Au moment où le monde en général et le Sénégal en particulier sont en train de pleurer ou de commémorer Nesta Robert Marley, dit Bob Marley qui était un auteur-compositeur-interprète jamaïcain de reggae, né à Nine Miles, paroisse de Saint Ann (Jamaïque) le 6 février 1945 et décédé d’un cancer à Miami (Floride, États-Unis) le 11 mai 1981, l’homme politique sénégalais Blaise Diagne, né le 13 octobre 1872 à Gorée, tombe dans l’oubli. Pourtant, lui aussi est décédé à Cambo-les-Bains, le 11 mai 1934, en France. Il est le premier député africain élu à l’Assemblée nationale française. Il est également le premier ministre noir des colonies. Né d’un père sérère, cuisinier et marin, et d’une mère manjaque originaire de Guinée-Bissau, Galaye Mbaye Diagne est très tôt adopté par la famille Crespin qui lui donne le prénom de Blaise. Marié en 1909 avec Marie Odette Villain, rencontrée à Madagascar, il a eu quatre enfants. Flash-back sur la vie du citoyen des quatre communes et premier africain à siéger au palais Bourbon.
L’homme dont un lycée de Dakar et le nouvel aéroport du Sénégal portent le nom apprend très tôt à lire, à écrire et bénéficie d’une éducation solide qui s’appuie sur d’incontestables qualités intellectuelles. Il figure ainsi au palmarès de la distribution des prix de l’école laïque de Saint-Louis en août 1884. Boursier du gouvernement, le jeune Diagne va poursuivre ses études en France à Aix-en-Provence. Malade, il revient à Saint-Louis pour suivre les cours de l’école secondaire Duval où il sera major de sa promotion en 1890. Il entreprend avec succès le concours de fonctionnaire des douanes en 1891.
Dans les autres colonies…
Entré dans cette administration en 1892, il est d’abord nommé au Dahomey (actuel Bénin) en 1892, puis au Congo français en 1897, à la Réunion en 1898 et enfin à Madagascar en 1902, dernier poste où ses opinions avancées déplaisent à Gallieni. Envoyé en Guyane en 1910, ses liens avec le gouverneur sont facilités par son appartenance au Grand Orient de France.
En métropole…
Blaise Diagne est élu en 1914 député du Sénégal, bénéficiant du statut des « quatre vieilles » communes (Rufisque, Gorée, Saint-Louis et Dakar). Il est le premier Africain de l’histoire française à siéger au palais Bourbon, il y est surnommé « la Voix de l’Afrique ». Il obtient pour les habitants des quatre communes la citoyenneté en échange de leur conscription en 1916. Membre du groupe Union républicaine-socialiste animé par Maurice Viollette, franc-maçon lui aussi, il est réélu sans interruption jusqu’à sa mort, malgré des campagnes systématiquement hostiles de ses adversaires colonialistes, qui n’aiment pas voir un Noir à l’Assemblée, d’autant que celui-ci est aussi le maire de Dakar.
Blaise Diagne adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en décembre 1917, mais il y reste moins d’une année et demi. Il est alors nommé par Clemenceau commissaire général chargé du recrutement indigène en Afrique, en même temps que deux autres socialistes, Compère-Morel, à l’Agriculture, et Fernand Bouisson, à la Marine marchande. Mais Blaise Diagne démissionne du parti et du groupe socialistes début mai 1919, refusant de quitter ses fonctions de commissaire du gouvernement après la répression de la manifestation du 1er mai 1919. Il reste commissaire jusqu’en octobre 1921 (gouvernements Clemenceau, Millerand, Leygues et Briand).
Il revient ensuite au Parti républicain-socialiste puis passe chez les indépendants de Georges Mandel. Il devient officiellement le premier ministre africain de la République française comme sous-secrétaire d’Etat aux Colonies de janvier 1931 à février 1932, dans les trois premiers gouvernements de Pierre Laval.
