Depuis l’éclatement de ce qu’on appelle « affaire Sonko/Adji Sarr », on assiste à un déchaînement de violence et à l’instauration d’un climat de terreur de la part du régime. Les arrestations se multiplient, parfois dans des conditions choquantes, partout s’élèvent des accusations de tortures et de mauvais traitements des personnes gardées à vue, etc.
Vers un Etat policier ?
Tous ces actes sont indignes d’un pays qui se veut démocratique. Ils sont plutôt l’apanage d’Etats dictatoriaux. Aujourd’hui au Sénégal, on a l’impression qu’être opposant est un crime. On a l’impression qu’on cherche à étouffer toute critique sur la façon dont le pays est géré. On a l’impression qu’on veut instaurer une chape de plomb dans le pays et contraindre tout le monde à exprimer une pensée unique ou se taire.
Pour l’écrasante majorité de l’opinion sénégalaise, les forces de l’ordre et la justice sont au service du pouvoir, surtout du président de la République. L’Etat de droit n’existe pratiquement plus, étant donné que la seule loi est celle du chef. C’est l’alerte donnée par 102 éminents professeurs d’université dans un document solennel publié par les médias. C’est la première fois qu’un aussi grand nombre d’intellectuels signent une déclaration pour alerter sur les dérives du pouvoir. Cela illustre le divorce de plus en plus net entre le régime et les intellectuels.
Mais il faut espérer que le président Macky Sall prêtera attention à la déclaration des 102, au lieu de laisser des mercenaires incultes et sans vertu insulter les éminents professeurs. S’ils font la sourde oreille et continuent dans leur dérive dangereuse, cela pourrait conduire à la tyrannie.
C’est un fait que le Sénégal a connu ces dernières années des reculs considérables sur le plan démocratique. Avant les militants de Pastef, c’est Boubacar Sèye de Horizons sans Frontières (HSF) qui avait été emprisonné pendant plusieurs semaines pour avoir simplement demandé un audit des montants mis à la disposition du Sénégal par l’Union européenne dans la lutte contre l’émigration dite « irrégulière ».
Aujourd’hui, on compte par dizaines le nombre de prisonniers politiques. Et les arrestations continuent, y compris, paraît-il, dans les rangs de la police et de la gendarmerie, pour soupçons de sympathies pour Ousmane Sonko. Le Sénégal fait aujourd’hui parte des pays africains ayant le plus grand nombre de prisonniers politiques. Quel recul ! Et quelle honte ! On peut remplir les prisons mais on ne pourra jamais arrêter la résistance à l’oppression et à la dictature. Et forcément, il arrivera un jour où même les dictatures les plus féroces connaîtront la fin, parfois dans les circonstances et conditions qu’elles sont loin d’imaginer.
Les dictatures finissent souvent mal
Car, l’histoire a montré qu’aucune dictature n’est éternelle. En fait, elles finissent souvent mal, sous nos tropiques. Les exemples en Afrique abondent, notamment dans notre sous-région. Plus proche de nous, Yaya Jammeh a régné pendant 22 ans sans partage. A un moment donné, il s’était même érigé en guérisseur du Sida ! Il s’est alors accolé un prénom supplémentaire de « docteur ». On sait comment il a fini : contraint de quitter son pays pour aller vivre en exil en Guinée équatoriale. Pour combien de temps ?
Un peu plus loin, au Burkina Faso, il y avait l’assassin de Thomas Sankara, le sanguinaire Blaise Compaoré, ami et protecteur de certains groupes terroristes au Sahel. Après 26 ans de règne caractérisé par la terreur et des meurtres à la pelle, il fut chassé par le peuple insurgé et il ne dut son salut qu’à l’exfiltration par la France, dont il était devenu l’un des agents dans la région. Aujourd’hui, il est réfugié en Côte d’Ivoire, sous la protection d’un autre agent de la France, Alassane Ouattara, qui lui a accordé la nationalité ivoirienne pour lui éviter l’extradition.
Comme si ces deux exemples ne suffisaient pas, on peut évoquer le cas du sinistre Mobutu, assassin d’un autre héros africain, Patrice Lumumba. Pendant 32 ans, il a cru que son régime et lui-même étaient « éternels » ! Hélas, il finit par se rendre à l’évidence qu’après tout, il était un simple mortel. Il mourut en exil au Maroc, abandonné de tout le monde.
Il est donc nécessaire de méditer ces exemples et d’éviter de faire tomber le Sénégal dans la tyrannie, une expérience qui n’honorera pas son auteur ni ceux qui l’auront poussé dans cette voie. Espérons que le président Macky Sall évitera de tomber dans ce piège. Pour cela, il doit arrêter l’escalade et mettre fin au complot ourdi contre Ousmane Sonko et son parti
Oui, c’est bien un complot !
