Le débat sur le où les « héros nationaux », malheureusement plus nourri par les subjectivismes familiaux et ou régionaux que par la compréhension que « Reewmi benn bopp la » dépassé, il faut convenir que Labba ou Jaalo (ses noms de guerre les plus célèbres) trône au Panthéon sénégalais de la lutte armée anticoloniale. Ce qui n’enlève rien à la grandeur des Alboury Ndiaye (son neveu), Omar Tall, Mamadou Lamine Dramé, Ndatté Yalla, Aline Sitoé, Koumba Ndoffène…et les centaines d’anonymes et moins connus tombés au champ d’honneur.
Sa geste précoce :
Très tôt sensible à sa situation d’éligibilité au trône du Kajoor ( Ngeej par sa mère ) et révulsé par l’attitude du Damel Madiodio plutôt conciliant avec les français, il se fît circoncire encore jeune. Majoojo pressentant la menace l’expulse du Kajoor, réfugié à Kokki Lat Joor le défait en 1861 malgré le soutien des forces coloniale. Toujours en lutte pour le trône Jaalo remettra cela en infligeant une lourde défaite à la colonne coloniale conduite par le capitaine de génie Lorens appuyée par les partisans de Majoojo, le 29 décembre 1863 à Ngol ngol..
Sa claire conscience des enjeux de l’époque :
Lat Joor qui disait Gan du tabax (l’étranger ne bâtit pas) avait très tôt compris les velléités annexionnistes des colons enveloppées de ruse et de rhétoriques conciliatrices ne pouvait se satisfaire de pouvoirs honorifiques. Quoique habile négociateur qui savait concéder en situation de faiblesse (il signera des traités que fort il remettait en cause) il demeura intransigeant sur la construction du chemin de fer.
C’est ainsi qu’interdisant au Gouverneur Servatius de démarrer les travaux, il lui envoya cette lettre restée célèbre : « Tant que je vivrai, saches le bien, je m’opposerai de toutes mes forces à l’établissement de ce chemin de fer (…) je te répondrai toujours non, non ( …). Quand bien même je dormirais de mon dernier sommeil, mon cheval Maalaw te ferait la même réponse. ». Visionnaire et très au fait de la supériorité militaire française, il ne manqua pas d’en appeler à l’unité sous régionale pour défendre les terres des ancêtres envoyant des émissaires auprès de plusieurs souverains pour faire bloc contre l’envahisseur (Ely du Trarzza, Abdoul Bokar Kane du Fouta, Alboury Ndiaye du Jolof notamment).
Son génie militaire et son héroïsme :
On ne pourrait trouver meilleur témoignage du génie militaire de Lat Joor que celui de son pire ennemi Faidherbe qui était fasciné par la rapidité d’exécution et l’audace guerrière de Lat Joor, observant qu’on pouvait rarement le localiser ou prévenir ses redoutables charges de cavalerie.
« Depuis 25 ans Lat Dior nous avait toujours combattus (…) il nous infligea autrefois un désastre sanglant à Ngol Ngol où cent trois de nos hommes (…) restèrent sur le terrain ; en 1869 ses cavaliers détruisirent presque entièrement à Mekhey l’escadron de spahis(…) » dira t- il dans un rapport de 1889. C’est son génie militaire qui sauva Nioro sur laquelle marcha Pinet Laprade pour écraser Maba et son terrible hôte, en dissuadant le conseil de guerre d’attendre les français dans la Tata. Et c’est sous ses ordres que l’armée du Rip coupa en deux la colonne ennemi dans le canyon de Pawos koto le 30 novembre 1865. Blessé Pinet Laprade battra en retraite.
C’est à juste titre qu’Amadou Bakhaw Diaw qui rappele le respect avec lequel tous les chefs militaires qui l’ont combattu parlaient de la valeur militaire de Lat Joor, note qu’aucun résistant en Afrique de l’Ouest n’a occasionné à l’armée coloniale autant de pertes que lui.
Et c’est génial et héroïque enfin qu’il tomba au Puits de Dekheulé.
Forts de la lassitude du peuple Ajoor comme de bon nombre des partisans du rebelle affaibli et après avoir tué Samba Lawbe qu’ils avaient intronisé Damel à sa place, convaincus que le noble souverrain n’irait pas attaquer son neveu, les français divisèrent le royaume en provinces et lui intimèrent l’ordre de sortir du Kajoor.
Lat Joor qui ne pouvait ne pas comprendre qu’approchait la fin de sa destinée épique alla recueillir les prières du non moins célèbre résistant Ahmadou Bamba, fils de son ancien Cadi Mor Anta Sally Mbacké, qui le retint en vain, libéra de leur serment ceux qui tenaient à leur vie et ordonna à ses femmes de se défaire les tresses et de préparer son deuil.
Il feignit de respecter l’injonction coloniale et pris la direction du Jolof, entreprit une audacieuse contre marche qui le plaça entre la voix ferrée et ses ennemis sachant que ces derniers s’arrêteraient à cette heure de la journée à l’unique puits des environs pour faire boire leurs montures. Dernière embuscade au cours de laquelle Labba à la tête de ses derniers fidèles Ceddo anéantira plus du tiers de la colonne du capitaine Valois et de ses supplétifs…
« Jaaloo mbagn koddoo, lu ay sa gannaaw laa ».
