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Coordonnateur Adjoint de Bës du Niakk Saint-Louis, je choisis de voter OUI au référendum du 20 mars 2016.

Vendredi 11 Mars 2016

Coordonnateur Adjoint de Bës du Niakk Saint-Louis, je choisis de voter OUI au référendum du 20 mars 2016.
«En regardant le Sénégal en ce moment, je suis étouffé par la politique politicienne. Rares sont ceux qui se prononcent pour la défense de convictions sincères. Les calculs politiciens étouffent complètement le vrai débat ». Je suis complètement en phase avec cette affirmation que j’ai vue sur la page Facebook d’un ami.
Ces derniers temps, les sénégalais sont victimes de campagne abusive de communication, de leurre et de tentative de manipulation de tous ordres, relatifs au référendum et au projet de révision constitutionnelle. 
Rares  sont  les plaideurs qui motivent objectivement leur consigne, les ambitions personnelles et les intérêts inavoués ayant fini de prendre le dessus sur l’intérêt supérieur de la nation.  Pourtant la constitution est une affaire sérieuse qui dépasse les préoccupations politiciennes, les problèmes interpersonnels  et les humeurs du moment. Elle engage des générations et des générations, encadre la voie du droit et de la responsabilité publique, décrit les devoirs des citoyens, organise le fonctionnement des institutions de la république, régit les droits et les libertés.
Sous ce rapport, il faut certes la « toucher avec des mains tremblantes » (comme disait quelqu’un), mais sa révision  allant dans le sens de consolider la démocratie et l’Etat de droit, de garantir plus de droits aux citoyens, de renforcer la décentralisation et les pouvoirs locaux, d’augmenter la représentativité de la représentation nationale, d’organiser les rôles et le fonctionnement des formations politiques,  doit être la bienvenue.  Une telle révision doit en principe enregistrer le meilleur consensus qui n’a, en principe, pas besoin de concertation et de colloque des « belligérants ». 
Le débat actuel sur le référendum au Sénégal doit être abordé uniquement et exclusivement sous l’angle de ce que la réforme constitutionnelle peut permettre en termes d’avancée sociopolitique  ou de ce qu’elle peut entrainer en termes de recul démocratique. Il est désolant de constater qu’on est très loin de cette situation. A la place d’un débat responsable et dans le fond, on assiste à des polémiques stériles, certains se laissant aller à un babillage pour montrer qu’ils existent toujours, et d’autres pour exister.  
En fait, l’impression  c’est que de tous les plaignants, il y’en a peu qui ont pris la peine de s’imprégner véritablement du projet de réforme.
Pourtant à a lecture du texte, on se rend compte que toutes les dispositions vont dans le sens de consolider la démocratie et l’Etat de droit, de promouvoir la participation citoyenne à l’effort de construction d’un développement harmonieux, de favoriser le contrôle citoyen et d’assainir le jeu politique. 
Passons en revue certaines propositions de la réforme. 
A l’article 4, on peut lire   «(…) Ils (les partis politiques et coalitions de partis politiques) œuvrent à la formation des citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. La Constitution garantit aux candidats indépendants la participation à tous les types d’élection dans les conditions définies par la loi. (…) Il leur (les partis et coalitions de partis)  est interdit de s’identifier à une race, à une ethnie, à un sexe, à une religion, à une secte, à une langue ou à une partie du territoire. Les partis politiques sont également tenus de respecter strictement les règles de bonne gouvernance associative sous peine de sanctions susceptibles de conduire à la suspension et à la dissolution. (…) »
Cet article  peut permettre un bond en avant significatif en ce qui concerne l’organisation de la vie politique au Sénégal, la modernisation du fonctionnement des  formations politiques, l’équité dans le concours des suffrages, la vitalité démocratique, etc. 
Aujourd’hui, il devient une lapalissade que de dire que les partis politiques ne vivent qu’au rythme des élections. La formation des membres n’est qu’illusion. D’ailleurs, c’est ce qui explique en partie les violences notées lors des campagnes électorales. Il est alors temps « d’obliger » les partis politiques à s’investir ardemment dans la formation de leurs membres sur des thèmes relatifs à la citoyenneté, à la participation à la vie nationale, à la gestion des affaires publiques, etc. Il relève aussi de l’évidence que de dire que le financement des partis politiques ainsi que la gestion de leurs fonds demeurent aujourd’hui brumeux et très louches. Tous les partisans de la transparence sont aujourd’hui d’accord qu’il est nécessaire de prendre des dispositions allant dans le sens d’une réglementation du financement des formations politiques. L’article 4 de la réforme pose les bases de cette réglementation.
