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AUX ORIGINES D’UN NOM: La magnifique histoire de Ndar.

Mardi 30 Août 2016

A plus de 300 ans d’existence, Saint-Louis, cette île inhabitée vers les années 1628 est devenue l’objet de plusieurs convoitises par toutes les puissances coloniales. D’abord avec l’arrivée des Normands en 1638. Elle fut un comptoir de commerce, puis une petite bourgade à la fin du 18e siècle, pour devenir une ville à la fin du 19e siècle. Lieu de convergence des sahéliens, centre de négoce de l’or, de l’ivoire et de la gomme, carrefour des voies transsahariennes, maritimes et fluviales, la ville de Saint-Louis, belle et riche avec sa magnifique et longue histoire a été élevée au rang du patrimoine mondial de l’humanité. L’histoire glorieuse de Saint-Louis assure l’avenir de toute une génération. Notre correspondante particulière dans la vieille ville s’est intéressée sur l’origine du mot Ndar. Toute une histoire.


AUX ORIGINES D’UN NOM: La magnifique histoire de Ndar.
Selon les écrits de Abdoul Hadir Aidara, historien chevronné, L’histoire de Ndar entre dans l’histoire en 1659, quand Louis Caullier, agent de la compagnie du Cap-vert et du Sénégal obtient du Brack, roi du Walo, l’autorisation de construire une «habitation » qui portera le nom de fort Saint-Louis. Il avait été précédé quelques vingt ans plutôt par une autre bâtisse construite en 1638 par le capitaine dieppois Thomas Lambert sur l’île de Bocos, la première qu’on touche après avoir franchi la barre du Sénégal, à l’embouchure du fleuve. La mer envahissant la Langue de Barbarie avait détruit cette construction.

Au début fut…

D’après R. Rousseau repris par Abdoul Hadir Aidara, dans son œuvre intitulé « Saint-Louis du Sénégal d’hier à aujourd’hui », bien avant cette date, le premier village de la région voisine de l’embouchure du Sénégal fut fondé par  Yammone Yalla qui venait du pays de Woul (Ouli) avec sa femme Ndeyenne Foul Diop et quelques membres de sa famille. Arrivée au bord du fleuve, ils burent un peu d’eau qu’ils trouvèrent douce et bonne. Alors Yammone déclara : « voici quel sera à l’avenir notre ndâ ».Cet endroit était tout prés de l’emplacement actuel de Leybar , à l’embouchure du marigot de Khor, Le village qui y fut fondé s’appela Ndâ, et ce fut le premier Marché du pays. « Ndâ signifie grand terre en vase cuite.

Ici ce terme prend le sens de réserve d’eau…C’est  ce nom que vient le nom wolof de Saint-Louis. Ndâ devint Ndar. La création du fort de Saint-Louis entraina celle d’un marché dans la même île, en remplacement de celui de Ndâ, soit Die-ou-Ndar. Plus tard Ndâ (ou Ndar) étant disparu, la logique fit attribuer à l’emplacement du marché, c'est-à-dire à l’île de Saint-Louis, le nom de Ndar », indique Rousseau.

Un grand carrefour

Cheikhou Diakité, professeur de français à la retraite, qualifie l’origine du nom de Ndar en plusieurs versions qui se recoupent. Saint-Louis a été en effet, très appétée par les puissances coloniales et presque toutes les catégories ethniques qui composent le Sénégal. Elle a été non seulement le carrefour des voies sahéliennes, maritimes et fluviales elle a également été le point de convergence de plusieurs peuples. De ce point de vue son origine peut surgir de nulle part entre ces peuples qui ont occupé l’île de Ndar. A en croire ce professeur et écrivain, il existe quatre versions sur l’Histoire de Ndar. D’abord, la première explication est relative aux berbères. En effet, aux environs du 9e siècle, un migrant berbère nomade avec sa famille, ses esclaves et son troupeau en transhumant s’arrêta sur des terres verdoyantes à quelques encablures de l’embouchure du fleuve Sénégal. Charmé par tant de splendeur, il décida de s’installer et baptisa ce lieu « Dar es Salam » qui signifie le port du salut. L’homme du nom d’Ahmed Lika Ben Ndar, nomade zandj (noir) qui venait de Chinguetti, était un élément résiduel du soulèvement des esclaves dans le sud de l’Irak en 869 à l’époque où Bagdad était la plaque tournante de la traite arabe.

