Doyen ! C’est le 07 septembre, en fin de matinée, que j’ai appris par le biais de Cheikh Thiam, actuel Directeur général du quotidien « Le Soleil » à travers sa page facebook votre disparition.
Je suis resté, des minutes durant, figé devant ma machine, avant de dire à mon collègue qui fut votre agent au Soleil : « Samb ! Doyen Bara n’est plus ». Sa réponse était simple : « toutes mes condoléances Aïdara. Tu as perdu un ami ».
Sur le coup, j’ai pris mon téléphone pour appeler un autre journaliste qui a eu aussi la chance de vous côtoyer, en l’occurrence Mathieu Bacaly de L’Observateur.
Sans attendre, il me rejoint à mon bureau et ensemble on s’est dirigé vers la Rue Roosevelt qui doit désormais porter le nom de Bara Diouf. Cette doléance de ton jeune ami, je dirais le plus jeune de tes amis, parce que partout où j’étais avec vous, vous me présentiez toujours comme étant votre ami, s’adresse à Monsieur le Maire de Dakar, Khalifa SALL.
Arrivés à la maison qui refusait du monde, une fois le portail franchi, je m’immobilise, votre épouse, la grande Dame, Madame DIOUF, depuis son salon où elle était entourée, me fait signe.
En avançant, je regardais partout, à la recherche d’une personne qui était tout pour vous, à savoir Fatou Bara. Mais, je ne la voyais nulle part.
Au salon, le premier mot qui est sorti de la bouche de cette grande Dame qui a donné toute sa vie pour vous accompagner jusqu’à votre dernier souffle, était : « massa Aidara. Pabi demna ».
Face à l’émotion, les mots ne pouvaient pas sortir. En grande Dame, je la regardais accueillir et orienter les parents et amis qui ont envahi la maison avant de lui demander le jour et l’heure de la levée du corps.
Le lendemain à la morgue de l’hôpital Principal, toutes les couches sociales de la société sénégalaise, s’étaient données rendez-vous pour vous rendre un dernier hommage.
Devant moi, deux hommes. L’un s’adressait à l’autre en ces termes : « Ki moy vrai intellectuel. Sénégal bamou dadj amoul intellectuel nou mel ni mom ». L’autre lui posa une question : « louy intellectuel ? ». Sa réponse était simple : « moy kou nga hamni, amna hamham, té yénénako gneup, té nangouna dieul lou gnénem am, amoul khalé, amoul mag ». « Kone ki kou bakh la » réplique l’autre. Monsieur vous avez raison. « Kou bakh la ».
Doyen, avec votre permission je vais leur expliquer qui est Bara Diouf.
Bara Diouf était avant tout petit fils de Buur Sine Coumba Ndofène Diouf. Vous me taquiniez toujours en disant : « toi, tu es petit-fils du Prophète Mohamed (PSL), moi petit fils de Buur Sine Coumba Ndofène Diouf. N’est-ce pas Saint Mathieu ? Toi qui était apôtre de Jésus».
Bara Diouf était un républicain. Oui ! Un républicain. Il avait donné toute sa vie à la République. Il était témoin et acteur de toutes les grandes décisions du Sénégal indépendant. Pour servir la République, Bara Diouf avait renoncé à tout.
Bara Diouf était l’un des plus grands journalistes du globe terrestre. Il avait très mal de voir les journalistes quitter les rédactions pour des postes d’attaché de presse ou conseiller en communication. Il me disait toujours que « les meilleurs journalistes sont aujourd’hui dans les bureaux. Ce qui ne profite à la presse et au peuple sénégalais».
Bara était un panafricaniste et historien, car il était non seulement témoin et acteur de son époque, mais également témoin de celle de la nouvelle génération.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué l’histoire du RDA.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué l’arrivée du Général de Gaulle à Dakar, le jour où Valdiodio Ndiaye et Jean Collin étaient les deux Maîtres du Sénégal.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les tournées nationales de Mamadou DIA.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué la dislocation de la Fédération du Mali.