Ensuite, notre démocratie est assez mature pour dépasser définitivement les clivages d’ordre racial, ethnique, religieux, etc. Nous sommes Un Peuple, nous avons Un But et nous avons Une Foi. Nous sommes indivisibles. Les formations politiques dans leurs activités, si elles ne confortent pas cet acquis, ne doivent pas le fragiliser.
Voilà une petite économie de l’apport de l’article 04 du projet de réforme constitutionnel. 
L’article 06 propose la mise en place d’une nouvelle institution : « le Haut Conseil des Collectivités territoriales » qui vient après le Président de la République, l’Assemblée Nationale et le Gouvernement. 
Il est partagé que le renforcement de la décentralisation est une condition sine qua non de développement dans  notre pays.  La décentralisation est un processus engagé au Sénégal depuis longtemps. Elle a eu une évolution remarquable, mais  par rapport à d’autres pays références en la matière, nous avons encore à faire.
Il faut remarquer que jusque-là, il n’y a au niveau national comme représentation des collectivités locales,  que des associations « privées » d’élus. Toutes les  institutions « nationales » dépendent exclusivement du pouvoir central. Sous ce rapport, les collectivités locales peinent à voir leurs préoccupations réellement prises en charge dans la définition des stratégies  et cadres de référence du développement. Par exemple, aujourd’hui dans la définition des politiques de développement local, les collectivités locales ne font que s’inscrire dans ce ladre déjà conçu et arrêté au niveau national par l’exécutif. 
Avec la proposition de l’article 6, notre attelage institutionnel comprend maintenant une chambre qui représente exclusivement les intérêts des collectivités locales,  qui accompagne le pouvoir exécutif dans la définition des stratégies de développement dans un contexte de décentralisation, qui œuvre dans le dialogue entre l’Etat et les collectivités locales. Avec une telle chambre, les pouvoirs au niveau local vont augmenter et les collectivités locales seront mieux armées dans le déroulement de leurs politiques de promotion du développement local.
Les articles 26, 27 et 28 définissent le mode d’élection du Président de la République, la durée de son mandat ainsi que la limitation du nombre de mandats et la limitation à 75 ans de l’âge des candidats. Toutes ces propositions sont bel et bien en phase avec les standards démocratiques modernes.
L’article 58 confère un statut à l’opposition. Il va donc dans le sens de renforcer les droits de l’opposition et donc de consolider les acquis démocratiques.
L’article 59 propose une innovation majeure : des députés élus par les sénégalais de l’extérieur. Jusque-là, ces derniers, bien que très importants du point de vue de leur nombre et du point de vue de leur participation considérable au développement du Sénégal, n’ont pas de représentants l’hémicycle qui pourtant est la représentation nationale. C’est alors une injustice que le projet de réforme propose de réparer. 
Dans le titre II, alors « des libertés publiques et de la personne humaine, des droits économiques et sociaux et des droits collectifs » et qui devient « des droits et libertés fondamentaux et des devoirs des citoyens », il est ajouté quelques articles allant dans le sens de responsabiliser davantage le citoyen. 
L’Article 25-1 se présente comme suit : « les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. (…) L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables. (…) L’Etat et les collectivités territoriales ont l’obligation de veiller à la préservation du patrimoine foncier ». Il se passe de commentaires.
De la même manière, l’article 25-2 préserve l’environnement et voit enfin les  études d’impact environnemental sont constitutionnalisées. Les environnementalistes ne diront pas Non à cette disposition. 
A la lecture du projet de réforme, je tiens à dire tout mon étonnement d’entendre certains appeler à voter Non. Bien que  ce soit leur droit le plus absolu de donner la consigne qu’ils veulent,  leurs raisons (avouées) sont loin de convaincre un observateur averti et au fait des propositions.
A entendre les différents arguments qu’ils avancent, je suis tenté de les regrouper en quatre points : 
  1. Non  parce que le mandat en cours du Président actuel sera finalement de 07 ans.  
