CONFIDENCES DE MACKY SALL «Je suis profondément seul…»

Dur, dur d’être un chef d’Etat. Et ce n’est pas Macky Sall qui va nous contredire. Interrogé par les confrères du 1er numéro trimestriel «Pouvoirs d’Afrique», Macky Sall s’est exprimé sur la difficulté de l’exercice du pouvoir et sur ce qu’il a appris sur lui-même. La fonction présidentielle est extrêmement difficile, car elle mène à «l’isolement». Pour Macky Sall, même s’il est bien entouré, en tant que Président, il se sent «profondément seul». «Seul à décider. Seul dans ses erreurs. On commet beaucoup d’erreurs, parce qu’il faut agir dans l’urgence. Avec le recul, on réalise qu’on aurait pu agir différemment», déclare-t-il. Pis, confie-t-il, garder ses amis d’avant n’est pas facile. «Les fonctions ont des amis», confesse-t-il à nos confrères, avant de les renvoyer à un passage du livre de Bernard Debré. «Il était tout petit quand son père était le Premier ministre du Général De Gaulle. Du monde se bousculait dans la maison familiale. Avec des cadeaux, des boites de chocolat, des fleurs. Et le téléphonait n’arrêtait pas de sonner. Sa mère lui expliquait : ‘’ton père est Premier ministre.’’ Un jour, il rentre de l’école. Plus de remue-ménage, plus de paquet, le téléphone qui ne sonne plus. Sa mère lui explique : ‘’voilà, ton père n’est plus rien !’’ «Les amis étaient ceux de la fonction.» Le Chef de l’Etat s’est également lamenté sur le sort réservé à sa femme. Pour le Président de la République, Marième Faye Sall est injustement critiquée. «Ma femme se trouve exposée. Elle est visée. Elle est critiquée. Sa fondation caritative (Servir le Sénégal : Ndlr) vient en aide aux plus démunis. Ceux qui n’ont pas la possibilité de se faire soigner ou d’envoyer leurs enfants à l’école. Je vois les efforts inlassables qu’elle fournit, mais comme elle est proche du pouvoir, elle est critiquée», déplore-t-il. Par ailleurs, il a indiqué qu’il s’était bien préparé à la prison, en réaction à une question sur ses rapports avec Me Wade. «J’ai quand même fait onze ans d’opposition aux socialistes au pouvoir. Je me suis engagé au combat politique auprès d’Abdoulaye Wade. J’ai eu tous les honneurs avec lui. Puis, nous nous sommes opposés et finalement, je l’ai battu. L’élève a battu le maître.»