N’est-ce pas qui m’avez expliqué le différend entre Senghor et Dia en 1963.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué le voyage de non-retour de Diallo Telli en Guinée auquel vous vous êtes opposés.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les relations tendues entre Ahmed Sékou Touré et Léopold S. Senghor.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les relations entre Senghor, Cissé Dia, Abdou Diouf, Babacar Bâ, votre ami.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les consultations de Senghor pour sa succession durant lesquelles vous avez choisi la République à la place de votre ami, alors que Senghor s’attendait à ce que vous lui proposiez votre ami.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué votre rencontre avec le Président Wade à l’Académie française, lors de la cérémonie d’intronisation du Président Senghor comme immortel.
N’est-ce pas vous qui m’avez accompagné et présenté au Professeur Assane Seck, à Fass dans ses bureaux, en lui disant : « Assane, je te présente un brillant jeune journaliste. Il a juste besoin de l’aide pour aller très loin. Tu vas lui accorder une interview aujourd’hui devant moi ».
N’est-ce pas vous qui m’avez présenté à Seydou Badian Kouyaté, l’auteur de « Sous l’orage » et lui a demandé de m’accorder une interview dans le cadre des 50 ans d’indépendance de beaucoup de pays d’Afrique francophone.
N’est-ce pas vous qui m’avez dit, une fois dans votre bureau de PCA au quotidien national que l’actuel Directeur Général Cheikh Thiam est pétri de talent.
N’est-ce pas vous qui……
Doyen, certes vous êtes parti, mais sachez que la République s’est mobilisée pour vous rendre un hommage digne d’un prince du Sine et des grands intellectuels du monde.
Etaient présents à ce dernier rendez-vous, pour votre dernier voyage, journalistes, religieux, politiques, hommes de culture, amis, parents, etc.
Doyen, pour votre information, arrivé à la maison et devant toute l’assistance, votre épouse a dit haut et fort, que Paul Mendy et moi étions vos amis.
Repose en paix Doyen !
Talibouya AIDARA
Conseiller Technique en charge en Communication
Ministère de la Pêche et de l’Economie maritime
Je suis resté, des minutes durant, figé devant ma machine, avant de dire à mon collègue qui fut votre agent au Soleil : « Samb ! Doyen Bara n’est plus ». Sa réponse était simple : « toutes mes condoléances Aïdara. Tu as perdu un ami ».
Sur le coup, j’ai pris mon téléphone pour appeler un autre journaliste qui a eu aussi la chance de vous côtoyer, en l’occurrence Mathieu Bacaly de L’Observateur.
Sans attendre, il me rejoint à mon bureau et ensemble on s’est dirigé vers la Rue Roosevelt qui doit désormais porter le nom de Bara Diouf. Cette doléance de ton jeune ami, je dirais le plus jeune de tes amis, parce que partout où j’étais avec vous, vous me présentiez toujours comme étant votre ami, s’adresse à Monsieur le Maire de Dakar, Khalifa SALL.
Arrivés à la maison qui refusait du monde, une fois le portail franchi, je m’immobilise, votre épouse, la grande Dame, Madame DIOUF, depuis son salon où elle était entourée, me fait signe.
En avançant, je regardais partout, à la recherche d’une personne qui était tout pour vous, à savoir Fatou Bara. Mais, je ne la voyais nulle part.
Au salon, le premier mot qui est sorti de la bouche de cette grande Dame qui a donné toute sa vie pour vous accompagner jusqu’à votre dernier souffle, était : « massa Aidara. Pabi demna ».
Face à l’émotion, les mots ne pouvaient pas sortir. En grande Dame, je la regardais accueillir et orienter les parents et amis qui ont envahi la maison avant de lui demander le jour et l’heure de la levée du corps.
Le lendemain à la morgue de l’hôpital Principal, toutes les couches sociales de la société sénégalaise, s’étaient données rendez-vous pour vous rendre un dernier hommage.