Vu tout le contenu du texte soumis au référendum, il apparait très réducteur de vouloir prétexter le fait que le Président de la République ait suivi l’avis ou la décision (peu importe) du Conseil Constitutionnel, juge des élections,  pour appeler à voter Non. Les autres propositions, qui concernent directement tout un peuple, les Sénégalais de l’extérieur, les devoirs citoyens, le renforcement de la décentralisation, les rapports entre  l’Assemblée Nationale et le Gouvernement, sont beaucoup plus importantes qu’une simple réduction d’un mandat en cours. 
En outre, une réelle incohérence caractérise la démarche des souteneurs de cet argument qui nous ont pourtant  tenus  en haleine pendant longtemps  avec des discours sur la bonne gouvernance,  sur l’impératif d’adopter le quinquennat pour s’aligner sur les standards internationaux en matière de bonne gouvernance et de démocratie, sur le renforcement des droits du citoyen, etc. Aujourd’hui qu’ils ont l’occasion de participer à la constitutionnalisation de tous ces actes, ils appellent à voter Non. C’est incompréhensible.
La vérité, c’est qu’en votant non et en s’imaginant sanctionner le Président de la République, on sanctionne uniquement le Sénégal. Ceux qui ne sont pas contents de la poursuite du mandat en cours jusqu’à son terme doivent attendre l’élection présidentielle de 2019 pour le montrer, ou, dans une moindre mesure, l’élection législative de 2017. C’est aussi ça la grandeur, la capacité de dépassement.
  1. Non parce que le Président de la République actuel aura la possibilité de faire 03 mandats et le deuxième tour de l’élection présidentielle sera supprimé. 
Ces thèses aux guibolles flasques relèvent d’une interprétation biaisée et abusive des articles 26 et 27. L’article 26 parle d’une élection du Président de la République à la majorité absolue des suffrages exprimés. L’article 27 stipule clairement que nul ne peut exercer deux mandats consécutifs.  
  1. Non parce que le Vote du Oui correspond à la promotion de contrevaleurs comme l’homosexualité. 
J’ai un sentiment de mépris et de dégout profond pour ceux qui défendent cette thèse. Rien, absolument rien ne peut lier le projet de réforme constitutionnelle à ce vice. C’est de l’intox, de la désinformation et de la manipulation. Les leaders politiques qui véhiculent de telles informations sont tout simplement diaboliques.
  1. Non parce que le référendum n’est pas opportun ou il est précipité ou il n’y a pas eu assez de concertation.
L’opportunité  est effectivement un jugement personnel. Mais il est important de reconnaitre les rôles et attributions de chacun. Dans ce cas précis, le choix de convoquer le collège électoral est exclusivement de la responsabilité du Président de la République. Si ce dernier décide d’organiser un référendum, les autres ont la responsabilité de choisir leur vote en jugeant le contenu des propositions dans leur quiddité pour un vote utile et non un vote de mécontentement parce que c’est l’intérêt supérieur de la Nation qui est en jeu. S’y ajoute qu’il n’est pas difficile de voir et de partager le contenu de la révision constitutionnelle. En plus, les propositions proviennent pour une grande part des conclusions de la Commission Nationale de Réforme des institutions.
Au demeurant, je m’étonne de  cette coalition entre certains mouvements de la société civile et des partis politiques de l’opposition. Je voudrais attirer  l’attention de ces mouvements sur le fait qu’ils n’ont ni le même agenda, ni les mêmes ambitions que les partis politiques de l’opposition. Le mouvement citoyen doit s’évertuer à éveiller les consciences citoyennes et non à faire de la  propagande politique ;  à informer juste et vrai les grandes masses et non à suivre une euphorie déviante ; à guider le peuple vers le meilleur et non à l’utiliser pour se faire un nom ; à permettre à tout un chacun de choisir librement et sans pression son camp et non à donner des consignes de vote ; à promouvoir l’émancipation des populations et non à vivre de leur incurie. 
En somme,
  • Considérant que la réforme est importante pour le devenir du Sénégal,
  • Considérant qu’elle apporte des innovations appréciables 
  • Considérant qu’elle confère plus de droit au citoyen
  • Considérant qu’elle avantage le développement durable,
  • Considérant qu’elle renforce la décentralisation et donne plus de pouvoirs aux collectivités locales
  • Considérant qu’elle renforce la démocratie 
  • Considérant qu’elle donne plus de pouvoir à l’Assemblée Nationale  dans le contrôle de l’action publique,
  • Considérant qu’elle renforce le Conseil Constitutionnel, 
Je vote OUI au référendum pour la révision constitutionnelle.
 