C’est facile de comprendre que la tournure prise par l’affaire Sonko/Adji Sarr procède d’un complot. On peut donner le bénéfice du doute au président Macky Sall qui dit n’être en rien mêlé à cette affaire. Mais c’est sûr que des membres de son régime sont derrière cette machination sordide contre l’honorable député Ousmane Sonko. L’ampleur donnée à une affaire de mœurs entre deux citoyens, la célérité avec laquelle on a levé son immunité parlementaire, la répression féroce contre les membres de son parti et ses sympathisants, les noms cités dans la presse ayant manipulé Adji Sarr, tout cela donne les ingrédients d’un grand complot ourdi contre Ousmane Sonko. D’ailleurs, l’écrasante majorité de l’opinion publique le comprend ainsi, malgré les dénégations du pouvoir, des membres de l’armée mexicaine et de leurs mercenaires de tout acabit. La célérité avec laquelle les députés de l’armée mexicaine et leurs mercenaires ont expédié le processus de levée de l’immunité en violation du règlement de l’Assemblée nationale, selon les députés de l’opposition, en dit long sur le but visé par cette accusation de « viol » : un coup monté par le pouvoir pour neutraliser, voire liquider, le seul opposant encore debout et capable de mobiliser des foules.
Je ne crois pas du tout à l’histoire du « viol » contre Adji Sarr. Son histoire est cousue de fil blanc. Les incohérences et zones d’ombre relevées par les médias ainsi que les personnes supposées être derrière cette machination ôtent à la plainte toute crédibilité.
Solidarité avec Sonko et Pastef
Pour essayer de corser un dossier quasi-vide, le régime a pris prétexte des manifestations devant le domicile de Ousmane Sonko pour se livrer à une répression aveugle et sans précédent contre les militants de Pastef et toutes les forces susceptibles de se solidariser avec eux. C’est le cas notamment de Guy Marius Sagna dont les avocats parlent de kidnapping !
En fait, cette répression sauvage et sans discernement va au-delà de Pastef et de quelques militants chevronnés. C’est un message d’intimidation lancé à tout le peuple sénégalais et surtout à toutes les forces qui refusent de courber l’échine et d’accepter les dérives dictatoriales du régime. C’est pourquoi nous devons être solidaires de l’honorable député Ousmane Sonko et de son parti dans cette épreuve. En les défendant, nous défendons les libertés démocratiques si chèrement acquises au prix d’énormes sacrifices. Il faut s’opposer aux velléités despotiques d’un régime qui pense que seule la force constitue le moyen de conserver le pouvoir.
Par Demba Moussa Dembélé
Economiste
Vers un Etat policier ?
Tous ces actes sont indignes d’un pays qui se veut démocratique. Ils sont plutôt l’apanage d’Etats dictatoriaux. Aujourd’hui au Sénégal, on a l’impression qu’être opposant est un crime. On a l’impression qu’on cherche à étouffer toute critique sur la façon dont le pays est géré. On a l’impression qu’on veut instaurer une chape de plomb dans le pays et contraindre tout le monde à exprimer une pensée unique ou se taire.
Pour l’écrasante majorité de l’opinion sénégalaise, les forces de l’ordre et la justice sont au service du pouvoir, surtout du président de la République. L’Etat de droit n’existe pratiquement plus, étant donné que la seule loi est celle du chef. C’est l’alerte donnée par 102 éminents professeurs d’université dans un document solennel publié par les médias. C’est la première fois qu’un aussi grand nombre d’intellectuels signent une déclaration pour alerter sur les dérives du pouvoir. Cela illustre le divorce de plus en plus net entre le régime et les intellectuels.
Mais il faut espérer que le président Macky Sall prêtera attention à la déclaration des 102, au lieu de laisser des mercenaires incultes et sans vertu insulter les éminents professeurs. S’ils font la sourde oreille et continuent dans leur dérive dangereuse, cela pourrait conduire à la tyrannie.
C’est un fait que le Sénégal a connu ces dernières années des reculs considérables sur le plan démocratique. Avant les militants de Pastef, c’est Boubacar Sèye de Horizons sans Frontières (HSF) qui avait été emprisonné pendant plusieurs semaines pour avoir simplement demandé un audit des montants mis à la disposition du Sénégal par l’Union européenne dans la lutte contre l’émigration dite « irrégulière ».
Aujourd’hui, on compte par dizaines le nombre de prisonniers politiques. Et les arrestations continuent, y compris, paraît-il, dans les rangs de la police et de la gendarmerie, pour soupçons de sympathies pour Ousmane Sonko. Le Sénégal fait aujourd’hui parte des pays africains ayant le plus grand nombre de prisonniers politiques. Quel recul ! Et quelle honte ! On peut remplir les prisons mais on ne pourra jamais arrêter la résistance à l’oppression et à la dictature. Et forcément, il arrivera un jour où même les dictatures les plus féroces connaîtront la fin, parfois dans les circonstances et conditions qu’elles sont loin d’imaginer.
