Le communiqué conjoint publié le 6 décembre dernier par la Mauritanie et le Tchad sur la fin de l’initiative G5 Sahel ne peut pas être considéré comme une surprise pour ceux qui suivent l’évolution du climat politique affectant ses cinq membres : le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger.
En fait, il s’agit de la dernière étape d’une séquence qui s’est accélérée avec la demande de la junte militaire ayant pris le pouvoir au Mali en mai 2021, exigeant le retrait de la présence militaire française du pays.
Cette décision a été récemment suivie par les militaires putschistes au Burkina Faso et au Niger, aboutissant le 3 décembre dernier à l’annonce des autorités de Niamey et de Ouagadougou de leur retrait du G5 Sahel, considérant que leur maintien au sein de cette organisation régionale est incompatible avec leur « indépendance et dignité ».
Ainsi se conclut effectivement la fin d’une instance née en 2014 suite à la conviction des gouvernements des cinq pays mentionnés (et sous la pression de l’Europe) sur la nécessité de rassembler leurs forces pour mettre en œuvre une approche intégrée garantissant les conditions de paix, de développement, de sécurité et de gouvernance.
Cela comprenait également une force conjointe créée en 2017 pour coordonner la lutte contre le terrorisme, dans le but de freiner l’expansion des groupes armés menaçant gravement la sécurité régionale. Cependant, cette initiative était trop biaisée envers une approche principalement sécuritaire et n’a en aucun cas réussi à atteindre ses objectifs.
En plus de cela, pour souligner l’intention des nouvelles autorités de se démarquer de l’orbite française et européenne, le Niger a révoqué un jour après deux accords établis avec l’Union européenne (UE) en matière de sécurité et de défense.
Cela signifie, d’une part, la fin de la Mission de formation de l’Union européenne au Niger (EUCAP Sahel Niger), créée en 2012 pour améliorer les forces de sécurité intérieure (police nationale, gendarmerie et garde nationale) dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
D’autre part, cela implique que les nouvelles autorités nigériennes ne se sentent pas engagées à maintenir ce qu’elles qualifient elles-mêmes de « privilèges et impunité » pour les membres de la Mission d’assistance militaire de l’UE au Niger (EUMPM Niger), établie en février dernier à la demande du gouvernement dirigé par Mohamed Bazoum (renversé en juillet par le putschiste Abdourahamane Tiani) pour améliorer l’aptitude des Forces armées à contenir la menace terroriste, protéger la population et assurer un environnement sûr conformément aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.
Parallèlement à cet éloignement visible de l’Occident, on observe un rapprochement notable avec Moscou et Pékin.
À titre d’exemple, le même jour de l’annonce nigérienne, il a été rapporté que le dirigeant du Niger s’était réuni à Niamey avec le vice-ministre russe de la Défense pour signer un accord de coopération militaire, semblant inclure le déploiement de troupes du groupe mercenaire Wagner.
Cette décision non seulement met en évidence le changement des alliances que les nouvelles juntas militaires de la région cherchent à établir, mais suggère également des scénarios encore plus inquiétants pour une UE de plus en plus déçue et préoccupée.
Cette préoccupation découle, d’une part, de la montée de la menace terroriste dans la région (en 2016, il y a eu 800 morts dans des attentats, en 2021, ce chiffre est monté à 6 000), représentée à la fois par des groupes liés à Al-Qaïda (avec le JNIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, comme principale référence) et à l’État islamique (avec l’État islamique dans le Grand Sahara en tête), ainsi que par d’autres groupes qui ne sont guère plus que des bandes criminelles revêtues d’une légère patine idéologique.
D’autre part, l’impact croissant de la pression migratoire est tout aussi alarmant, surtout maintenant que le gouvernement nigérien a décidé le 27 novembre dernier d’annuler la loi de 2015 contre le trafic de personnes, laissant présager une diminution de la surveillance contre les réseaux criminels dédiés à cette activité condamnable.
En conséquence, l’UE, qui ne semble toujours pas avoir pris conscience de la nécessité de reformuler en profondeur son approche traditionnelle, trop marquée par son parti pris hiérarchique et son souci de sécurité à tout prix – avec des échecs retentissants comme l’opération Barkhane -, son soutien à des dirigeants de plus en plus illégitimes et sa défense acharnée des privilèges hérités de la décolonisation, se retrouve aujourd’hui avec une faible marge de manœuvre à court terme, tandis que la Russie et la Chine prospèrent sans entrave, en profitant des erreurs répétées de l’Occident depuis des décennies pour gagner la confiance de dirigeants dont on peut difficilement attendre qu’ils concentrent leurs efforts sur l’amélioration du bien-être et de la sécurité de leurs populations ou qu’ils s’engagent à lutter ensemble contre la crise climatique, le terrorisme djihadiste et tant d’autres problèmes qui affectent les pays du Sahel, alors que leur priorité est de renforcer leurs positions de pouvoir face à d’éventuels rivaux internes.
Pendant ce temps, dans une tentative d’éviter un effondrement complet, on observe un certain relâchement au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) après son récent sommet à Abuja.
Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a suggéré la nécessité de lever les sanctions contre les juntas militaires putschistes en échange de leur engagement à mettre en œuvre des plans de transition courts et réalistes pouvant conduire à la démocratie et à une bonne gouvernance.
En fait, il s’agit de la dernière étape d’une séquence qui s’est accélérée avec la demande de la junte militaire ayant pris le pouvoir au Mali en mai 2021, exigeant le retrait de la présence militaire française du pays.
Cette décision a été récemment suivie par les militaires putschistes au Burkina Faso et au Niger, aboutissant le 3 décembre dernier à l’annonce des autorités de Niamey et de Ouagadougou de leur retrait du G5 Sahel, considérant que leur maintien au sein de cette organisation régionale est incompatible avec leur « indépendance et dignité ».
Ainsi se conclut effectivement la fin d’une instance née en 2014 suite à la conviction des gouvernements des cinq pays mentionnés (et sous la pression de l’Europe) sur la nécessité de rassembler leurs forces pour mettre en œuvre une approche intégrée garantissant les conditions de paix, de développement, de sécurité et de gouvernance.
Cela comprenait également une force conjointe créée en 2017 pour coordonner la lutte contre le terrorisme, dans le but de freiner l’expansion des groupes armés menaçant gravement la sécurité régionale. Cependant, cette initiative était trop biaisée envers une approche principalement sécuritaire et n’a en aucun cas réussi à atteindre ses objectifs.
En plus de cela, pour souligner l’intention des nouvelles autorités de se démarquer de l’orbite française et européenne, le Niger a révoqué un jour après deux accords établis avec l’Union européenne (UE) en matière de sécurité et de défense.
Cela signifie, d’une part, la fin de la Mission de formation de l’Union européenne au Niger (EUCAP Sahel Niger), créée en 2012 pour améliorer les forces de sécurité intérieure (police nationale, gendarmerie et garde nationale) dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
D’autre part, cela implique que les nouvelles autorités nigériennes ne se sentent pas engagées à maintenir ce qu’elles qualifient elles-mêmes de « privilèges et impunité » pour les membres de la Mission d’assistance militaire de l’UE au Niger (EUMPM Niger), établie en février dernier à la demande du gouvernement dirigé par Mohamed Bazoum (renversé en juillet par le putschiste Abdourahamane Tiani) pour améliorer l’aptitude des Forces armées à contenir la menace terroriste, protéger la population et assurer un environnement sûr conformément aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.
Parallèlement à cet éloignement visible de l’Occident, on observe un rapprochement notable avec Moscou et Pékin.
À titre d’exemple, le même jour de l’annonce nigérienne, il a été rapporté que le dirigeant du Niger s’était réuni à Niamey avec le vice-ministre russe de la Défense pour signer un accord de coopération militaire, semblant inclure le déploiement de troupes du groupe mercenaire Wagner.
Cette décision non seulement met en évidence le changement des alliances que les nouvelles juntas militaires de la région cherchent à établir, mais suggère également des scénarios encore plus inquiétants pour une UE de plus en plus déçue et préoccupée.
Cette préoccupation découle, d’une part, de la montée de la menace terroriste dans la région (en 2016, il y a eu 800 morts dans des attentats, en 2021, ce chiffre est monté à 6 000), représentée à la fois par des groupes liés à Al-Qaïda (avec le JNIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, comme principale référence) et à l’État islamique (avec l’État islamique dans le Grand Sahara en tête), ainsi que par d’autres groupes qui ne sont guère plus que des bandes criminelles revêtues d’une légère patine idéologique.
D’autre part, l’impact croissant de la pression migratoire est tout aussi alarmant, surtout maintenant que le gouvernement nigérien a décidé le 27 novembre dernier d’annuler la loi de 2015 contre le trafic de personnes, laissant présager une diminution de la surveillance contre les réseaux criminels dédiés à cette activité condamnable.
En conséquence, l’UE, qui ne semble toujours pas avoir pris conscience de la nécessité de reformuler en profondeur son approche traditionnelle, trop marquée par son parti pris hiérarchique et son souci de sécurité à tout prix – avec des échecs retentissants comme l’opération Barkhane -, son soutien à des dirigeants de plus en plus illégitimes et sa défense acharnée des privilèges hérités de la décolonisation, se retrouve aujourd’hui avec une faible marge de manœuvre à court terme, tandis que la Russie et la Chine prospèrent sans entrave, en profitant des erreurs répétées de l’Occident depuis des décennies pour gagner la confiance de dirigeants dont on peut difficilement attendre qu’ils concentrent leurs efforts sur l’amélioration du bien-être et de la sécurité de leurs populations ou qu’ils s’engagent à lutter ensemble contre la crise climatique, le terrorisme djihadiste et tant d’autres problèmes qui affectent les pays du Sahel, alors que leur priorité est de renforcer leurs positions de pouvoir face à d’éventuels rivaux internes.
Pendant ce temps, dans une tentative d’éviter un effondrement complet, on observe un certain relâchement au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) après son récent sommet à Abuja.
Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a suggéré la nécessité de lever les sanctions contre les juntas militaires putschistes en échange de leur engagement à mettre en œuvre des plans de transition courts et réalistes pouvant conduire à la démocratie et à une bonne gouvernance.