 Abdoulaye DIEYE
dieyeabdoulaye@hotmail.com
 
 


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1.Posté par Gabar Ndoye le 11/03/2016 10:36
Vous l'avez dit M. DIEYE. L'attitude de ceux qui ont décidé de voter NON est incompréhensible. Tous ceux qui adoptent cette position sont aveuglés par la passion (passion négative) ou par la politique purement politicienne. Il ne s'agit guère d'une affaire du Président, mais de la REPUBLIQUE. Quand j'entends les explications de certains intellectuels, j'ai honte. Elles sont ridicules. Toutes mes félicitations pour votre analyse et votre courage.

2.Posté par Adama Tra le 11/03/2016 12:13
Toutes mes félicitations Monsieur Dièye pour cette brillante analyse. Vous avez posé un débat d'idées qui interpelle tous les citoyens. Je salue votre courage et la pertinence de vos propos. Nous sommes avec vous. Merci.

3.Posté par Awa Dione le 11/03/2016 15:45
Rafète na lèrrna

4.Posté par bathie le 11/03/2016 17:40
PressAfrik .CNRI - Ces points essentiels qui dérangent Macky Sall...
Un président de la république non chef de parti, une transmission du pouvoir qui écarte d'office des proches parents, la fin des mandats indéfinis pour les députés, un gouvernement restreint à 25 membres, une cour constitutionnelle qui met fin à la caporalisation du pouvoir judiciaire par l’Exécutif, la présence d’un avocat aux côtés d’une personne aux premières heures de son interpellation par la police ou la gendarmerie… Ce sont là des points essentiels de l’avant-projet de constitution produit par la commission nationale de réforme des institutions (CNRI) et passés à la trappe par Macky Sall. Après, on peut bien élucubrer sur de «nouveaux droits», le renforcement du statut de l’opposition, l’élargissement des pouvoirs de l’assemblée nationale, etc. Le reniement du 16 février est passé par là.
CNRI - Ces points essentiels qui dérangent Macky Sall...
Le 10 février 2014, la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) remettait au président de la république un «Avant-projet de constitution» et un «Rapport» ad hoc en date du 3 février 2014. Pour le Pr Amadou Mahtar Mbow et sa vingtaine de collaborateurs, c’était l’aboutissement de plusieurs mois de travail répartis entre investigations, foras, diagnostic, échanges avec les populations à la base, les organisations politiques et de la société civile, aux quatre coins du pays et dans la diaspora. Pour des millions de Sénégalais qui avaient souhaité des réformes institutionnelles fondamentales après les traumatismes de l’ère Wade, le travail de la Cnri était très attendu même si, par ailleurs, des soupçons pesaient sur la démarche du commanditaire des travaux.
Deux ans presque jour pour jour plus tard, le président Macky Sall balançait sur la place publique une bombe à fragmentations enroulée dans un chiffon rouge avec l’inscription «reniement». C’était sa réponse à lui aux espérances du «peuple des Assises» et de centaines de milliers d’autres Sénégalais.
Le forfait politique et moral ayant été constaté et dénoncé par des voix nombreuses et exaspérées, le recours semble être… la Cnri. Certains responsables du pouvoir – le président de la république en tête – s’attachent à expliquer que les quinze réformes préconisées par Macky Sall portent essentiellement l’empreinte de la commission dirigée par le Pr Mbow. En effet, les dispositions de la Cnri dans l’avant-projet de constitution sont d’une si grande pertinence théorique pour une démocratie en quête d’ascension qu’il aurait été difficile d’en inventer de meilleures… Mais pour le meilleur dans ce travail, Macky Sall a choisi la censure froide.
Transmission du pouvoir
Le dernier alinéa de l’article 58 de la Section 3 de l’avant-projet de la Cnri propose au sujet du président de la république : «aucun de ses ascendants, descendants, collatéraux au premier degré, ou conjoints ne peut être candidat pour lui succéder ou assurer sa suppléance.» Cette disposition est capitale pour la sécurité du modèle démocratique républicain. Qui a oublié le 23-juin et la trame de fond funeste qu’il portait ? En ignorant ce point dans l’article 28 du nouveau texte soumis à référendum, le chef de l’Etat perpétue les points mystérieux de sa gouvernance alors qu’il est de notoriété publique que ses proches parents sont dans l’arène politique. Portes ouvertes…
Président, pas chef de parti
L’alinéa 2 de l’article 63 de l’avant-projet de la Cnri indique : «Durant l’exercice de ses fonctions, le président de la république ne peut exercer aucune fonction dirigeante dans un parti politique ni appartenir à toute autre association.» La double casquette de chef de l’Etat et de président de l’alliance pour la république (Apr) a fini de se transformer en piège ouvert contre ses adversaires politiques avec le délit d’«outrage au président de la république». Cette disposition de la Cnri est pourtant considérée comme fondamentale dans le processus de modernisation de la vie politique. Mais selon le Pr Ismaila Madior Fall, conseiller juridique du président, elle manque de réalisme dans le contexte sénégalais. Comme quoi, la démocratie aurait un coût ailleurs, pas au Sénégal.