Les dictatures finissent souvent mal
Car, l’histoire a montré qu’aucune dictature n’est éternelle. En fait, elles finissent souvent mal, sous nos tropiques. Les exemples en Afrique abondent, notamment dans notre sous-région. Plus proche de nous, Yaya Jammeh a régné pendant 22 ans sans partage. A un moment donné, il s’était même érigé en guérisseur du Sida ! Il s’est alors accolé un prénom supplémentaire de « docteur ». On sait comment il a fini : contraint de quitter son pays pour aller vivre en exil en Guinée équatoriale. Pour combien de temps ?
Un peu plus loin, au Burkina Faso, il y avait l’assassin de Thomas Sankara, le sanguinaire Blaise Compaoré, ami et protecteur de certains groupes terroristes au Sahel. Après 26 ans de règne caractérisé par la terreur et des meurtres à la pelle, il fut chassé par le peuple insurgé et il ne dut son salut qu’à l’exfiltration par la France, dont il était devenu l’un des agents dans la région. Aujourd’hui, il est réfugié en Côte d’Ivoire, sous la protection d’un autre agent de la France, Alassane Ouattara, qui lui a accordé la nationalité ivoirienne pour lui éviter l’extradition.
Comme si ces deux exemples ne suffisaient pas, on peut évoquer le cas du sinistre Mobutu, assassin d’un autre héros africain, Patrice Lumumba. Pendant 32 ans, il a cru que son régime et lui-même étaient « éternels » ! Hélas, il finit par se rendre à l’évidence qu’après tout, il était un simple mortel. Il mourut en exil au Maroc, abandonné de tout le monde.
Il est donc nécessaire de méditer ces exemples et d’éviter de faire tomber le Sénégal dans la tyrannie, une expérience qui n’honorera pas son auteur ni ceux qui l’auront poussé dans cette voie. Espérons que le président Macky Sall évitera de tomber dans ce piège. Pour cela, il doit arrêter l’escalade et mettre fin au complot ourdi contre Ousmane Sonko et son parti
Oui, c’est bien un complot !
C’est facile de comprendre que la tournure prise par l’affaire Sonko/Adji Sarr procède d’un complot. On peut donner le bénéfice du doute au président Macky Sall qui dit n’être en rien mêlé à cette affaire. Mais c’est sûr que des membres de son régime sont derrière cette machination sordide contre l’honorable député Ousmane Sonko. L’ampleur donnée à une affaire de mœurs entre deux citoyens, la célérité avec laquelle on a levé son immunité parlementaire, la répression féroce contre les membres de son parti et ses sympathisants, les noms cités dans la presse ayant manipulé Adji Sarr, tout cela donne les ingrédients d’un grand complot ourdi contre Ousmane Sonko. D’ailleurs, l’écrasante majorité de l’opinion publique le comprend ainsi, malgré les dénégations du pouvoir, des membres de l’armée mexicaine et de leurs mercenaires de tout acabit. La célérité avec laquelle les députés de l’armée mexicaine et leurs mercenaires ont expédié le processus de levée de l’immunité en violation du règlement de l’Assemblée nationale, selon les députés de l’opposition, en dit long sur le but visé par cette accusation de « viol » : un coup monté par le pouvoir pour neutraliser, voire liquider, le seul opposant encore debout et capable de mobiliser des foules.
Je ne crois pas du tout à l’histoire du « viol » contre Adji Sarr. Son histoire est cousue de fil blanc. Les incohérences et zones d’ombre relevées par les médias ainsi que les personnes supposées être derrière cette machination ôtent à la plainte toute crédibilité.
Solidarité avec Sonko et Pastef
Pour essayer de corser un dossier quasi-vide, le régime a pris prétexte des manifestations devant le domicile de Ousmane Sonko pour se livrer à une répression aveugle et sans précédent contre les militants de Pastef et toutes les forces susceptibles de se solidariser avec eux. C’est le cas notamment de Guy Marius Sagna dont les avocats parlent de kidnapping !
En fait, cette répression sauvage et sans discernement va au-delà de Pastef et de quelques militants chevronnés. C’est un message d’intimidation lancé à tout le peuple sénégalais et surtout à toutes les forces qui refusent de courber l’échine et d’accepter les dérives dictatoriales du régime. C’est pourquoi nous devons être solidaires de l’honorable député Ousmane Sonko et de son parti dans cette épreuve. En les défendant, nous défendons les libertés démocratiques si chèrement acquises au prix d’énormes sacrifices. Il faut s’opposer aux velléités despotiques d’un régime qui pense que seule la force constitue le moyen de conserver le pouvoir.
Par Demba Moussa Dembélé
Economiste