Ndar, selon les versions wolof et pular

Ensuite, la version wolof  qui est mise en relation avec l’histoire de Ndar est celle de Leybar, un village qui se trouve vers  Candong. Selon toujours l’auteur de « Nafi la saint-louisienne » qui lui a été raconté par le vieux Moustapha Boye, chef du village de Leybar Boye, une confusion dit du nom de Ndar gu dieuk, le Ndar originel était entre l’île de Brieut et le passage de Ghebeur. A la suite d’une terrible épidémie qui décima la population à plusieurs reprises, les survivants pensant à une malédiction, abandonnèrent le village et s’installèrent sur une île d’accueil qu’ils baptisèrent Ndar Guédj en 1089.  

S’agissant de la version pulaar,  recueillie auprès d’Amadou Hamidou Diallo, professeur de philosophie au lycée Ameth Fall de Saint-Louis qu’il a lui même emprunté de Alhadji Bâ, plus connu sous le nom de Baba Aladji, originaire du village de Tokomadji dans la région de Matam, le nom de Ndar serait d’origine de pulaar a estimé Cheikhou Diakité. « Venus faire paître leurs troupeaux, voyant l’île entouré d’eau, ces éleveurs peulhs se seraient exclamés : « Nderr-guedj (la terre à l’intérieur de la mer) ou tout simplement la transcription du pulaar : ndaar guedj=regarde la mer » explique t-il. 

Enfin la dernière version coïncide à l’arrivée des dieppois dans l’île dans les années 1364-1558. Arrivée des navires tels que « la nouvelle », « la bonne aventure », et la « galère» qui  entrèrent au Sénégal par l’embouchure du fleuve Sénégal, ils mouillèrent dans l’île de Bocos non loin de l’île de Saint-Louis actuelle. Malgré qu’elle fût inhabitée  l’île de Ndar restait la propriétaire du brack du Walo. De ce faite, pour leurs échanges, ils payèrent des redevances au représentant du brack à Gandiole en 1364. Les échanges malgré les rapports courtois furent souvent très heurtés (razzia, maladie, embuscades etc).

Les îles situées prés de l’embouchure du fleuve Sénégal étaient alors sous le contrôle de Jambar Diop (Jean Barre). C’est lui, qui, plus tard a permit à Thomas Lambert d’installer un comptoir sur l’île de Brieut le 25 septembre 1626. L’accord fut entériné par le Brack, Chiaka Ndiaye qui régna au Walo de 1576 à 1640.

« En effet  l’histoire voudrait que le Nom de Ndar soit le fruit d’une méprise entre le terme de Ndar et Ndâ, soit le canaris », a-t-il soutenu. Ainsi, selon Félix Brigaud et Jean Vaste dans « Saint-Louis du Sénégal aux mille visages », en 1659, les Dieppois s’installèrent plus en amont dans l’île qui sera appelée Saint-Louis: « baptisée ainsi en hommage au roi Louis 13», (G.H. Duchemin).

Adja Magatte DIAL
(Correspondante Permanente à Saint-Louis)

adjamagatted@gmail.com
 


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1.Posté par AMADOU BAKHAW DIAW le 02/09/2016 17:19
http://www.ndarinfo.com/Ndar-Gueth-Saint-Louis-du-Fort--porte-oceane-du-Waalo_a2014.html

ARTICLE PARU EN 2009

En ce mois de décembre 2009, la commune de Saint-Louis va souffler les bougies du 350e anniversaire de sa fondation. S’il s’agira pour les autorités municipales et les Saint-Louisiens de célébrer les trois siècles et demi de cet ancien comptoir colonial français, qui fut LA première capitale du Sénégal moderne, mais pour nous, les populations du Waalo, ce sera le moment de se remémorer de l’installation des Français au niveau de cette Île, porte océane de l’ancien royaume du Waalo. Situé sur le delta du fleuve Sénégal, le Waalo a toujours été le Finistère où se terminèrent toutes les migrations venant du nord et de l’est, passant tout au long de la vallée. Le Waalo est aussi la première région tropicale humide après le Sahara, un point de rencontre entre le monde arabo-berbère et l’Afrique noire au niveau de cette région de l’extrême occident africain.

Pendant des siècles, la seule forme d’échanges entre les populations riveraines du fleuve Sénégal et l’extérieur passait par le commerce transsaharien. Les caravanes almoravides, à travers le Sahara, reliaient les côtes méditerranéennes aux rives du fleuve Sénégal, apportant en échange des produits comme des draps, des dattes, des parfums en échange d’or, d’ivoire et d’esclaves. Au milieu du 15e siècle, les caravelles portugaises de Ca Da Mosta apparurent sur les côtes sénégalaises. Et elles commencèrent à supplanter la caravane au niveau des liaisons commerciales entre l’Europe et les rives du fleuve Sénégal, en emmenant des quantités de marchandises bien plus importantes et de meilleure qualité. C’est à cette période que le pôle des activités commerciales de tous les royaumes sénégambiens se déplaça de l’intérieur du continent vers les côtes atlantiques. Afin de faciliter leurs relations commerciales avec l’Occident, les royaumes sénégambiens autorisèrent la création de ports comptoirs sur leur côte atlantique (pour le Cayor et le Baol, ce fut les ports de Rufisque et Saly Portudal, pour le Waalo, ce fut le comptoir de Ndar)