Sus à la notabilisation des députés !
Cette modernisation des pratiques politiques touche également l’assemblée nationale, le corps le plus malade et le plus mortifère de l’architecture institutionnelle du Sénégal. Les «nouveaux» pouvoirs que le président veut lui attribuer sont dans la place depuis belle lurette. Seules une faiblesse insigne et une incompétence généralisée chez la majorité de ses membres l’empêchent de jouer le rôle qui lui est dévolu par la loi. Alors, quand pour son renouvellement et celui de la classe politique, la Cnri suggère : «aucun député ne peut exercer plus de trois mandats successifs», le président s’y oppose, laissant libre cours à la notabilisation et à l’émergence de potentats politiciens dévoués, aux quatre coins du territoire.
Gouvernement à 25 membres
Pour des soucis à la fois d’efficacité dans l’action et de préservation des ressources publiques, Mbow et Cie proposent à l’article 76 : «Le nombre des membres du gouvernement est fixé à vingt-cinq membres au maximum.» Dans la première équipe ministérielle dirigée par Abdoul Mbaye, le compte y était, avant que la politique politicienne et ses exigences liées à la satisfaction des coteries partisanes et claniques n’imposent le dérapage. Aujourd’hui, le gouvernement du premier ministre Dionne compte : 30 ministres, 3 ministres délégués, 6 secrétaires d’Etat…
Cour constitutionnelle
Dans les Etats modernes, le principe d’indépendance de la justice reste le pilier du projet démocratique par sa capacité à endiguer les dérives du pouvoir exécutif. Selon l’article 105 de l’avant-projet de constitution, «le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif… Les juges ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à l’autorité de la loi. Le magistrat du siège est inamovible. Il ne peut être déplacé qu’à sa demande ou par nécessité de service dûment constaté par le Conseil supérieur de la magistrature.» Celle-ci devient «l’organe de gestion de la carrière des magistrats».
C’est dans cet esprit que la Cnri a proposé la mise en place d’une «Cour constitutionnelle» vue comme «la plus haute juridiction» du pays» (article 107) et dont le président est également à la tête du Conseil supérieur de la magistrature (article 106). La Cour constitutionnelle serait composée de 7 membres nommés par décret pour un mandat de 6 ans non renouvelable. Son président, lui, serait choisi par ses pairs magistrats pour une durée de trois ans renouvelable une fois (article 108).
Garde à vue révolutionnée
Il y a quelques jours, Me El Hadj Diouf, député à l’assemblée nationale, réclamait bruyamment devant le ministre de l’Intérieur l’effectivité d’une mesure salutaire pour les personnes gardées à vue : le droit de se faire assister par un avocat suivant une directive de l’Uemoa. En réponse, Abdoulaye Daouda Diallo lui avait promis de transmettre sa préoccupation à son collègue de la Justice…
La Cnri, elle, avait pris les devants dans l’article 22 de l’avant-projet de constitution. «(…) La personne gardée à vue doit être informée de ses droits, notamment le droit au silence, le droit à un examen médical et le droit de se faire assister, au terme des premières vingt-quatre heures de garde à vue, par un avocat ou, à défaut, par une personne assermentée de son choix».
Cette directive communautaire qui s’impose à tous les Etats membres est issue du règlement n°05 de septembre 2014 vise l’harmonisation des règles qui régissent la profession d’avocat dans l’espace de l’Uemoa. Le gouvernement subit-il les pressions conjointes de la police et de la gendarmerie pour ne pas transposer la directive dans le droit interne ?
A l’origine, la parole manquée !
Les points ci-dessus abordés et réglés par la Cnri auraient pu constituer un formidable package de réformes institutionnelles – en plus du mandat réduit à cinq ans à partir de celui en cours – pour insuffler un souffle nouveau à la démocratie et ramener le bloc des citoyens découragés dans le giron de la politique. Mais le chef de l’Etat sénégalais était, lui, dans d’autres schémas qui l’ont conduit à son coup de théâtre du 16 février dernier.
Aujourd’hui, quelle que soit l’issue prochaine de la consultation, un constat se dégage d’ores et déjà : les gens sont en colère parce que le président de la république, incarnation de l’autorité suprême, a froidement manqué à sa parole et déçu des espoirs. Une petite balade hors du Palais, un petit-déjeuner dans un «tangana», un repas dans un restaurant ou à domicile entre amis, une conversation autour d’un café, édifient assez sur l’état d’esprit de beaucoup de Sénégalais…

