«Que ceux qui cherchent un emploi lèvent la main ! » Cette déclaration du candidat Abdoulaye Wade lors d’un meeting à la veille de la première alternance, cristallisait à elle seule, l’espoir de toute une jeunesse livrée à elle-même qui avait soif de changement. En atteste cette marée de jeunes qui avait levé le bras pour répondre à l'appel du candidat du Sopi (le changement) qu’ils vont massivement élire au second tour de la présidentielle de 2000 avec 58% des suffrages.
C’était le début de la désillusion d’une jeunesse plongée dans un mal-être profond. Le pays qui comptait à l’époque 10 millions d’habitants et qui n’avait pas plus de 200 000 salariés dont 140 000 dans le privé et 60 000 dans la fonction publique, était déjà confronté à un chômage endémique. Car n’arrivant pas à caser ses 100 000 demandeurs d’emplois annuels. Cette promesse non tenue de la nouvelle alternance devient là du grain à moudre pour l’opposition d’alors qui ne ratait jamais une occasion de le lui rappeler.
« Abdoulaye Wade ne s’aventure plus à demander aux chômeurs de lever la main. Il risquerait d’être confronté à la même situation que sous Diouf. Les exigences du Fonds monétaire international [FMI] laissent peu de marge de manœuvre au gouvernement. Tout au plus, 11 000 personnes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi pour remplacer les gens qui partent à la retraite. Au contact de la réalité, Wade est devenu plus humble », ironisait le défunt député socialiste Papa Babacar Mbaye, en 2003 sur Jeune Afrique.
En 12 ans de pouvoir, les pompeuses déclarations, les onéreux programmes et les foisonnantes agences dédiées, n’ont jamais pu changer la donne.
Macky promet 500 000 emplois par an (2012), 1 million d’emplois à la banlieue (2019) et 65 000 emplois (2021)
A l’instar de son ex-mentor, Macky Sall traîne comme un boulet sa promesse électorale sur l’emploi. En effet, devant un parterre de militants et de potentiels électeurs, le challenger de Wade promettait en 2012, 500 000 emplois durant son premier septennat qu’il promettait de transformer en un quinquennat. A l’arrivée, la réalité est toute autre.
Les 413 000 emplois créés entre 2012 et 2018 avancé par les proches du président de même que les 230 000 entre 2012 et 2016 avancés par le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, Mansour Sy, ont vite été balayés d’un revers de main par les rapports de la DSTE (la Direction des statistiques du travail et des études). Ils (ces rapports) prouvent que ces chiffres sont nettement exagérés et indiquent également que les contrats à durée indéterminée (Cdi) dépassent à peine le quart des contrats déclarés auprès des inspections du travail.
Malgré ce rendez-vous manqué, le candidat Macky Sall à la quête d’une réélection promet lors de son passage à Pikine en 2019, 1 million d’emplois aux jeunes de la banlieue. Il promet encore 65 000 milles emplois à la jeunesse et 450 milliards pour le financement de projets de jeunes, après la terrible piqûre de rappel du mois de mars dernier avec les manifestations violentes qui ont fait 13 morts.
Fnpj, Anpj, Ajeb, Anej, Anama, Der, Prodac, Anida… des agences gouffre à milliards
Accentué à un niveau vertigineux, le chômage des jeunes est devenu un casse-tête pour les pouvoirs publics. Les programmes et agences se succèdent depuis 2005, mais n’arrivent toujours pas à endiguer le fléau. Pourtant elles ont mobilisé plusieurs centaines de milliards pour un résultat très loin des attentes.
Créés par le pouvoir libéral, le fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj), l’agence nationale de l’emploi des jeunes (Anej) l’Agence pour l’Emploi des Jeunes de la Banlieue (AJEB) et l’Agence Nationale d’Appui aux Marchands Ambulants (ANAMA), ont été supprimés en 2014 (à cause d’un faible remboursement des prêts, 3%) et remplacés par l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ).
Bis repetita ! Cette dernière, non plus, n’arrive toujours pas à atteindre l’objectif de promouvoir l’emploi des jeunes. Le problème demeure entier aujourd’hui encore dans le pays (qui compte à ce jour plus de 16 millions d’habitants avec 70% de jeunes). Ce, malgré la création de : la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des Femmes et des jeunes (Der/Fj, 30 milliards par an),
le Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (le 3FPT, 20 milliards par an), le Fonds national de la Microfinance; le Programme Formation École-Entreprise, le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC, 100 milliards pour 10 Dac et 30 mille hectares), l’Agence nationale d’Insertion et de Développement agricole (ANIDA, 45 milliards)…
Une « mutualisation des moyens » pour changer la donne
D’aucuns expliquent ces échecs cuisants depuis deux décennies par l’absence d’une politique cohérente d’emploi, la politisation à outrance des agences dédiées à la promotion de l’emploi des jeunes et le caractère populiste des décisions et promesses. Il était donc attendu du conseil présidentiel de ce jeudi, un changement de paradigme et l’élaboration d’une politique sérieuse de jeunesse axée sur le triptyque : éducation, formation et emploi.
Le président Macky Sall qui a présidé le conseil présidentiel assure que l’allocation budgétaire de 450 milliards sur trois ans servira à « financer le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes, XËYU NDAW ÑI, qui sera issu de ce Conseil présidentiel ». Conscient de l’inefficience de ces nombreuses agences, il a insisté sur la nécessité d’améliorer « la cohérence d’ensemble de toutes ces structures par une meilleure mutualisation de leurs moyens ».