Tout au long du 16e siècle, une féroce concurrence opposait les nations maritimes européennes (France, Espagne, Portugal, Angleterre, Hollande) pour le contrôle de ces sites côtiers afin d’y installer des comptoirs. Ce fut la période mercantiliste, celle de la traite des esclaves pendant laquelle l’Europe, grâce à un commerce triangulaire entre elle et les continents africains et américains, se fut enrichie de façon vertigineuse avec une accumulation primitive du capital lui permettant d’amorcer la première révolution industrielle. Le schéma de ce commerce était simple. Des ports européens comme Nantes, La Rochelle, Liverpool, Amsterdam, des armateurs affrétaient des navires remplis de pacotilles (verroterie, miroirs, etc.), d’armes à feu et d’alcool, destinés au comptoir de Saint-Louis. Ces marchandises venant d’Europe étaient échangées tout au long des escales du fleuve Sénégal comme Dagana, Podor, Bakel contre de la gomme arabique, de l’or, de l’ivoire, du cuir et surtout des esclaves qui étaient vendus aux Amériques. Les navires revenaient à leurs ports d’attache d’Europe leurs cales remplies de produits exotiques comme le rhum, le coton, le café et le sucre. Le capital de départ investi apportait des profits de valeur de 800 %. Jamais, dans l’histoire, un capital n’a été aussi rémunéré.

Ainsi l’histoire de la ville de Saint-Louis reste confondue et constitue une partie, un pan des relations maritimes entre les nations coloniales anglaise, française et de celle de l’ancien royaume du Waalo, berceau de la civilisation wolof.

Au début du 17e siècle, en 1626, le Cardinal Richelieu fonda la Compagnie normande, une association des marchands de Dieppe et de Rouen qui était chargée de la traite au niveau des vallées des fleuves du Sénégal et de la Gambie. En 1638, le Brack Naatago Fara Ndiack Mbodj autorisa au Français d’origine normande Thomas Lambert l’établissement d’un comptoir, la construction d’une ‘habitation’ sur les terres du Kaddj (Prince Héritier du royaume du Walo) dans l'île de Bocos, à proximité de l'embouchure du fleuve Sénégal.

En 1658, quand la Compagnie normande fut dissoute, ses actifs furent rachetés par la Compagnie du Cap-Vert et du Sénégal, qui reçut l’autorisation du Brack régnant (le frère du précèdent) Tagne Fara Ndiack Mbodj, de transférer le comptoir de Bocos à la grande île de Ndar, long de 2 kilomètres et large de 300 mètres, située plus en aval. Proche de l'océan et bien protégée des crues, l’île de Ndar constituait un site stratégique quasi imprenable et grâce au fleuve, un bon point de départ pour toutes sortes d'expéditions vers l'intérieur des terres de la vallée. Le sieur Louis Caullier, normand d’origine, en 1659, fut chargé d’y édifier à l'emplacement de l'actuelle Gouvernance un fort. En hommage au jeune Roi français de l'époque, Louis XIV, l'île de Ndar fut baptisée Saint-Louis-du-Fort du nom de son homonyme et aïeul le Roi Saint-Louis.

Pour l’occupation de l’île de Ndar, la protection de son commerce et sa libre navigation sur le fleuve Sénégal, le comptoir de Saint-Louis-du-Fort payait chaque année des redevances et autres taxes au Brack du Waloo appelées à l’époque coutumes. Un esclave de la couronne qui avait le titre de Alkaati était chargé par le Brack des percevoir en son nom ces taxes et redevances. Aucun navire ne pouvait remonter le fleuve sans payement préalable de taxes à l’alkaati qui résidait à l’île de Sor. Tout au long des deux siècles de la période mercantiliste des comptoirs (1600 -1800), le royaume du Walo eut à affirmer et défendre sa souveraineté sur l’île de Ndar.

Voulant renégocier à la hausse ses redevances, le Brack Yérim Mbagnick Arame Bakar Mbodj, accompagné de 300 soldats, envahit et occupa l’île de Saint-Louis et mit aux arrêts tous les Français du comptoir et leur chef Saint-Robert du 24 août au 3 septembre 1722. C’est seulement après avoir obtenu satisfaction, que le brack les relâcha et demanda à son alkati Ndieumba Gaye d’autoriser à nouveau la libre circulation et le commerce des Français à travers le fleuve Sénégal. L’année suivante, le 9 février 1723, le même Brack Yérim Mbagnick Arame Bakar Mbodj accompagné cette fois-ci de 100 soldats tiédos armés, occupa encore l’île, exigeant aux Français de lui fournir une barque pour son port fluvial de Ndiangué sous peine d’être expulsés.

