAR, une force de maintien de la paix des Nations-Unies chargée de superviser la mise en œuvre des accords d’Arusha (août 1993) destinés à mettre un terme à la guerre. Malheureusement, le président de la république du Rwanda, Juvénal Habyarimana, d’ethnie Hutue, est tué dans des circonstances troubles. C’est alors le coup d’envoi du terrible génocide des Tutsis par les extrémistes Hutus qui en l’espace de cent jours vont massacrer plus de 800 000 personnes dans des conditions atroces. C’est dans ce contexte tragique que va se révéler Mbaye Diagne, le « capitaine courage », grâce à l’héroïsme duquel des centaines de Tutsis et de Hutus modérés (un millier selon certaines estimations) vont échapper aux massacres organisés par les milices Interahamwe poussés par la sinistre et tristement célèbre « radio mille collines ».
« Personne n’allait nous secourir. Nous étions littéralement abandonnés par le monde dans une Afrique lugubre. Il était absolument hors de question pour moi de m’en aller et j’aurais sacrifié toutes les vies sous mon commandement, de ceux qui ont décidé de rester avec moi et la mienne, pour être capable de sauver une Rwandais ! un Tutsi, qui tiendrait le monde pour responsable de ce génocide ! » Confiera le Capitaine Mbaye Diagne à son ami le journaliste de la BBC Mark Doyle.
« C’est l’homme le plus courageux que j’ai rencontré au cours de mon existence » dira ce dernier de l’officier sénégalais. Notons que les cinq enfants de la première ministre Agathe Uwilingyimana, une Hutue modérée, assassinée le 7 avril 1994, furent arrachés des griffes des miliciens interahamwe puis évacués vers la Tanzanie par le capitaine Mbaye Diagne.
Ce fut sans doute l’un des premiers hauts faits du héros sénégalais qui continua de mener ses opérations de sauvetage, seul, sans armes et en dépit des ordres de la hiérarchie militaire. « Il s’en allait seul, puis il revenait avec des dizaines de personnes qu’il avait arrachées à l’orgie sanguinaire des génocidaires » témoignera le Général Roméo Dallaire, Commandant en chef de la MINUAR. Pour cet officier supérieur des « casques bleus » de l’ONU, le Capitaine Mbaye Diagne peut être considéré comme « l’homme le plus courageux ayant servi l’Organisation des Nations Unies ».
Et en effet, quand on compare la grandeur de ses actes à la petitesse de ses moyens, quand on replace les faits dans leur contexte, on peut même affirmer sans ambages que le Capitaine Mbaye Diagne fut l’un des plus grands héros du vingtième siècle. En Juillet 2010, sa veuve et ses deux enfants ont reçu des mains du Président Paul Kagamé le « Prix Umurinzi » accompagné de ces mots émouvants : « Pour votre bravoure et votre sacrifice pendant le génocide de 1994 et pour montrer au monde la vraie signification de l’Ubuntu africain, le peuple Rwandais vous sera toujours endetté ».
Au mois d’Octobre de la même année, en Italie, Mbaye Diagne est célébré par le « Jardin des Justes » de la ville de Padoue. En 2011, à l’occasion du dix-septième anniversaire du génocide, le Capitaine est à nouveau honoré à titre posthume par la secrétaire d’état Hillary Clinton. En 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU décide de créer la « Médaille du Capitaine Mbaye Diagne pour courage exceptionnel » en son honneur. Au Rwanda, son souvenir reste gravé dans les cœurs et dans les esprits et chaque année, son nom est évoqué au moment des commémorations du génocide de 1994. Quid de son pays natal, le Sénégal ? En 2005, le Capitaine Mbaye Diagne a été décoré à titre posthume du grade de chevalier dans l’ordre national du lion. Cependant, aujourd’hui encore, ce chevalier des temps modernes reste peu connu de ses compatriotes.