…En AOF
« M. Diagne, député du Sénégal, haut commissaire du gouvernement pour le recrutement des troupes noires, vient d’arriver à Dakar où la population indigène lui a fait un accueil enthousiaste ». (Mars 1918)
Blaise Diagne devient en janvier 1918 commissaire général chargé du recrutement indigène, qui, sans le titre, lui donne des responsabilités de nature gouvernementale. Il mène avec succès des missions en Afrique occidentale française pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre. De février à août 1918 et de Dakar à Bamako, il essaye de convaincre ses compatriotes de venir se battre en France tout en leur promettant des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française aux combattants après la guerre. Les primes aux recruteurs sont aussi fortement augmentées. Il réussit à mobiliser 63 000 soldats en AOF et 14 000 en AEF.
Diagne profita des conditions spéciales du conflit pour arracher au Parlement la loi du 29 septembre 1916 qui reconnaissait définitivement la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes », sans les soumettre au Code Civil ni leur faire perdre leur statut personnel.
Franc-maçonnerie
En septembre 1899, à Saint-Denis, Diagne est devenu franc-maçon.
Il est le premier noir à siéger, dès 1922, au Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France.
Il bénéficie de ce parrainage jusqu’à sa mort en 1934, tout en étant largement soutenu par les milieux parlementaires auxquels il renvoie, par effet de miroir, l’image du parfait assimilé. En revanche, les nationalistes sénégalais (surtout les communistes de l’UIC comme Lamine Senghor) le prennent pour cible.
L’appartenance de Diagne à la franc-maçonnerie explique sans doute qu’il ait été enterré avant l’entrée du cimetière musulman de Soumbédioune à Dakar, les Musulmans ayant refusé qu’un franc-maçon puisse reposer à l’intérieur du cimetière.
Postérité
Le souvenir du premier ministre noir de la République française reste vivace. Son nom est porté par plusieurs endroits comme l’Avenue Blaise Diagne, une des plus grandes de Dakar, le lycée Blaise Diagne de Dakar et, récemment, le Président Abdoulaye Wade a donné au nouvel aéroport international en construction à une quarantaine de kilomètres de Dakar le nom d’aéroport international Blaise Diagne.
Legs
Alors que l’Afrique était encore majoritairement colonisée, Blaise Diagne défendait la participation des Africains à la politique du pays colonisateur. Il demandait aussi un traitement équitable des minorités ethniques au sein de l’armée française. Il a mené pendant toute sa carrière une action en faveur des colonisés d’Afrique et des Antilles pour les aider à s’insérer dans la société française. À l’assemblée, Blaise Diagne, proteste contre le « massacre » de ses compatriotes lors de la première guerre mondiale.
L’homme dont un lycée de Dakar et le nouvel aéroport du Sénégal portent le nom apprend très tôt à lire, à écrire et bénéficie d’une éducation solide qui s’appuie sur d’incontestables qualités intellectuelles. Il figure ainsi au palmarès de la distribution des prix de l’école laïque de Saint-Louis en août 1884. Boursier du gouvernement, le jeune Diagne va poursuivre ses études en France à Aix-en-Provence. Malade, il revient à Saint-Louis pour suivre les cours de l’école secondaire Duval où il sera major de sa promotion en 1890. Il entreprend avec succès le concours de fonctionnaire des douanes en 1891.
Dans les autres colonies…
Entré dans cette administration en 1892, il est d’abord nommé au Dahomey (actuel Bénin) en 1892, puis au Congo français en 1897, à la Réunion en 1898 et enfin à Madagascar en 1902, dernier poste où ses opinions avancées déplaisent à Gallieni. Envoyé en Guyane en 1910, ses liens avec le gouverneur sont facilités par son appartenance au Grand Orient de France.
