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Consommation de blé au Sénégal: Une enveloppe de 45 milliards par an pour l'importation.

Dimanche 17 Mars 2013

Consommation de blé au Sénégal: Une enveloppe de 45 milliards par an pour l'importation.
Les importations de blé ont atteint 45 milliards Cfa en 2007 pour un volume de 300.000 tonnes, alors qu'elles ne représentaient que 5 milliards dans les années 80 pour un volume de 100.000 tonnes, a révélé, récemment, le directeur régional de l'Isra (Institut sénégalais de recherches agricoles) de Saint-Louis, Dr Abdoulaye Fall.

Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Dr Fall a rappelé que c'est dans ce contexte, qu'est né le programme de recherche sur le blé au Sénégal.

Les importations de céréales, a-t-il poursuivi, sont fortement dominées par le riz et le blé. En 2004, la facture due à l'importation du riz s'est élevée à 117 milliards pour des quantités évaluées à 747.752 tonnes. L'Etat a, pour cette raison, mis en place un important programme d'autosuffisance pour le riz à l'horizon 2015.

La hausse vertigineuse récente des prix des céréales au niveau mondial risque, à en croire le Dr Fall, d'aggraver l'insécurité alimentaire et creuser encore plus que par le passé, notre balance commerciale. Ainsi, le prix du blé rendu à Dakar, est passé récemment de 124.000 à 193.000 F, la tonne.

Pour le Dr Abdoulaye Fall, la culture du blé trouve son importance par son utilisation pour la consommation humaine (pain et biscuiterie), l'alimentation animale et les usages industriels (amidonnerie). Le blé tendre ou froment, est destiné à la fabrication du pain, en raison de sa composition en gluten, supérieure aux autres céréales. Le blé dur est destiné à la fabrication des semoules (pour couscous et pâtes alimentaires).

Parlant des justificatifs et de l'intérêt de la culture du blé dans notre pays, M. Fall a souligné la nécessité de diversifier les cultures et les systèmes irrigués (types de sol et période de culture), d'oeuvrer pour la sécurité alimentaire et la réduction de la dépendance sur les importations (la facture alimentaire du blé est la deuxième après le riz et devant le lait).

Dans notre pays, a-t-il ajouté, toutes les conditions sont réunies pour relancer la culture du blé. Car, les terres sont disponibles et il y a de l'eau et un climat favorable au développement de cette culture.

Des études menées dans les années 70 et 80, ont montré les possibilités de mener la culture notamment dans la vallée du fleuve Sénégal. Paradoxalement, ces résultats et leur vulgarisation ont peiné par la pérennisation de la culture.

Ainsi, a-t-il rappelé, l'Isra a entrepris ces dernières années, des travaux sur le blé par la réactualisation des connaissances sur la culture et en introduisant des nouvelles variétés et pratiques culturales. Ensuite, l'Etat a manifesté sa volonté d'appuyer le programme sur le blé par le biais de la coopération scientifique et technique. Les résultats préliminaires obtenus montrent qu'il y a nécessité de se mobiliser autour de la production du blé.

L'Isra de Saint-Louis avait déjà travaillé sur les introductions marocaines (10 variétés dont 8 tendres et 2 variétés dures). A l'issue de ces tests, 4 variétés ont été retenues en 2009/2010 et proposées au programme de l'Etat.

En 2011, les chercheurs de l'Isra ont travaillé sur des variétés issues de la coopération scientifique et technique entre l'Egypte et le Sénégal. Dans ce cadre, 18 variétés d'origine égyptienne, dont 12 tendres et 6 variétés de blé dur, ont été évaluées dans le delta et la moyenne vallée du fleuve Sénégal (Station expérimentale de l'Isra à Fanaye et dans les parcelles de Serigne Moustapha Bassirou Mbacké à Ndiol).

Pour ce qui est des performances des variétés égyptiennes, Dr Fall a précisé que cinq variétés de blé tendre (en vert) et une de blé dur (jaune) ont dépassé les 3 tonnes à l'hectare, malgré la date tardive du semis intervenu le 17 janvier 2012.
la plus part des variétés, a-t-il indiqué, ont pu boucler leur cycle au bout de 85 jours environ sauf deux qui ont accusé un retard d'une semaine. Ces variétés font plus de 130 jours de cycle en Egypte.

L'étude des composantes de rendement renseigne déjà sur un potentiel pouvant atteindre 10 tonnes à l'hectare. Ces composantes montrent que le maintien d'une densité de population assurant plus de 400 épis par mètre carré constitue un facteur déterminant pour l'atteinte de rendement élevé, à côté des facteurs climatiques tels que la température.
L'optimisation avec les essais en cours (mode et densité de semis, fertilisation, désherbage, irrigation) et à venir (mécanisation et post-récolte), permettra, selon le Dr Abdoulaye Fall, d'avoir des rendements stables et de gagner encore des points sur le potentiel de rendement.

Ces niveaux de rendement et les prix du marché pourraient, de l'avis de M. Fall, permettre aux producteurs de s'en sortir avec une marge assez confortable. Mais, en attendant que les producteurs atteignent le niveau de technicité requise pour arriver à de bons rendements, il est nécessaire d'appuyer la culture par un soutien à sa vulgarisation et son extension comme culture émergente.


Mbagnick Kharachi Diagne


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