Aucun boulevard, avenue, rue ou édifice public ne porte son nom. Pourtant, comme le souligne sa veuve, Yacine Mar Diop, son histoire devrait être connue de tous les Sénégalais car, qui est plus grand que l’homme qui a fait don de sa vie à ses semblables ? « Mon souhait serait que le nom de mon mari puisse figurer dans les manuels scolaires du pays. Que son histoire puisse être connue de tous. Son attitude sur le terrain et son courage doivent inspirer les jeunes » affirme avec justesse l’épouse du Capitaine Mbaye Diagne. Le souhait de cette brave dame, qui a su rester digne dans l’épreuve, est également le nôtre, nous ses concitoyens Saint-Louisiens car nous n’oublions pas qu’elle est aussi une petite-fille d’Abdoulaye Mar Diop, Maire émérite de la vieille ville de 1946 à 1952. C’est d’ailleurs pour abonder dans son sens que je voudrais, en tant que citoyen de la « vieille ville », qui a vu naître tant d’hommes de valeur et dignes citoyens,, faire les deux propositions suivantes :
1) Rebaptiser l’ancienne place Faidherbe, dite Baya Ndar, « Place du Capitaine Mbaye Diagne » 2) Remplacer la vieille statue en bronze du général colonialiste par celle de l’officier des « casques bleus » de l’ONU, symbole de l’héroïsme le plus élevé.
Je demeure convaincu que ces deux propositions emporteront l’adhésion des Saint-Louisiens et des Saint-Louisiennes si attachés à ces valeurs cardinales que sont le JOM, le FIT, le FULLA, mais aussi YERMANDE : l’empathie, la compassion, l’humanisme, dont le capitaine Mbaye Diagne fut, de son vivant, l’incarnation même. Le nom du capitaine Mbaye Diagne symbolise à la fois un ancrage dans les valeurs traditionnelles les plus positives et une projection sur le futur dans la mesure où il est notre contemporain. Il est l’exemple le plus parfait à inculquer dans l’esprit d’une jeunesse sénégalaise et africaine en quête de repères. Immortaliser ce valeureux soldat, héros et héraut de la paix, par une statue érigée au milieu de l’île de Ndar serait doublement symbolique et contribuerait sans aucun doute à une prise de conscience plus affirmée des enjeux relatifs à notre identité commune et à une redéfinition des paradigmes de notre imaginaire collectif et de notre Histoire.
On ne le dira jamais assez : le Capitaine Mbaye Diagne a été profondément humain dans une période où la bestialité et l’horreur avaient atteint leur paroxysme. Il a fait preuve d’un courage quasi surhumain et d’une lucidité à toute épreuve au moment où le monde se complaisait dans un mutisme assassin face à l’abominable massacre qui avait lieu dans un petit pays de l’Afrique australe. Pendant que des monstres sortis d’on ne sait quel infernal cloaque tuaient sans pitié, à coups de machettes, des centaines de milliers d’innocentes victimes, l’on se bouchait les yeux et les oreilles pour mieux savourer la coupe du monde de football. C’est aussi à ce moment que l’héroïque capitaine, bouleversé par tant d’indifférence, a poussé ce cri du cœur, ce cri de révolte pathétique : « Comment est-ce que le monde a pu, comment est-ce que le reste de l’humanité a pu abandonner l’humanité ?! »
En vérité l’histoire, ou plutôt, l’épopée du capitaine Mbaye Diagne doit être connue de tous, des jeunes en particulier, par devoir de mémoire, mais aussi parce qu’il sied de célébrer la seule cause qui vaille : la cause humaine. C’est pourquoi, nous Saint-Louisiens et Saint-Louisiennes, souhaiterions et serions fiers de voir se dresser au cœur même de l’île de Ndar, la statue du Capitaine Mbaye Diagne, le plus grand héros de l’histoire de notre pays.
Louis CAMARA
Écrivain et poète
Citoyen de Ndar
C’est alors la consternation totale : « A l’hôtel des milles collines, je me souviens des réfugiés qui pleuraient la mort de Mbaye Diagne. Tous le connaissaient. Nous étions alors très tristes » dira plus tard son frère d’armes, le colonel à la retraite Mamadou Adje, lui-même capitaine de la MINUAR à l’époque. Et pour cause : l’un des plus grands héros de notre temps venait de tomber au Rwanda, le « pays des milles collines », terre rouge du sang des martyrs de l’une des pires holocaustes de l’histoire de l’humanité.
« On peur être héros sans ravager la terre » écrivait le grand poète français Nicolas Boileau dans ses « Épîtres ». La vie exemplaire du Capitaine Mbaye Diagne est la parfaite illustration de cette noble sentence qui vient tout simplement nous rappeler que le titre glorieux de héros n’est pas l’apanage des seuls guerriers et qu’il ne s’acquiert pas exclusivement par les armes. En effet, et l’on ne tient malheureusement pas assez compte de ce fait, les plus grands parmi les héros, sont les héros de la paix, les héros de la non-violence, ceux qui n’ont pour armes que leur courage, leur détermination et leur foi en l’humanité. Ceux-là sont affrontent le danger à mains nues et font face à la mort le sourire aux lèvres. C’est à cette race d’hommes, il faut dire rares, qu’appartenait le Capitaine Mbaye Diagne qui, à lui seul, réussit à sauver au cours de sa mission au Rwanda, plusieurs centaines d’hommes, de femmes et d’enfants au péril de sa propre vie.