Un dossier de SENEWEB
C’était le début de la désillusion d’une jeunesse plongée dans un mal-être profond. Le pays qui comptait à l’époque 10 millions d’habitants et qui n’avait pas plus de 200 000 salariés dont 140 000 dans le privé et 60 000 dans la fonction publique, était déjà confronté à un chômage endémique. Car n’arrivant pas à caser ses 100 000 demandeurs d’emplois annuels. Cette promesse non tenue de la nouvelle alternance devient là du grain à moudre pour l’opposition d’alors qui ne ratait jamais une occasion de le lui rappeler.
« Abdoulaye Wade ne s’aventure plus à demander aux chômeurs de lever la main. Il risquerait d’être confronté à la même situation que sous Diouf. Les exigences du Fonds monétaire international [FMI] laissent peu de marge de manœuvre au gouvernement. Tout au plus, 11 000 personnes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi pour remplacer les gens qui partent à la retraite. Au contact de la réalité, Wade est devenu plus humble », ironisait le défunt député socialiste Papa Babacar Mbaye, en 2003 sur Jeune Afrique.
En 12 ans de pouvoir, les pompeuses déclarations, les onéreux programmes et les foisonnantes agences dédiées, n’ont jamais pu changer la donne.
Macky promet 500 000 emplois par an (2012), 1 million d’emplois à la banlieue (2019) et 65 000 emplois (2021)
A l’instar de son ex-mentor, Macky Sall traîne comme un boulet sa promesse électorale sur l’emploi. En effet, devant un parterre de militants et de potentiels électeurs, le challenger de Wade promettait en 2012, 500 000 emplois durant son premier septennat qu’il promettait de transformer en un quinquennat. A l’arrivée, la réalité est toute autre.
Les 413 000 emplois créés entre 2012 et 2018 avancé par les proches du président de même que les 230 000 entre 2012 et 2016 avancés par le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, Mansour Sy, ont vite été balayés d’un revers de main par les rapports de la DSTE (la Direction des statistiques du travail et des études). Ils (ces rapports) prouvent que ces chiffres sont nettement exagérés et indiquent également que les contrats à durée indéterminée (Cdi) dépassent à peine le quart des contrats déclarés auprès des inspections du travail.
Malgré ce rendez-vous manqué, le candidat Macky Sall à la quête d’une réélection promet lors de son passage à Pikine en 2019, 1 million d’emplois aux jeunes de la banlieue. Il promet encore 65 000 milles emplois à la jeunesse et 450 milliards pour le financement de projets de jeunes, après la terrible piqûre de rappel du mois de mars dernier avec les manifestations violentes qui ont fait 13 morts.
Fnpj, Anpj, Ajeb, Anej, Anama, Der, Prodac, Anida… des agences gouffre à milliards
Accentué à un niveau vertigineux, le chômage des jeunes est devenu un casse-tête pour les pouvoirs publics. Les programmes et agences se succèdent depuis 2005, mais n’arrivent toujours pas à endiguer le fléau. Pourtant elles ont mobilisé plusieurs centaines de milliards pour un résultat très loin des attentes.
Créés par le pouvoir libéral, le fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj), l’agence nationale de l’emploi des jeunes (Anej) l’Agence pour l’Emploi des Jeunes de la Banlieue (AJEB) et l’Agence Nationale d’Appui aux Marchands Ambulants (ANAMA), ont été supprimés en 2014 (à cause d’un faible remboursement des prêts, 3%) et remplacés par l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ).
Bis repetita ! Cette dernière, non plus, n’arrive toujours pas à atteindre l’objectif de promouvoir l’emploi des jeunes. Le problème demeure entier aujourd’hui encore dans le pays (qui compte à ce jour plus de 16 millions d’habitants avec 70% de jeunes). Ce, malgré la création de : la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des Femmes et des jeunes (Der/Fj, 30 milliards par an),
le Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (le 3FPT, 20 milliards par an), le Fonds national de la Microfinance; le Programme Formation École-Entreprise, le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC, 100 milliards pour 10 Dac et 30 mille hectares), l’Agence nationale d’Insertion et de Développement agricole (ANIDA, 45 milliards)…
Une « mutualisation des moyens » pour changer la donne
D’aucuns expliquent ces échecs cuisants depuis deux décennies par l’absence d’une politique cohérente d’emploi, la politisation à outrance des agences dédiées à la promotion de l’emploi des jeunes et le caractère populiste des décisions et promesses. Il était donc attendu du conseil présidentiel de ce jeudi, un changement de paradigme et l’élaboration d’une politique sérieuse de jeunesse axée sur le triptyque : éducation, formation et emploi.
Le président Macky Sall qui a présidé le conseil présidentiel assure que l’allocation budgétaire de 450 milliards sur trois ans servira à « financer le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes, XËYU NDAW ÑI, qui sera issu de ce Conseil présidentiel ». Conscient de l’inefficience de ces nombreuses agences, il a insisté sur la nécessité d’améliorer « la cohérence d’ensemble de toutes ces structures par une meilleure mutualisation de leurs moyens ».
Un dossier de SENEWEB