Lors de la première occupation anglaise du comptoir de Saint-Louis, le Gouverneur anglais John Barnes relate dans une correspondance datée du 6 mai 1764, adressée à ses supérieurs, que le Brack Naatago Arame Bakar Mbodj avait fait un blocus autour de l’île de Saint-Louis avec près de 1 500 hommes empêchant toute navigation fluviale. Le chef de la garnison du comptoir de Saint-Louis, le Capitaine Bumbury fut contraint d’accepter de payer à la hausse les redevances dues au Waalo et de laisser le Brack confisquer les redevances du Damel du Cayor Meissa Bigué Ngoné Fall qu’il avait vaincu pour que le blocus fût levé.

Tout au long du 19e siècle la classe dirigeante continua cette politique de revendication de la souveraineté du Waalo sur la ville de Saint-Louis et les îles environnantes. Dans un rapport daté du 15 janvier 1837 sur la situation du comptoir de Saint-Louis, le Gouverneur Guillet se plaint ‘du fait que le Brack Fara Péinda Adam Sall Mbodj continue de demander aux gens de Guet Ndar de lui payer des impôts en tant que sujets’. Dans le même registre, dans une correspondance adressée le 23 mai 1851 à Faidherbe, la Linguère Ndatté Yalla Mbodj s’exprimait en ces termes : ‘Le but de cette lettre est de vous faire connaître que l’Ile de Mboyo m’appartient depuis mon grand-père jusqu’à moi. Aujourd’hui, il n’y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule’. En 1847, elle s’opposa au libre passage des Sarakolés qui ravitaillaient l’île de Saint-Louis en bétail et adressa une lettre au gouverneur exprimant sa volonté de défendre le respect de sa souveraineté sur la vallée en ces termes : ‘C’est nous qui garantissons le passage des troupeaux dans notre pays ; pour cette raison, nous en prenons le dixième et nous n’accepterons jamais autre chose que cela.’

Le 5 novembre 1850, la Linguère Ndatté Yalla interdit aux Français de l’île de Saint-Louis tout commerce à travers le fleuve Sénégal. Ce fut un casus belli pour le Gouverneur Faidherbe qui, le 31 janvier 1855, partit de Saint-Louis avec une colonne de 1 100 hommes pour atteindre le 25 février les environs de Nder où il battit les troupes de la Linguère Ndatté Yalla et fit du Walo la première colonie française d’Afrique noire.

On dit que le doyen saint-Louisien ‘Collot’ Diakhaté aime souvent répéter que ‘chaque Sénégalais, Africain doit un tant soit peu à Saint-Louis, car l’Aof s’est nourrie dans le sein intelligent, raffiné et rationnel que Saint-Louis distillait à tous’. Nous nous préférons dire : ‘Ndar kou fa bakhe waalo waalo la’.Toutes les vieilles familles domou ndar s’honorent et se prévalent de leur origine walo walo ; les Diaw Chimère Sénégal et les Tall sont du village de Ndiao, la famille de Me Lamine Guèye de Nder, les Gaye, Wade de Thiénou, etc. La majeure partie des familles métisses saint-louisiennes (Pellegrin, Page, D’Erneville, Potin) ont des racines walo walo. C’est de ce fond ethnique walo walo où se sont greffés d’autres apports humains (bambara de Pommou Khor, maures de Gokhou Mbathie, peul de Saanar, colons français) qui a été le terreau fertilisant d’où naquit ladite civilisation saint louisienne, cette téranga qu’offrait la Linguère Ndatté Yalla à ses hôtes.

Le Walo, berceau de la civilisation wolof, a enfanté Saint-Louis, sa fille océane, cosmopolite, gourmette, et mulâtre. Si le passé de Saint-louis reste confondu avec celui du Walo, son devenir ne sera florissant que si elle sera redevenue porte atlantique de son arrière-pays, ancrée dans le tissu économique et social de sa niche environnementale immédiate, le Waalo, et la moyenne et haute vallée. Comme leurs ancêtres laptot qui remontaient le fleuve jusqu’à Ngalam, la jeunesse saint-louisienne devra orienter ses activités économiques vers la vallée dans le secteur des services et de l’agro-industrie. Saint-Louis n’est pas une île perdue au milieu de l’océan, mais sera toujours un lieu de rencontres, d’échanges et de métissages entre l’Occident, l’Orient et l’Afrique.

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