La bataille d’Abidjan’ continue de faire rage avec à la solde de nombreuses victimes dont les corps jonchent encore les rues. L'absence des services thanatopracteurs et autres services d'enlèvement spécialisés ont finalement poussé les populations riveraines, apeurées par la propagation d’une éventuelle épidémie - vu que la saison des pluies va commencer bientôt - à incinérer les corps.
Selay Marius Kouassi, Abidjan, Côte d’Ivoire
Incinérer une dépouille mortelle en Côte d’Ivoire est une pratique impensable. Les Ivoiriens pensent qu’enfouir le défunt en terre en lui offrant une sépulture décente assure à son esprit le repos éternel et à ses parents vivants, la quiétude. Mais quelque fois, face à des situations extrêmes, l’exception devient la règle à laquelle personne ne se dérobe.
Abidjan, Cocody-Angré, Carrefour 22ème Arrondissement de Police. La scène est surréaliste et jette le froid dans le dos. Quelques riverains attroupés autour d’un corps en état de putréfaction s’empressent de l’incinérer. Qui apporte un morceau de bois, qui un vieux pneu en lambeau et la première flamme part. Les minutes qui suivent, l’odeur pestilentielle et la fumée suffocante qui se dégagent les font reculer, chacun couvre de sa main sa bouche et ses narines et rentre chez lui.
Bruler
« On a découvert certains morts par balle dans le quartier. Pour éviter que leur dépouille ne passe inaperçue et qu’elle soit enlevée le plus vite, on les a déposé aux abords de la grande voix, mais trois jours après, personne n’est passé pour l’enlèvement. Il ne nous restait donc plus qu’à les incinérer pour éviter que les odeurs qui se dégagent ne nous rendent malade», explique Jean-Baptiste Appiah, un habitant de Cocody-Angré.
« La saison des pluies est imminente. On a brûlé ce corps pour être à l’abri d’épidémies qui risquent de nous emporter, nous mêmes. Les services de santé ne fonctionnent plus à plein temps », renchérit Raymond Maho qui a participé à l’opération d’incinération.
Avant l’incinération spontanée, les riverains entreprennent des opérations d’identification de la victime.
« D’abord, on cherche à récupérer une pièce d’identité sur le cadavre. S’il n’a pas de carte d’identité, on voit s’il a un collier avec une inscription particulière par exemple. Nous ne songeons pas à prendre des photos du visage, parce qu’il est dans un état qui le rend méconnaissable même par un proche parent.» explique Mathias Kouamé.
Mari
Dalila Koné pleure son mari qui n’est toujours pas rentré du travail depuis le déclenchement de la bataille d’Abidjan. Elle se refuse à accepter qu’il ait subit pareil sort. « Toutes mes tentatives pour entrer en contact avec lui et savoir où il se trouve sont restées vaines. Son téléphone portable ne sonne plus. Je suis toujours en prière pour que Dieu me le ramène vivant. Le simple fait de penser qu’il ait subit pareil sort me rend déjà folle. Je ne puis l’accepter !» affirme t-elle.
On ne saura jamais l’identité de la plupart des victimes qui ont été incinérés spontanément. Entre temps, à Abidjan, le bras de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo continue toujours.
Selay Marius Kouassi, Abidjan, Côte d’Ivoire
Incinérer une dépouille mortelle en Côte d’Ivoire est une pratique impensable. Les Ivoiriens pensent qu’enfouir le défunt en terre en lui offrant une sépulture décente assure à son esprit le repos éternel et à ses parents vivants, la quiétude. Mais quelque fois, face à des situations extrêmes, l’exception devient la règle à laquelle personne ne se dérobe.
Abidjan, Cocody-Angré, Carrefour 22ème Arrondissement de Police. La scène est surréaliste et jette le froid dans le dos. Quelques riverains attroupés autour d’un corps en état de putréfaction s’empressent de l’incinérer. Qui apporte un morceau de bois, qui un vieux pneu en lambeau et la première flamme part. Les minutes qui suivent, l’odeur pestilentielle et la fumée suffocante qui se dégagent les font reculer, chacun couvre de sa main sa bouche et ses narines et rentre chez lui.
Bruler
« On a découvert certains morts par balle dans le quartier. Pour éviter que leur dépouille ne passe inaperçue et qu’elle soit enlevée le plus vite, on les a déposé aux abords de la grande voix, mais trois jours après, personne n’est passé pour l’enlèvement. Il ne nous restait donc plus qu’à les incinérer pour éviter que les odeurs qui se dégagent ne nous rendent malade», explique Jean-Baptiste Appiah, un habitant de Cocody-Angré.
« La saison des pluies est imminente. On a brûlé ce corps pour être à l’abri d’épidémies qui risquent de nous emporter, nous mêmes. Les services de santé ne fonctionnent plus à plein temps », renchérit Raymond Maho qui a participé à l’opération d’incinération.
Avant l’incinération spontanée, les riverains entreprennent des opérations d’identification de la victime.
« D’abord, on cherche à récupérer une pièce d’identité sur le cadavre. S’il n’a pas de carte d’identité, on voit s’il a un collier avec une inscription particulière par exemple. Nous ne songeons pas à prendre des photos du visage, parce qu’il est dans un état qui le rend méconnaissable même par un proche parent.» explique Mathias Kouamé.
Mari
Dalila Koné pleure son mari qui n’est toujours pas rentré du travail depuis le déclenchement de la bataille d’Abidjan. Elle se refuse à accepter qu’il ait subit pareil sort. « Toutes mes tentatives pour entrer en contact avec lui et savoir où il se trouve sont restées vaines. Son téléphone portable ne sonne plus. Je suis toujours en prière pour que Dieu me le ramène vivant. Le simple fait de penser qu’il ait subit pareil sort me rend déjà folle. Je ne puis l’accepter !» affirme t-elle.
On ne saura jamais l’identité de la plupart des victimes qui ont été incinérés spontanément. Entre temps, à Abidjan, le bras de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo continue toujours.