Devant moi, deux hommes. L’un s’adressait à l’autre en ces termes : « Ki moy vrai intellectuel. Sénégal bamou dadj amoul intellectuel nou mel ni mom ». L’autre lui posa une question : « louy intellectuel ? ». Sa réponse était simple : « moy kou nga hamni, amna hamham, té yénénako gneup, té nangouna dieul lou gnénem am, amoul khalé, amoul mag ». « Kone ki kou bakh la » réplique l’autre. Monsieur vous avez raison. « Kou bakh la ».
Doyen, avec votre permission je vais leur expliquer qui est Bara Diouf.
Bara Diouf était avant tout petit fils de Buur Sine Coumba Ndofène Diouf. Vous me taquiniez toujours en disant : « toi, tu es petit-fils du Prophète Mohamed (PSL), moi petit fils de Buur Sine Coumba Ndofène Diouf. N’est-ce pas Saint Mathieu ? Toi qui était apôtre de Jésus».
Bara Diouf était un républicain. Oui ! Un républicain. Il avait donné toute sa vie à la République. Il était témoin et acteur de toutes les grandes décisions du Sénégal indépendant. Pour servir la République, Bara Diouf avait renoncé à tout.
Bara Diouf était l’un des plus grands journalistes du globe terrestre. Il avait très mal de voir les journalistes quitter les rédactions pour des postes d’attaché de presse ou conseiller en communication. Il me disait toujours que « les meilleurs journalistes sont aujourd’hui dans les bureaux. Ce qui ne profite à la presse et au peuple sénégalais».
Bara était un panafricaniste et historien, car il était non seulement témoin et acteur de son époque, mais également témoin de celle de la nouvelle génération.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué l’histoire du RDA.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué l’arrivée du Général de Gaulle à Dakar, le jour où Valdiodio Ndiaye et Jean Collin étaient les deux Maîtres du Sénégal.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les tournées nationales de Mamadou DIA.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué la dislocation de la Fédération du Mali.
N’est-ce pas qui m’avez expliqué le différend entre Senghor et Dia en 1963.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué le voyage de non-retour de Diallo Telli en Guinée auquel vous vous êtes opposés.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les relations tendues entre Ahmed Sékou Touré et Léopold S. Senghor.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les relations entre Senghor, Cissé Dia, Abdou Diouf, Babacar Bâ, votre ami.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué les consultations de Senghor pour sa succession durant lesquelles vous avez choisi la République à la place de votre ami, alors que Senghor s’attendait à ce que vous lui proposiez votre ami.
N’est-ce pas vous qui m’avez expliqué votre rencontre avec le Président Wade à l’Académie française, lors de la cérémonie d’intronisation du Président Senghor comme immortel.
N’est-ce pas vous qui m’avez accompagné et présenté au Professeur Assane Seck, à Fass dans ses bureaux, en lui disant : « Assane, je te présente un brillant jeune journaliste. Il a juste besoin de l’aide pour aller très loin. Tu vas lui accorder une interview aujourd’hui devant moi ».
N’est-ce pas vous qui m’avez présenté à Seydou Badian Kouyaté, l’auteur de « Sous l’orage » et lui a demandé de m’accorder une interview dans le cadre des 50 ans d’indépendance de beaucoup de pays d’Afrique francophone.
N’est-ce pas vous qui m’avez dit, une fois dans votre bureau de PCA au quotidien national que l’actuel Directeur Général Cheikh Thiam est pétri de talent.
N’est-ce pas vous qui……
Doyen, certes vous êtes parti, mais sachez que la République s’est mobilisée pour vous rendre un hommage digne d’un prince du Sine et des grands intellectuels du monde.
Etaient présents à ce dernier rendez-vous, pour votre dernier voyage, journalistes, religieux, politiques, hommes de culture, amis, parents, etc.
Doyen, pour votre information, arrivé à la maison et devant toute l’assistance, votre épouse a dit haut et fort, que Paul Mendy et moi étions vos amis.
Repose en paix Doyen !
Talibouya AIDARA
Conseiller Technique en charge en Communication
Ministère de la Pêche et de l’Economie maritime