5.Posté par Ouzdé le 11/03/2016 19:03
Entièrement d'accord avec vous Monsieur : "Sous ce rapport, il faut certes la « toucher avec des mains tremblantes » (comme disait quelqu’un), mais sa révision allant dans le sens de consolider la démocratie et l’Etat de droit, de garantir plus de droits aux citoyens, de renforcer la décentralisation et les pouvoirs locaux, d’augmenter la représentativité de la représentation nationale, d’organiser les rôles et le fonctionnement des formations politiques, doit être la bienvenue. Une telle révision doit en principe enregistrer le meilleur consensus qui n’a, en principe, pas besoin de concertation et de colloque des « belligérants ». Ceux qui sont avec le Oui nous disent pourquoi il faut voter Oui par rapport aux points des réformes. Mais le camp du Non n'a aucun argument négatif sur les 15 points et il veut convaincre. Tous ceux qui votent Non sont contre le régime du Président Sall. 2019 n'est pas loin pour faire face au bilan de M SALL.

6.Posté par Aminata Faye le 12/03/2016 08:54
Belle contribution mon très cher. La démarche est scientifique et les arguments très solides. Connaissant la rigueur qui te caractérise, je ne suis pas surprise. "Le débat actuel sur le référendum au Sénégal doit être abordé uniquement et exclusivement sous l’angle de ce que la réforme constitutionnelle peut permettre en termes d’avancée sociopolitique ou de ce qu’elle peut entrainer en termes de recul démocratique. Il est désolant de constater qu’on est très loin de cette situation. A la place d’un débat responsable et dans le fond, on assiste à des polémiques stériles, certains se laissant aller à un babillage pour montrer qu’ils existent toujours, et d’autres pour exister." Très vrai.

7.Posté par paracetamol le 13/03/2016 12:01
Un argument pour voter Oui : l'indigence, le ridicule, la pauvreté, la tristesse, des arguments des tenants du non!

8.Posté par Beugue Ndar le 15/03/2016 16:52
C'est décidé, je vote Oui! Je suis convaincu maintenant. Diadieuf lairna sam bope léggi.

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