Né à Coki dans le département de Louga le 18 Mars 1958, Mbaye Diagne à l’état civil, a fait des études Droit à l’Université de Dakar avant de s’inscrire à l’École Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA) de Thiès d’où il est sorti avec le grade de Capitaine de l’armée Sénégalaise. Ayant reçu le commandement de la 3ème compagnie du 6ème bataillon d’infanterie, il prend une part active dans le conflit casamançais de 1989 à 1993. Au cours de cette même année 1993, il est envoyé au Rwanda dans le cadre d’une équipe d’observateurs militaires de l’OUA chargée de surveiller la guerre civile opposant les forces gouvernementales de la majorité Hutue aux combattants du Front Patriotique Rwandais (FPR) dominé par les Tutsis.
Par la suite il sera affecté à la MINUAR, une force de maintien de la paix des Nations-Unies chargée de superviser la mise en œuvre des accords d’Arusha (août 1993) destinés à mettre un terme à la guerre. Malheureusement, le président de la république du Rwanda, Juvénal Habyarimana, d’ethnie Hutue, est tué dans des circonstances troubles. C’est alors le coup d’envoi du terrible génocide des Tutsis par les extrémistes Hutus qui en l’espace de cent jours vont massacrer plus de 800 000 personnes dans des conditions atroces. C’est dans ce contexte tragique que va se révéler Mbaye Diagne, le « capitaine courage », grâce à l’héroïsme duquel des centaines de Tutsis et de Hutus modérés (un millier selon certaines estimations) vont échapper aux massacres organisés par les milices Interahamwe poussés par la sinistre et tristement célèbre « radio mille collines ».
« Personne n’allait nous secourir. Nous étions littéralement abandonnés par le monde dans une Afrique lugubre. Il était absolument hors de question pour moi de m’en aller et j’aurais sacrifié toutes les vies sous mon commandement, de ceux qui ont décidé de rester avec moi et la mienne, pour être capable de sauver une Rwandais ! un Tutsi, qui tiendrait le monde pour responsable de ce génocide ! » Confiera le Capitaine Mbaye Diagne à son ami le journaliste de la BBC Mark Doyle.
« C’est l’homme le plus courageux que j’ai rencontré au cours de mon existence » dira ce dernier de l’officier sénégalais. Notons que les cinq enfants de la première ministre Agathe Uwilingyimana, une Hutue modérée, assassinée le 7 avril 1994, furent arrachés des griffes des miliciens interahamwe puis évacués vers la Tanzanie par le capitaine Mbaye Diagne.
Ce fut sans doute l’un des premiers hauts faits du héros sénégalais qui continua de mener ses opérations de sauvetage, seul, sans armes et en dépit des ordres de la hiérarchie militaire. « Il s’en allait seul, puis il revenait avec des dizaines de personnes qu’il avait arrachées à l’orgie sanguinaire des génocidaires » témoignera le Général Roméo Dallaire, Commandant en chef de la MINUAR. Pour cet officier supérieur des « casques bleus » de l’ONU, le Capitaine Mbaye Diagne peut être considéré comme « l’homme le plus courageux ayant servi l’Organisation des Nations Unies ».
Et en effet, quand on compare la grandeur de ses actes à la petitesse de ses moyens, quand on replace les faits dans leur contexte, on peut même affirmer sans ambages que le Capitaine Mbaye Diagne fut l’un des plus grands héros du vingtième siècle. En Juillet 2010, sa veuve et ses deux enfants ont reçu des mains du Président Paul Kagamé le « Prix Umurinzi » accompagné de ces mots émouvants : « Pour votre bravoure et votre sacrifice pendant le génocide de 1994 et pour montrer au monde la vraie signification de l’Ubuntu africain, le peuple Rwandais vous sera toujours endetté ».
