Dr. Aly Tandian, vous êtes sociologue, comment appréciez-vous tout ce qui se passe actuellement au Sénégal avec ces vagues de contestation ?
Aly Tandian : Ce qui se passe à présent à Dakar, Kaolack, Joal, Mbour, Fatick, Diourbel, Thiès, entre autres localités, est un processus. Ces contestations sont certes une activité à caractère politique entreprise par ceux qui n'ont pas accès aux ressources d'un groupe ou dont les valeurs sont foncièrement
opposées à celles de l'équipe politique dirigeante, mais elles portent sur une question ou une série de questions qui touchent les revendications de catégories de citoyens. Habituellement, lorsque la contestation se déroule, les différentes entités réagissent par une forme de compromis symbolique en prenant en compte les propos des uns et des autres malheureusement.
Pour ce qui est du cas du Sénégal, à présent, c'est le mépris, l'arrogance, la violence, etc. qui sont privilégiés. Les choses se complexifient et d'ailleurs de façon très rapide, à cause du degré d'énervement, de la précipitation ou de leur manque de tolérance des uns et des autres.
Toujours est-il qu'il serait bien de comprendre qu'à ce jour, au Sénégal, les acteurs de la contestation sont des membres de la classe politique, de la société civile, de jeunes affectés par un chômage crucial et une pauvreté sans commune mesure, de religieux et parfois de manière symbolique, d'anciens proches du régime en place. Nous observons une présence féminine relativement importante.
A la base, ce sont des imams, des marchands ambulants et des jeunes artistes issus des banlieues qui se sont engagés mais actuellement, le mouvement de protestation tend lui-même à s'institutionnaliser pour devenir un nouveau groupement organisé malgré la spontanéité dans les actions.
Il faut le dire, ces groupes classiquement mis à la marge des prises de décisions ont emboîté le pas à quelques partis politiques autour des questions dont ils ont fait leur cheval de bataille (cherté de la vie, coupures intempestives d'électricité, manque de travail, désenchantement et désillusions, etc.).
Selon vous, quelles sont les menaces qui pèsent sur l'avenir du pays ?
Les menaces, nous y sommes depuis, il y a une bonne partie des populations qui ont perdu espoir. « Barca ou Barsax » (Aller à Barcelone ou Mourir), les cas d'immolations, le recours de façon aveuglante à certaines pratiques, etc. sont autant de caractéristiques pertinentes qui peuvent être évoquées pour illustrer le désarroi qui affecte les populations locales. Il ne faut pas le dire de façon rapide.
Il faut le souligner avec une certaine lucidité. Il y a une certaine mésalliance entre des politiques et une partie des populations locales. Certaines de ces dernières estiment que l'école, une institution républicaine, est de moins en moins le passage obligé pour arriver à la réussite sociale. C'est l'auto-prise en charge
! Et la lutte semble être la voie royale. Malheureusement des politiques l'ont peu compris et continuent par ignorance à divertir ou à encourager des jeunes candidats à la lutte qui malencontreusement, a perdu sa valeur ludique et socialisatrice pour ne devenir que le champ de la violence.
Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant pour sauver les meubles ?
Je n'ai pas d'appel. La rue, personne ne la contrôle et la société sénégalaise en pleine transition, n'est pas une société froide sans dynamique. Elle est au cœur de la mondialisation et elle ne peut pas échapper aux mutations en cours à travers le monde. Cette loi a été certes retirée, mais elle constitue l'élément déclencheur prouvant la détermination des uns et l'entêtement des autres.
Seulement, la violence est-elle la voie à entreprendre ? Je ne pense pas car elle va affecter plusieurs entités sociales locales. Des expériences tristes peuvent être évoquées en Afrique ou ailleurs. Souvent on pense naïvement que ce pays peut échapper à ces tristes évènements, mais je ne suis pas aussi déterministe que ceux qui défendent cette idée.
Aly Tandian : Ce qui se passe à présent à Dakar, Kaolack, Joal, Mbour, Fatick, Diourbel, Thiès, entre autres localités, est un processus. Ces contestations sont certes une activité à caractère politique entreprise par ceux qui n'ont pas accès aux ressources d'un groupe ou dont les valeurs sont foncièrement
opposées à celles de l'équipe politique dirigeante, mais elles portent sur une question ou une série de questions qui touchent les revendications de catégories de citoyens. Habituellement, lorsque la contestation se déroule, les différentes entités réagissent par une forme de compromis symbolique en prenant en compte les propos des uns et des autres malheureusement.
Pour ce qui est du cas du Sénégal, à présent, c'est le mépris, l'arrogance, la violence, etc. qui sont privilégiés. Les choses se complexifient et d'ailleurs de façon très rapide, à cause du degré d'énervement, de la précipitation ou de leur manque de tolérance des uns et des autres.
Toujours est-il qu'il serait bien de comprendre qu'à ce jour, au Sénégal, les acteurs de la contestation sont des membres de la classe politique, de la société civile, de jeunes affectés par un chômage crucial et une pauvreté sans commune mesure, de religieux et parfois de manière symbolique, d'anciens proches du régime en place. Nous observons une présence féminine relativement importante.
A la base, ce sont des imams, des marchands ambulants et des jeunes artistes issus des banlieues qui se sont engagés mais actuellement, le mouvement de protestation tend lui-même à s'institutionnaliser pour devenir un nouveau groupement organisé malgré la spontanéité dans les actions.
Il faut le dire, ces groupes classiquement mis à la marge des prises de décisions ont emboîté le pas à quelques partis politiques autour des questions dont ils ont fait leur cheval de bataille (cherté de la vie, coupures intempestives d'électricité, manque de travail, désenchantement et désillusions, etc.).
Selon vous, quelles sont les menaces qui pèsent sur l'avenir du pays ?
Les menaces, nous y sommes depuis, il y a une bonne partie des populations qui ont perdu espoir. « Barca ou Barsax » (Aller à Barcelone ou Mourir), les cas d'immolations, le recours de façon aveuglante à certaines pratiques, etc. sont autant de caractéristiques pertinentes qui peuvent être évoquées pour illustrer le désarroi qui affecte les populations locales. Il ne faut pas le dire de façon rapide.
Il faut le souligner avec une certaine lucidité. Il y a une certaine mésalliance entre des politiques et une partie des populations locales. Certaines de ces dernières estiment que l'école, une institution républicaine, est de moins en moins le passage obligé pour arriver à la réussite sociale. C'est l'auto-prise en charge
! Et la lutte semble être la voie royale. Malheureusement des politiques l'ont peu compris et continuent par ignorance à divertir ou à encourager des jeunes candidats à la lutte qui malencontreusement, a perdu sa valeur ludique et socialisatrice pour ne devenir que le champ de la violence.
Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant pour sauver les meubles ?
Je n'ai pas d'appel. La rue, personne ne la contrôle et la société sénégalaise en pleine transition, n'est pas une société froide sans dynamique. Elle est au cœur de la mondialisation et elle ne peut pas échapper aux mutations en cours à travers le monde. Cette loi a été certes retirée, mais elle constitue l'élément déclencheur prouvant la détermination des uns et l'entêtement des autres.
Seulement, la violence est-elle la voie à entreprendre ? Je ne pense pas car elle va affecter plusieurs entités sociales locales. Des expériences tristes peuvent être évoquées en Afrique ou ailleurs. Souvent on pense naïvement que ce pays peut échapper à ces tristes évènements, mais je ne suis pas aussi déterministe que ceux qui défendent cette idée.