En métropole…
Blaise Diagne est élu en 1914 député du Sénégal, bénéficiant du statut des « quatre vieilles » communes (Rufisque, Gorée, Saint-Louis et Dakar). Il est le premier Africain de l’histoire française à siéger au palais Bourbon, il y est surnommé « la Voix de l’Afrique ». Il obtient pour les habitants des quatre communes la citoyenneté en échange de leur conscription en 1916. Membre du groupe Union républicaine-socialiste animé par Maurice Viollette, franc-maçon lui aussi, il est réélu sans interruption jusqu’à sa mort, malgré des campagnes systématiquement hostiles de ses adversaires colonialistes, qui n’aiment pas voir un Noir à l’Assemblée, d’autant que celui-ci est aussi le maire de Dakar.
Blaise Diagne adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en décembre 1917, mais il y reste moins d’une année et demi. Il est alors nommé par Clemenceau commissaire général chargé du recrutement indigène en Afrique, en même temps que deux autres socialistes, Compère-Morel, à l’Agriculture, et Fernand Bouisson, à la Marine marchande. Mais Blaise Diagne démissionne du parti et du groupe socialistes début mai 1919, refusant de quitter ses fonctions de commissaire du gouvernement après la répression de la manifestation du 1er mai 1919. Il reste commissaire jusqu’en octobre 1921 (gouvernements Clemenceau, Millerand, Leygues et Briand).
Il revient ensuite au Parti républicain-socialiste puis passe chez les indépendants de Georges Mandel. Il devient officiellement le premier ministre africain de la République française comme sous-secrétaire d’Etat aux Colonies de janvier 1931 à février 1932, dans les trois premiers gouvernements de Pierre Laval.
…En AOF
« M. Diagne, député du Sénégal, haut commissaire du gouvernement pour le recrutement des troupes noires, vient d’arriver à Dakar où la population indigène lui a fait un accueil enthousiaste ». (Mars 1918)
Blaise Diagne devient en janvier 1918 commissaire général chargé du recrutement indigène, qui, sans le titre, lui donne des responsabilités de nature gouvernementale. Il mène avec succès des missions en Afrique occidentale française pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre. De février à août 1918 et de Dakar à Bamako, il essaye de convaincre ses compatriotes de venir se battre en France tout en leur promettant des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française aux combattants après la guerre. Les primes aux recruteurs sont aussi fortement augmentées. Il réussit à mobiliser 63 000 soldats en AOF et 14 000 en AEF.
Diagne profita des conditions spéciales du conflit pour arracher au Parlement la loi du 29 septembre 1916 qui reconnaissait définitivement la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes », sans les soumettre au Code Civil ni leur faire perdre leur statut personnel.
Franc-maçonnerie
En septembre 1899, à Saint-Denis, Diagne est devenu franc-maçon.
Il est le premier noir à siéger, dès 1922, au Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France.
Il bénéficie de ce parrainage jusqu’à sa mort en 1934, tout en étant largement soutenu par les milieux parlementaires auxquels il renvoie, par effet de miroir, l’image du parfait assimilé. En revanche, les nationalistes sénégalais (surtout les communistes de l’UIC comme Lamine Senghor) le prennent pour cible.
L’appartenance de Diagne à la franc-maçonnerie explique sans doute qu’il ait été enterré avant l’entrée du cimetière musulman de Soumbédioune à Dakar, les Musulmans ayant refusé qu’un franc-maçon puisse reposer à l’intérieur du cimetière.
Postérité
Le souvenir du premier ministre noir de la République française reste vivace. Son nom est porté par plusieurs endroits comme l’Avenue Blaise Diagne, une des plus grandes de Dakar, le lycée Blaise Diagne de Dakar et, récemment, le Président Abdoulaye Wade a donné au nouvel aéroport international en construction à une quarantaine de kilomètres de Dakar le nom d’aéroport international Blaise Diagne.
Legs
Alors que l’Afrique était encore majoritairement colonisée, Blaise Diagne défendait la participation des Africains à la politique du pays colonisateur. Il demandait aussi un traitement équitable des minorités ethniques au sein de l’armée française. Il a mené pendant toute sa carrière une action en faveur des colonisés d’Afrique et des Antilles pour les aider à s’insérer dans la société française. À l’assemblée, Blaise Diagne, proteste contre le « massacre » de ses compatriotes lors de la première guerre mondiale.