Malamine Diouf
Conservateur des Bibliothèques
Sa geste précoce :
Très tôt sensible à sa situation d’éligibilité au trône du Kajoor ( Ngeej par sa mère ) et révulsé par l’attitude du Damel Madiodio plutôt conciliant avec les français, il se fît circoncire encore jeune. Majoojo pressentant la menace l’expulse du Kajoor, réfugié à Kokki Lat Joor le défait en 1861 malgré le soutien des forces coloniale. Toujours en lutte pour le trône Jaalo remettra cela en infligeant une lourde défaite à la colonne coloniale conduite par le capitaine de génie Lorens appuyée par les partisans de Majoojo, le 29 décembre 1863 à Ngol ngol..
Sa claire conscience des enjeux de l’époque :
Lat Joor qui disait Gan du tabax (l’étranger ne bâtit pas) avait très tôt compris les velléités annexionnistes des colons enveloppées de ruse et de rhétoriques conciliatrices ne pouvait se satisfaire de pouvoirs honorifiques. Quoique habile négociateur qui savait concéder en situation de faiblesse (il signera des traités que fort il remettait en cause) il demeura intransigeant sur la construction du chemin de fer.
C’est ainsi qu’interdisant au Gouverneur Servatius de démarrer les travaux, il lui envoya cette lettre restée célèbre : « Tant que je vivrai, saches le bien, je m’opposerai de toutes mes forces à l’établissement de ce chemin de fer (…) je te répondrai toujours non, non ( …). Quand bien même je dormirais de mon dernier sommeil, mon cheval Maalaw te ferait la même réponse. ». Visionnaire et très au fait de la supériorité militaire française, il ne manqua pas d’en appeler à l’unité sous régionale pour défendre les terres des ancêtres envoyant des émissaires auprès de plusieurs souverains pour faire bloc contre l’envahisseur (Ely du Trarzza, Abdoul Bokar Kane du Fouta, Alboury Ndiaye du Jolof notamment).
Son génie militaire et son héroïsme :
On ne pourrait trouver meilleur témoignage du génie militaire de Lat Joor que celui de son pire ennemi Faidherbe qui était fasciné par la rapidité d’exécution et l’audace guerrière de Lat Joor, observant qu’on pouvait rarement le localiser ou prévenir ses redoutables charges de cavalerie.
« Depuis 25 ans Lat Dior nous avait toujours combattus (…) il nous infligea autrefois un désastre sanglant à Ngol Ngol où cent trois de nos hommes (…) restèrent sur le terrain ; en 1869 ses cavaliers détruisirent presque entièrement à Mekhey l’escadron de spahis(…) » dira t- il dans un rapport de 1889. C’est son génie militaire qui sauva Nioro sur laquelle marcha Pinet Laprade pour écraser Maba et son terrible hôte, en dissuadant le conseil de guerre d’attendre les français dans la Tata. Et c’est sous ses ordres que l’armée du Rip coupa en deux la colonne ennemi dans le canyon de Pawos koto le 30 novembre 1865. Blessé Pinet Laprade battra en retraite.
C’est à juste titre qu’Amadou Bakhaw Diaw qui rappele le respect avec lequel tous les chefs militaires qui l’ont combattu parlaient de la valeur militaire de Lat Joor, note qu’aucun résistant en Afrique de l’Ouest n’a occasionné à l’armée coloniale autant de pertes que lui.
Et c’est génial et héroïque enfin qu’il tomba au Puits de Dekheulé.
Forts de la lassitude du peuple Ajoor comme de bon nombre des partisans du rebelle affaibli et après avoir tué Samba Lawbe qu’ils avaient intronisé Damel à sa place, convaincus que le noble souverrain n’irait pas attaquer son neveu, les français divisèrent le royaume en provinces et lui intimèrent l’ordre de sortir du Kajoor.
Lat Joor qui ne pouvait ne pas comprendre qu’approchait la fin de sa destinée épique alla recueillir les prières du non moins célèbre résistant Ahmadou Bamba, fils de son ancien Cadi Mor Anta Sally Mbacké, qui le retint en vain, libéra de leur serment ceux qui tenaient à leur vie et ordonna à ses femmes de se défaire les tresses et de préparer son deuil.
Il feignit de respecter l’injonction coloniale et pris la direction du Jolof, entreprit une audacieuse contre marche qui le plaça entre la voix ferrée et ses ennemis sachant que ces derniers s’arrêteraient à cette heure de la journée à l’unique puits des environs pour faire boire leurs montures. Dernière embuscade au cours de laquelle Labba à la tête de ses derniers fidèles Ceddo anéantira plus du tiers de la colonne du capitaine Valois et de ses supplétifs…
« Jaaloo mbagn koddoo, lu ay sa gannaaw laa ».
Malamine Diouf
Conservateur des Bibliothèques