Au mois d’Octobre de la même année, en Italie, Mbaye Diagne est célébré par le « Jardin des Justes » de la ville de Padoue. En 2011, à l’occasion du dix-septième anniversaire du génocide, le Capitaine est à nouveau honoré à titre posthume par la secrétaire d’état Hillary Clinton. En 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU décide de créer la « Médaille du Capitaine Mbaye Diagne pour courage exceptionnel » en son honneur. Au Rwanda, son souvenir reste gravé dans les cœurs et dans les esprits et chaque année, son nom est évoqué au moment des commémorations du génocide de 1994. Quid de son pays natal, le Sénégal ? En 2005, le Capitaine Mbaye Diagne a été décoré à titre posthume du grade de chevalier dans l’ordre national du lion. Cependant, aujourd’hui encore, ce chevalier des temps modernes reste peu connu de ses compatriotes.
Aucun boulevard, avenue, rue ou édifice public ne porte son nom. Pourtant, comme le souligne sa veuve, Yacine Mar Diop, son histoire devrait être connue de tous les Sénégalais car, qui est plus grand que l’homme qui a fait don de sa vie à ses semblables ? « Mon souhait serait que le nom de mon mari puisse figurer dans les manuels scolaires du pays. Que son histoire puisse être connue de tous. Son attitude sur le terrain et son courage doivent inspirer les jeunes » affirme avec justesse l’épouse du Capitaine Mbaye Diagne. Le souhait de cette brave dame, qui a su rester digne dans l’épreuve, est également le nôtre, nous ses concitoyens Saint-Louisiens car nous n’oublions pas qu’elle est aussi une petite-fille d’Abdoulaye Mar Diop, Maire émérite de la vieille ville de 1946 à 1952. C’est d’ailleurs pour abonder dans son sens que je voudrais, en tant que citoyen de la « vieille ville », qui a vu naître tant d’hommes de valeur et dignes citoyens,, faire les deux propositions suivantes :
1) Rebaptiser l’ancienne place Faidherbe, dite Baya Ndar, « Place du Capitaine Mbaye Diagne » 2) Remplacer la vieille statue en bronze du général colonialiste par celle de l’officier des « casques bleus » de l’ONU, symbole de l’héroïsme le plus élevé.
Je demeure convaincu que ces deux propositions emporteront l’adhésion des Saint-Louisiens et des Saint-Louisiennes si attachés à ces valeurs cardinales que sont le JOM, le FIT, le FULLA, mais aussi YERMANDE : l’empathie, la compassion, l’humanisme, dont le capitaine Mbaye Diagne fut, de son vivant, l’incarnation même. Le nom du capitaine Mbaye Diagne symbolise à la fois un ancrage dans les valeurs traditionnelles les plus positives et une projection sur le futur dans la mesure où il est notre contemporain. Il est l’exemple le plus parfait à inculquer dans l’esprit d’une jeunesse sénégalaise et africaine en quête de repères. Immortaliser ce valeureux soldat, héros et héraut de la paix, par une statue érigée au milieu de l’île de Ndar serait doublement symbolique et contribuerait sans aucun doute à une prise de conscience plus affirmée des enjeux relatifs à notre identité commune et à une redéfinition des paradigmes de notre imaginaire collectif et de notre Histoire.
On ne le dira jamais assez : le Capitaine Mbaye Diagne a été profondément humain dans une période où la bestialité et l’horreur avaient atteint leur paroxysme. Il a fait preuve d’un courage quasi surhumain et d’une lucidité à toute épreuve au moment où le monde se complaisait dans un mutisme assassin face à l’abominable massacre qui avait lieu dans un petit pays de l’Afrique australe. Pendant que des monstres sortis d’on ne sait quel infernal cloaque tuaient sans pitié, à coups de machettes, des centaines de milliers d’innocentes victimes, l’on se bouchait les yeux et les oreilles pour mieux savourer la coupe du monde de football. C’est aussi à ce moment que l’héroïque capitaine, bouleversé par tant d’indifférence, a poussé ce cri du cœur, ce cri de révolte pathétique : « Comment est-ce que le monde a pu, comment est-ce que le reste de l’humanité a pu abandonner l’humanité ?! »
En vérité l’histoire, ou plutôt, l’épopée du capitaine Mbaye Diagne doit être connue de tous, des jeunes en particulier, par devoir de mémoire, mais aussi parce qu’il sied de célébrer la seule cause qui vaille : la cause humaine. C’est pourquoi, nous Saint-Louisiens et Saint-Louisiennes, souhaiterions et serions fiers de voir se dresser au cœur même de l’île de Ndar, la statue du Capitaine Mbaye Diagne, le plus grand héros de l’histoire de notre pays.
Louis CAMARA
Écrivain et poète
Citoyen de Ndar