Erosion des sols, maladies professionnelles, coûts de production croissants… Pour améliorer la vie des maraîchers de la banlieue de Dakar et diminuer l’impact de l’agriculture sur l’environnement, l’école polytechnique de Dakar, l’ONG Enda-pronat et la Fondation Nicolas Hulot (FNH) se sont associées pour développer un modèle de petites éoliennes adaptées à l’agriculture sénégalaise. De retour de voyage au Sénégal, Sébastien Galy, responsable des soutiens nationaux et internationaux à la FNH, a pu voir les résultats sur le terrain du projet Eolsénégal, qui pourrait être étendu à d’autres régions d’Afrique.
80% d’eau en moins pour deux fois plus de carottes
A l’origine du projet, des étudiants du laboratoire de recherche sur les énergies renouvelables de Dakar (Cifres) ont conçu un modèle de petite éolienne, adaptée aux conditions climatiques sénégalaises: «Le vent qui souffle sur la bande côtière de St Louis à Dakar est faible mais constant. Les petites éoliennes tournent avec un vent de deux mètres par seconde et produisent au maximum à quatre mètre par seconde, alors que celles que nous avons en France commencent à huit mètres par seconde», explique Sébastien Galy.
Les six premières éoliennes, produites entièrement au Sénégal, avec des pales en bois fabriquées par un menuisier local et peu d’électronique, ont été installées dans des «champs-école» pour tester leur efficacité. L’objectif étant de remplacer l’arrosage manuel par un goutte-à-goutte plus économe en eau et surtout de réduire les coûts de production en supprimant les motopompes: «50% des coûts de production passaient dans le gasoil. Les producteurs étaient dans une situation de dépendance et de faiblesse qu’ils sont contents de quitter», commente Sébastien Galy. Et les économies ne se résument pas au carburant: 80% d’eau utilisée en moins et des rendements doublés pour les carottes et triplés pour les navets.
Un «bonus écologique» pour permettre aux agriculteurs d’investir
Déjà 7.500 producteurs de plus de 70 villages autour de Dakar se sont rassemblés en fédérations pour mutualiser l’expérience et beaucoup d’autres sont intéressés par les pratiques agro-écologiques développées dans les champs-écoles: « Ils ont un niveau de compréhension des problématiques qui m’a impressionné. Il y a bien sûr des enjeux de sécurité alimentaire qui sont essentiels, mais quand une technique réduit l’impact sur l’environnement tout en baissant les coûts de production et augmentant les rendements, évidemment tout le monde est intéressé», témoigne Sébastien Galy.
La mission de la FNH est maintenant de rendre possible l’accès à ces techniques à un maximum d’agriculteurs, notamment par la micro-finance ou par un «bonus écologique» pour atténuer les investissements.
Ne plus avoir «peur de l’avenir»
Face à la pression foncière et à l’augmentation des prix du gasoil, les agriculteurs sénégalais pourraient trouver dans cette expérience des raisons de ne plus «avoir peur de l’avenir», espère Sébastien Galy: «Ils se demandent si leur terre ne va pas leur être enlevée pour construire des lotissements et si leurs enfants pourront vivre de l’agriculture. Le partenariat les rassure», ajoute-t-il, convaincu que le projet Eolsénégal permettra de répondre aux enjeux sociaux, alimentaires, énergétiques et économiques de la région de Dakar, le «grenier du Sénégal» convoité par les promoteurs et les producteurs de haricots verts ou d’agro-carburants pour les pays du Nord.
Audrey Chauvet
80% d’eau en moins pour deux fois plus de carottes
A l’origine du projet, des étudiants du laboratoire de recherche sur les énergies renouvelables de Dakar (Cifres) ont conçu un modèle de petite éolienne, adaptée aux conditions climatiques sénégalaises: «Le vent qui souffle sur la bande côtière de St Louis à Dakar est faible mais constant. Les petites éoliennes tournent avec un vent de deux mètres par seconde et produisent au maximum à quatre mètre par seconde, alors que celles que nous avons en France commencent à huit mètres par seconde», explique Sébastien Galy.
Les six premières éoliennes, produites entièrement au Sénégal, avec des pales en bois fabriquées par un menuisier local et peu d’électronique, ont été installées dans des «champs-école» pour tester leur efficacité. L’objectif étant de remplacer l’arrosage manuel par un goutte-à-goutte plus économe en eau et surtout de réduire les coûts de production en supprimant les motopompes: «50% des coûts de production passaient dans le gasoil. Les producteurs étaient dans une situation de dépendance et de faiblesse qu’ils sont contents de quitter», commente Sébastien Galy. Et les économies ne se résument pas au carburant: 80% d’eau utilisée en moins et des rendements doublés pour les carottes et triplés pour les navets.
Un «bonus écologique» pour permettre aux agriculteurs d’investir
Déjà 7.500 producteurs de plus de 70 villages autour de Dakar se sont rassemblés en fédérations pour mutualiser l’expérience et beaucoup d’autres sont intéressés par les pratiques agro-écologiques développées dans les champs-écoles: « Ils ont un niveau de compréhension des problématiques qui m’a impressionné. Il y a bien sûr des enjeux de sécurité alimentaire qui sont essentiels, mais quand une technique réduit l’impact sur l’environnement tout en baissant les coûts de production et augmentant les rendements, évidemment tout le monde est intéressé», témoigne Sébastien Galy.
La mission de la FNH est maintenant de rendre possible l’accès à ces techniques à un maximum d’agriculteurs, notamment par la micro-finance ou par un «bonus écologique» pour atténuer les investissements.
Ne plus avoir «peur de l’avenir»
Face à la pression foncière et à l’augmentation des prix du gasoil, les agriculteurs sénégalais pourraient trouver dans cette expérience des raisons de ne plus «avoir peur de l’avenir», espère Sébastien Galy: «Ils se demandent si leur terre ne va pas leur être enlevée pour construire des lotissements et si leurs enfants pourront vivre de l’agriculture. Le partenariat les rassure», ajoute-t-il, convaincu que le projet Eolsénégal permettra de répondre aux enjeux sociaux, alimentaires, énergétiques et économiques de la région de Dakar, le «grenier du Sénégal» convoité par les promoteurs et les producteurs de haricots verts ou d’agro-carburants pour les pays du Nord.
Audrey Chauvet